@Rolland Verhille
Vous avez raison d’insister sur ce problème de monnaie, le sujet restant souvent flou.
Je partage votre point de vue : l’argent n’est pas parti en fumée. Je vais prendre un exemple simple sans recours au subprime pour étayer ce que je dis.
Un particulier P1 achète un bien immobilier à P2 pour une somme X. P1 emprunte la somme à une banque B à un taux t et P2 reçoit X.
Supposons que P1 soit en cessation de paiement et que, le marché immobilier baissant, le bien ne vaille plus que X/2 pour simplifier. Dans ce cas, B met en vente le bien à X/2 au maximum.
Au final, on a : P1 qui doit toujours de l’argent (X/2 plus les intérêts sur cette somme) et B qui n’est pas rentré dans ses fonds et qui a un problème de liquidité. En revanche, la somme X existe toujours dans l’économie : elle est détenue par P2.
Je ne vois pas en quoi la titrisation des créances changerait la donne concernant la somme globalement présente. La crise de liquidité provient de l’immobilisation des fonds d’une part et du questionnement sur la solvabilité des organismes. L’an dernier, on nous disait qu’en février 2008 l’exposition des banques aux subprimes serait connue. On nous dit aujourd’hui que ces mêmes établissements pourraient annoncer dans les mois à venir d’autres dépréciations. La crise s’est amplifiée aussi en jetant le doute sur toutes les formes de titrisation de créances, celles des entreprises par exemple.
La titrisation a permis d’effectuer ce genre d’opérations à grande échelle, les acheteurs des titres pensant que le risque était suffisamment réparti. Il faut aussi dire qu’il existait une demande d’investissement rentables de la part des fonds en raison de l’excédent de liquidités provenant par exemple de la hausse du pétrole.
Les acheteurs P1 en l’occurrence étaient des gens habituellement mal notés (clientèle subprime par rapport à la clientèle prime) et donc à risque. Les financements proposés étaient ainsi mieux rémunérés pour les investisseurs que des financements sur la clientèle prime. De plus, il y a eu deux types de comportements qui on aggravé la crise : d’une part, le maquillage de la situation réelle de certains emprunteurs risqués et d’autre part des propositions de prêts attrayantes dans les premières années, mais assorties d’une forte hausse des taux ensuite.