Cela m’amuse beaucoup de voir combien des gens qui ne sont pas dans "le système" peuvent interpréter, supposer ce que pourraient penser ou craindre les "profs" ("mettre à jour leur incompétence")... comment des gens de l’extérieur peuvent se sentir habilités à mesurer cette compétence !
Cela m’amuse d’autant plus que j’ai enseigné les lettres modernes pendant trente huit ans, et que lors de mon départ à la retraite, j’ai reçu de mes élèves un "livre d’or" (c’est ainsi qu’ils l’avaient baptisé) dans lequel ils avaient, aux côtés de la traditionnelle photo de la classe, pris soin de joindre des photos d’eux, à divers moments de leur enfance, exprimé leur gratitude dans la manière dont je les avais aidés à "grandir" , exprimé leur gratitude vis à vis de la qualité de l’enseignement que je leur avais distribué...
Cela m’amuse d’autant plus que, durant ma carrière, j’ai toujours entretenu des rapports excellents également avec les familles des enfants qui m’étaient confiés... mais eu des rapports plus délicats avec ma hiérarchie directe. Il est vrai qu’il m’est arrivé, à diverses reprises, de dire à mes chefs d’établissement qui me demandaient d’appliquer une nouvelle directive (dieu sait s’il y en a ! dieu sait comme elles peuvent être contradictoires, voire ineptes !) que je refusais de l’appliquer et que je n’admettais d’ordres que ceux que ma conscience me dictait !
Le problème de l’éducation, c’est davantage le système que les profs dans leur ensemble. Il suffit de regarder l’enfant ou l’adolescent qui est en face de soi comme un être en devenir que l’on doit aider à être... quel qu’il soit, et d’où qu’il vienne. Ce n’est pas simple, mais on arrive très bien à agir, à condition de prendre un minimum de distance avec des instructions "volatiles" (comme les ministres !), et à ne considérer ses interlocuteurs comme TOUS dignes du plus grand intérêt... à condition d’instaurer des règles de respect réciproques.