Les ministres du gouvernement avaient en effet bien reçu leur consigne hier soir : un seul et même message : il s’agit d’un simple rééquilibrage, les français veulent que nous continuions les réformes, plus vites, dans le même sens. J’avais beau zapper d’une chaine à l’autre, pas une seule analyse un peu différenciée, dans la langue de bois bien huilée affutée par les communicants.
Du côté du PS, curieusement, c’est Laurent Fabius que j’ai trouvé le plus convainquant (et pourtant...). Quant on se voile la face, quand un gouvernement ne perçoit pas la réalité du message, qui était bien "des réformes, oui, mais des réformes plus justes", on ne peut qu’aller vers une fracture plus brutale entre le peuple et ses gouvernants.
Toujours côté PS, on a pu assister aux début, ou plutôt à la poursuite des grandes manoeuvres pour la prise de contrôle du parti de la part des ténors. Là aussi, faute de remise en question, la victoire par dépis remportée hier risque bien de n’être qu’éphémère, quand le rouleau comprésseur médiatique se remettra en route en 2012 en faveur des sortants.
Quant au MoDem, il y aurait beaucoup à dire. Passons sur l’épiphénomène Bayrou à Pau : le président voulais sa peau, il l’a eu. Comme lors de l’élection présidentielle, où les sondages de dernières minutes annonçait Le Pen devant Bayrou (!), les instituts nous annonçaient la semaine dernière Bayrou à 5 points de retard sur la candidate PS, histoire de bien décourager les indécis. Moins d’un pourcent de différence à l’arrivée, mais une défaite quand même pour le leader du MoDem. Souhaitons que les pâlois ne le regrettent pas trop dans quelques années, mais c’est une autre histoire.
Plus généralement, on observe que malgré un poids électoral modeste, le MoDem a souvent pesé dans la balance. Quand il y avait accord avec le MoDem, la droite a souvent gagné (Bordeaux, Vannes, le Havre...) ou perdue de justesse (Angers, Toulouse, Périgueux...). Faute d’alliance, les écarts se sont creusés (Strasbourg, Amiens, Saint-Etienne...), à l’exception du Sud-Est où la droite demeure hégémonique. De la même façon, l’alliance avec le MoDem a permis au PS de remporter des victoires nettes (Lille, Montpellier...) ou de gagner des villes difficiles (Asnières...), tandis que la situation était plus délicate sans le MoDem (l’absence d’accord à Paris fait ainsi perdre le Vème, voire le XVème à la gauche). A Marseille, il s’en est aussi fallut de peu. Bien sûr, cette règle a ses exceptions, quand la droite était fortement divisée (Metz, Reims...), ce qui a permis à la gauche de faire le plein.
Le MoDem a donc raté la bataille de la communication, mais s’est néanmoins posé comme acteur incontournable de la vie politique française. Reste qu’il devraé clarifier un peu plus son positionnement s’il veut continuer à jouer un rôle, faute de quoi il se "Vertisera" rapidement.