A propos instructif.
J’ajouterai une précaution qu’il n’est pas inutile de rappeler.
Je la cite car elle pourrait s’appliquer à tout discours :
"
La nécessaire prise de distance à l’égard de son propre discours
Le caractère nécessairement contingent et propriétaire des descriptions du monde inconscientes ou conscientes dont se dotent les espèces au cours de leur évolution devrait
toujours être rappelé à l’occasion de tout discours scientifique ou philosophique se référant au
réalisme instrumental.
Toute description du monde est relative à celui qui la produit et à ceux qui l’adoptent. Nul « locuteur » ne peut échapper à cette règle, y compris l’auteur de ces lignes
quand il les écrit. Tout ce que j’ai écrit dans les articles précédents ou dans cet essai renvoie à
la façon dont je m’insère dans l’évolution et m’efforce de l’influencer à mon profit et au profit de ceux qui jugent bon de m’imiter, c’est-à-dire d’agir et de penser comme moi.
Ceci, dira-t-on, est plus ou moins admis par les scientifiques et plus généralement par
les rationalistes. Même si pour des raisons pratiques, ils ne le rappellent pas à tout moment, les locuteurs se prétendant rationalistes sont en général conscients du fait qu’ils doivent prendre un certain recul par rapport à leur discours.
Ce recul consiste à rappeler les limites du
réalisme instrumental, afin de ne pas le confondre avec des descriptions prétendument objectives d’un supposé réel en soi.
Une telle contrainte, nous le verrons ultérieurement, ne découle pas d’une exigence philosophique particulière. Elle est entrée dans la culture de
certains groupes qui ont su prendre des distances par rapport aux affirmations de leurs
membres, plutôt qu’en prenant ces affirmations au pied de la lettre.
Il s’agit d’un produit de
l’évolution, peut-être inscrit dans certaines structures cérébrales, qui a permis aux groupes qui
en bénéficient de mieux s’adapter que les autres. Plus généralement, nous sommes les
descendants de groupes qui ont compris qu’aussi complexes, compréhensives, détaillées que
soient les descriptions du monde que nous prétendons pouvoir affirmer suite à notre activité
scientifique, elles ne sont jamais que la façon dont ceux qui se réfèrent à la connaissance
scientifique et qui utilisent les technologies en découlant s’inscrivent dans un monde qui les
dépasse de toutes parts et qu’ils ne pourront jamais connaître de façon exhaustive.
En fait, l’expérience quotidienne montre que, face à ses propres affirmations, cette
prudence du langage est très peu répandue. Les acteurs de la vie politique l’oublient souvent,
sans doute pour impressionner leur entourage par l’étendue de leurs certitudes et la force de
leur détermination. Mais quand les événements leur donnent tort, ce qui arrivent le plus
souvent, ils perdent - au moins momentanément - de leur crédibilité."
extrait de Comprendre - Nouvelles sciences, nouveaux citoyens ( http://www.admiroutes.asso.fr/baquiast.htm )
Lecture qui peut être utile..