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Commentaire de Laïd DOUANE

sur De la vision coloniale de l'école de la République


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Laïd DOUANE Laïd DOUANE 24 septembre 2006 09:44

Monsieur Francis Beau, Votre article a le mérite de nous rappeler la honte française. Je me demande comment ose-t-on parler de rôle positif de la présence coloniale en Afrique du nord ? En guise de commentaire, permettez moi de poster quatre articles que j’ai écrit il y a quelques mois mais que l’éditorial a rejetés. Le premier parle du génocide algérien. Les autres parlent du colonialisme. Les voici et bonne lecture : PREMIER ARTICLE : Cet article a été rédigé à la suite d’une série de commentaires au sujet de mon intervention intitulée : « L’Algérie n’est pas dupe ». Il explique un peu, la tâche difficile qui attend les politique en Algérie et en France dans le domaine des relations internationales Décidément, même à l’ère de la démocratie et de la liberté d’expression, on est sommé d’éviter tout ce qui ne plairait pas à Ihud Baraq. Je croyais bêtement à la démocratie en France avant d’y mettre les pieds pour y vivre. Je ne savais pas qu’il me fallait, au préalable, avant d’aborder n’importe quel sujet, connaître la liste des tabous en relation avec les fonts de commerce privilégiés de notre colonisateur. Ainsi, il est interdit de parler du sionisme, de la laïcité, des Juifs ou des Harkis sous peine d’être taxé d’antisémite et d’apologie de, je ne sais pas quoi dire ! Ce sont-là des domaines réservés. En France, on peut parler de tout et dire ce qu’on a envie de dire de n’importe quoi et de n’importe qui, y compris de « ta mère », si elle n’est pas juive. Et quoique l’Islam soit reconnu officiellement, il est interdit aux Musulmans de répéter les versets coraniques qui évoquent le mal juif. Quand le Coran, par exemple, parle des crimes que les Juifs commettent et critique ouvertement cette « race noble », les politiques de France ne disent rien par crainte de perdre des pétrodollars. Par contre, quand l’Imam de Vénissieux en fait un rapporteur, la police et la justice feignent ignorer la source de ses propos. L’Imam de Vénissieux est alors expulsé de France pour avoir répété ce que le Coran explicite, et qui est écrit noir sur blanc ! Ne serait-il pas plus équitable de mettre à la porte tous les Musulmans vivant en France ? J’ai écrit un article où j’ai expliqué les raisons qui ont retardé la signature du traité d’amitié, tant attendu, en Algérie et en France. J’y ai évoqué, entre autres, les Juifs d’Algérie de l’ére coloniale et les Harkis, tout en soutenant l’idée de leur exclusion des discussions concernant ce traité. C’est alors qu’une avalanche d’insultes et de menaces s’est abattue sur moi. Il y en a même qui m’ont menacé de m’ester en justice. Et pour cause, j’ai dit d’eux ce qui se dit en Algérie et que j’ai appris à l’école : Les Juifs d’Algérie, en acceptant la naturalisation se sont exclus eux-mêmes. Pour les nationalistes, ce fut un bon débarras. Quant au Harkis, d’après ce qu’on nous a appris à l’école, ils sont des traîtres qui ont causé la mort des millions d’Algériens. Leurs descendants en millions vivent toujours dans la douleur. Je ne vois pas comment va-t-on réunir entre ces traîtres et les veuves et enfants de leurs victimes ? Cette question a soulevé l’indignation injustifiée des internautes. Une certaine Malika C m’a écrit pour me dire que nous devons avoir« tendance à penser qu’il nous faut un peu pacifier toute cette histoire une bonne fois ». Ce que je considère comme une bonne réflexion !

Je ne suis pas contre la pacification. Au contraire, je soutiens toute tendance vers l’apaisement pour fonder une vraie amitié entre nos deux peuples. Mais, que cela ne soit pas à sens unique. La France ayant quitté l’Algérie par la petite porte, continue à nier les droits les plus élémentaires du peuple algérien, y compris celui de connaître son histoire. A rappeler que les autorités françaises pendant l’évacuation, ont chopé des tonnes d’archives gardées au secret. Il y a eu même une loi qui a été votée à cet effet, interdisant de les ouvrir avant la fin du siècle. En faisant voter la fameuse loi de la honte du 23 février 2005, la France a prouvé, une fois de plus, qu’elle ne compte pas se soumettre à la règle du respect mutuel. A rappeler que cette loi qui n’a rien de diplomatique stipulait le « rôle positif de la présence française en Afrique du Nord » alors que des boucheries humaines avaient été planifiées et perpétrées par les colons. N’est-ce pas un génocide quand on rase des villages complets après avoir tué leurs occupants sans aucune distinction ?

Disons que les colons ont tué systématiquement des Algériens durant 132 ans et cela suffit pour qualifier leurs actes de génocide. Il n’y a pas de doute, la France a tué des Algériens à cause de leur appartenance ethnique, et chez eux. Il suffit de retourner à l’histoire et feuilleter ses pages concernant le code de l’indigénat et tout ce qui est en rapport pour comprendre les vrais mobiles de ces tueries systématiques. Alors, génocide ou pas, la France doit des excuses au peuple algérien avec ou sans traité d’amitié !

On m’interroge maladroitement : « Que faites vous alors de l’invasion des Arabes sur le territoire maghrébin ? Ne fut-ce pas non plus un génocide ? » D’abord, je refuse l’amalgame. On oublie que ces « Arabes » envahisseurs soient-ils, ne se sont pas invités au Maghreb comme se fut le cas de la France, dans le but d’accaparer nos richesses et nous esclavager. Par ailleurs, ces « Arabes » ne nous ont pas commandé par la force, en nous traitant de demi hommes, comme l’a fait ta France. Quoiqu’on dise, notre terre a été conquise par les « Arabes » suite aux sollicitations des autochtones et « grâce » à leur complicité. Ce sont nos ancêtres qui, ensuite, ont levé le flambeau pour continuer la marche vers l’Ouest. Tarek Ibn Ziad, nord-africain de surcroît, à la tête de huit milles guerriers, tous berbères de souches (c’est énorme), accepta de prendre le relais. S’il y avait invasion « arabe », les troupes de Tarek auraient pris la direction de l’Est pour combattre ces « envahisseurs » au lieu se diriger vers l’Ouest et envahir l’Ibérie ! Par ailleurs, ces envahisseurs n’ont jamais commis des massacres, ni assujetti nos populations comme l’a fait la France qui traitaient les autochtones de sous-hommes ! En outre, ce sont bien nos ancêtres qui commandaient leurs peuples, même si cela était parfois d’une manière hypocrite comme c’est toujours le cas des politiciens ! Maintenant, si d’autres l’ont fait par traîtrise, c’est à nous ascendants d’assumer notre histoire.

Quant à ce que vous dites de Bouteflika qui, selon vous, « nous parle de repentance alors qu’il libère de son côté, je ne sais combien d’assassins », je m’adresse à ma commentatrice, il ne m’appartient pas de faire un commentaire là-dessus, c’est hors sujet et c’est vague. Et tout ce blabla au sujet de sa maladie et les soins que l’hôpital français lui a accordé, tout est à l’honneur de ce pays où exerce plus de vingt cinq milles médecins Algériens. Cependant, nos responsables pourraient décider de ne plus jamais solliciter les services de ce pays que nous ne haïssons pas.

Par ailleurs, la France n’est pas notre ennemie. Au contraire, il y a tellement de choses communes entre nos deux pays, que nous daignons oublier nos différents. Ce que le Président algérien exige pour finaliser ce traité, n’a rien d’extraordinaire. Il revendique les droits de son peuple et demande que nos relations soient fondées dans la clarté, loin de l’esprit de paternité auquel la France s’accroche. Nous ne pouvons êtres amis sans reconnaissance du mal que l’on nous a fait. D’autant plus que la France contemporaine reconnaît explicitement que le colonialisme a fait des ravages et a causé des crimes contre l’humanité.

Laïd DOUANE


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