• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de sisyphe

sur Le temps des thuriféraires


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

sisyphe sisyphe 19 mars 2008 16:50

Ah bon ??

Qui y avait-il "dans la rue" en 68 ??

Quelques milliers d’étudiants... Et "la plupart des leaders de la presse" y étaient ??

Nemo serait vraiment avisé de nous en donner les noms, alors !

Parce que les seuls "leaders" étudiants de l’époque, qui étaient "dans les rues" sont bien connus, et je n’en vois aucun devenu leader de presse : Laguillier, Krivine, Sauvageot, Geismar, Cohn Bendit : tous leaders de presse ???

Il y en a marre de cette éternelle antienne confusionniste qui assimile le mouvement de mai 68 aux dirigeants actuels, et, pourquoi pas, (certains n’hésitent pas) à la responsabilité de la mondialisation, de l’ultra-libéralisme  : marre !

En Mai 68, la jeunesse a revendiqué pour une progression sociétale, pour la remise en cause d’un vieux système qui n’était plus adapté à l’époque, sur le plan des moeurs. Et les acquis en sont : la représentation syndicale dans les entreprises, la pilule, le droit à l’avortement, les droits des femmes en général, les radios libres, la fin de la peine de mort, la fin des mandarinats (quoique....), la fin de la toute-puissance des interdits hérités de l’église sur le divorce, l’homosexualité, l’union libre : tous acquis qui profitent aujourd’hui à chacun, quand ils ne sont pas remis en cause par le retour de la réaction, qui ne les a jamais digérés, et qui voudrait revenir au pétainisme : travail, famille, patrie, retour de l’ordre moral, de l’autorité, suppression des acquis sociaux : un splendide retour en arrière.

Mai 68, c’était, aussi, la revendication d’une société solidaire, non consommatrice, lucide, fraternelle, chaleureuse ; exactement le contraire de ce qu’il en est advenu, sous la pression des forces contre lesquelles, justement la jeunesse, lucide, s’élevait déjà, et qui ont, malheureusement, vite repris le dessus : les forces des multinationales, des compagnies pétrolières, de l’ultra-libéralisme, du monde de la finance, du fric-dieu, de la loi de la jungle et du chacun-pour-soi, encouragées, imposées au forceps par les tenants du sacro-saint "marché", et de l’économie triomphante.

La différence essentielle entre Mai 68 et aujourd’hui ; on l’a déjà dit, c’est que l’économie et le finance ont totalement imposé leur loi (ou plutôt, justement, leur absence de loi) au politique et aux sociétés : ce justement contre quoi la jeunesse de 68 mettait en garde, et qui n’a pas manqué d’arriver, tant les forces de la réaction ont tout fait pour écraser, lénifier, anesthésier, toute vélléité de résistance.

Ce sont les générations d’après 68, totalement dociles, et moutonnesques, qui, au lieu d’entendre les avertissements lancés, ont préféré se laisser endormir, et tenter par les réussites individuelles, au mépris de toute solidarité : ce sont elles qui se sont laissées manipuler par l’appât de quelques miettes du gateau, ce sont elles qui ont laissé, progressivement, les forces économiques, les bourses, la finance, dicter leur volonté, imposer le chomage, la pauvreté, la misère, aggraver les inégalités, virer du libéralisme vers l’ultra-libéralisme ; elles qui ont, par entente tacite, par endormissement sous l’hyper-consommation, laissé le rouleau compresseur des bulles spéculatives imposer la situation où le monde en est : avec la moitié de l’humanité dans la misère absolue, vivant avec moins de 2 dollars par jour, la planète polluée, les conflits pour l’eau, et la survie.

Alors, oui ; marre d’entendre ces générations de pleutres, d’égoïstes, d’aveuglés, venir pleurer sur une situation qu’ils ont entérinés par leur appat du gain ou leur silence coupable, et baver sur ceux qui, au contraire, se rebellaient contre un ordre imposé, revendiquaient une solidarité, et ont permis les rares avancées culturelles, sociétales, politiques, aujourd’hui remises en cause par ceux-là mêmes qui, déjà à l’époque, s’élevaient contre, à qui elles sont restées en travers de la gorge, qui ont tout fait pour les empêcher, et qui trouvent, aujourd’hui, comme alliés, tous les nouveaux imbéciles qui sont les victimes d’une situation qu’ils ont eux-mêmes provoquée, et qui continuent à faire le jeu de ceux qui les exploitent en s’en prenant aux 68ards ou aux un peu moins laches...

Tant que les grugés se battent entre eux, tirant tout le monde vers le bas (protestant contre les régimes spéciaux, les scandaleux "avantages" des honteux "privilégiés" de fonctionnaires), ceux qui tiennent la finance, dans leurs paradis offshore, peuvent en ricaner en tirant sur leur cigare : pour eux, la richesse (produite par les travailleurs) augmente, sans qu’ils aient à lever le petit doigt : la spéculation se porte bien ; merci !!

Alors, quand vous aurez fini, avec vos oeillères, de vous laisser berner et tromper de cibles, vous entendrez peut-être les cris de saine rébellion qui montaient de la rue en 68 : "Ouvrez les yeux, fermez la télé !"


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès