C’est simple, mais peut-être pas expliqué depuis le début. Reprenons. Vous voulez parier 10 euros à pile ou face. Vous n’en avez qu’un seul. Vous en empruntez neuf. Vous perdez. Vous devez donc 10 euros au vainqueur, mais vous n’en avez toujours qu’un a vous. Résultat : après vous être mis en petite culotte, vous devez encore 9 euro à quelqu’un (votre créancier qui vous a prêté les 9 euros). C’est cela, l’effet de levier.
En bourse : vous achetez pour 32 millions de dettes ou titres de créance, bref, un truc qui pue. Mais vous n’avez que 1 million. Vous en empruntez donc 31, en espérant revendre vos 32 millions de trucs qui puent à un autre pigeon, pour plus que cela (ce sera votre plus-value). Manque de bol, l’actif financier que vous avez pris se casse la gueule à la séance du matin. Vous ne pouvez plus le vendre, ou si peu, mais vous devez toujours 31 million à quelqu’un.
Il y a quelque temps existaient des "règles prudentielles" qui limitaient l’effet de levier, en particulier dans le taux multiplicateur de crédit (soit : combien une banque peut "prêter" de monnaie pour 1 unité placée en réserve auprès de la banque centrale). Mais comme la bulle du crédit à la consommation gonflait, ces limites ont été repoussées, puis abolies, avec comme conséquence des crédits revolving à n’en plus finir, des crédits hypothécaires portés par un marché immobilier en hausse, etc. Ce qui fait que les banques ont produit des milliards de dettes sur des individus qui n’ont pas les moyens de rembourser, et qui ré-emprunte pour payer le premier crédit ! Ensuite, elles ont revendu ces dettes à d’autre acteurs financiers (titrisation, produits dérivés), au point que plus personne aujourd’hui ne sait qui doit quoi à qui. D’où la peur lancinante qui plane aujourd’hui sur la bourse, et les yo-yo observés, de la panique à l’euphorie en quelques heures, à chaque annonce de résultat, à chaque rumeur de perte, car ce qui est sûr, c’est que les débiteurs en première instance (les emprunteurs qui ont contracté le crédit initial), eux, ne peuvent plus payer. Quelques-uns se sont donc mis en petite culotte avec de très fort leviers, mais qui ?