@ SNOOPY
Bugeaud était effectivement populaire... parmi ses troupes.
Mais au fait, qu’en est-il de la perception des "bienfaits" chez les principaux intéressés, à savoir les colonisés ?
Si l’on pense à l’Algérie, la mémoire est encore douloureuse, par le fait aussi que ce conflit fut particulièrement "passionnel" par le fait que ce pays était colonie de peuplement et qu’y règnat, au sein pourtant de départements français, un régime d’apartheid séparant la population entre d’une part "Français" (métropolitains, juifs locaux, bénéficiaires du "décret Crémieux, Espagnols et Italiens dont les enfants reçurent, dès la fin du XIX° siècle, la nationalité française dès la naissance) et "Musulmans", relevant du "Code de l’Indigénat", ce qui contribua à créer un fossé qui s’agrandit encore avec la naissance du nationalisme algérien et qu’ensuite les partisans de "l’intégration" (dont fit partie un jeune Jean Marie Le Pen) arrivèrent trop tard pour combler la brêche.
L’Algérie reste encore "un passé qui ne passe pas" et dont il ne pourra être traité serienement que dans une génération..
Parlons plutôt de l’ex-Indochine..
Curieusement, malgré une lutte de décolonisation qui fut particulièrement rude, malgré la répression féroce d’un nationalisme local précoce (n’oublions pas le bagne de Poulo Condor, sans équivalent en Algérie), le souvenir de la présence française y est plus positivement perçu.
La France reste là-bas le pays de l’Emancipation et de la "Commune de Paris". Il est vrai que l’éloignement de la métropole a joué en ce sens.
La quasi-totalité des leaders vietminhs firent un séjour à Paris, y travaillèrent et en rapportèrent souvent l’idée sympathique et quelque peu naïve à leur retour que les "Français de France" n’étaient pas le même que ceux qui résidaient dans la colonie.
Il est vrai que ce racisme qui sévissait chez les fonctionnaires coloniaux des années vingt et trente, ils ne le ressentirent pas dans la "ville-lumière".
Certains professaient un certain culte de la Culture Française, comme le futur Maréchal Giap pour Napoléon, que regretta sans doute cuisamment le futur CEFEO..
Le photographe Raymond Depardon raconte, dans un ouvrage relatant son retour au Vietnam, sa rencontre, au coeur du pays, avec une statue du scientifique pasteurien Alexandre Yersin, portant en dédicace :
"LE PEUPLE VIETNAMIEN RECONNAISSANT".
Image d’Epinal, là aussi ? Peut-être.. Mais il est encore des historiens pour penser qu’un accord était possible entre Ho Chi Minh et Leclerc avant la disparition de ce dernier, en raison d’une estime véritable entre les deux hommes..
gAZi bORAt