• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de SciFi

sur Cascades d'informations et formation de bulles


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

SciFi SciFi 21 mars 2008 18:21

Autre chose.

La "théorie" de Bikhchandani, Hirschleifer et Welch, pour résumer, montre en fait que les décisions sont prises sur la base d’une information incomplète, d’une part et que le comportement moutonnier fait le reste d’autre part.

La deuxième partie de cette théorie se résume à un adage boursier selon lequel "il vaut mieux avoir tort avec le marché que raison tout seul". Chanson connue : "Follow the trend".

Quant à la première partie, elle signifie que la décision prise a de bonnes chances d’être fausse (soi-disant 37%). En réalité, les décisions prises sont "bonnes" (génératrices de bénéfices) tant que l’horizon est dégagé. Mais les problèmes surviennent dès que le temps se couvre.

Les trois auteurs parlent également de 60% de gens rationnels. J’aimerais bien voir leur rationnalité quand ces mêmes acteurs en voient d’autres gagner des montagnes de fric avec des montages tordus. L’appât du gain leur fait perdre toute rationnalité.

Cette "théorie" a peut-être une réalité dans des salles de marché, c’est-à-dire pour des gens qui ont la tête dans le guidon. Je ne peux pas l’accepter comme excuse pour des gens comme Greenspan qui sont censés avoir un certain recul, ou du moins qui sont payés pour cela. De plus, une théorie qui a pour seul objectif la justification d’un échec n’a pas vraiment d’utilité pour éviter que la situation ne se reproduise.

On pourrait prendre un autre adage : "un placement à long terme, c’est un placement à court terme qui a mal tourné". Adage de spéculateur pur pour lequel "investissement" rime avec prime de trading. On dirait que la situation actuelle montre comment on a ramené des placements destinés à être faits sur du long terme à du cour terme.

Je pense que le fond du problème est plus simple. Lorsque l’on examine rétrospectivement les bulles spéculatives, on se rend compte que l’on a abandonné l’observation des règles de base (et de bon sens pour la plupart) et accru la prise de risque ("les arbres ne monte pas jusqu’au ciel").

On peut faire le parallèle avec des projets informatiques qui n’ont pas abouti. Un projet qui coule, ce n’est pas un problème de malchance. Les deux causes majeures, ce sont un manque de respect des règles fondamentales du métier (toujours du bon sens) ou un problème de direction de projet.

Dans les deux cas, le chef de projet est responsable : soit parce qu’il n’a pas correctement étudié le problème ou pris les garanties suffisantes, soit parce qu’il n’est pas à la bonne place. Pour éviter de se rendre compte du problème en fin de projet, on met en place des instances de contrôle et des points réguliers, et on surveille les indicateurs pertinents pour l’activité.

Des valorisations qui s’envolent dans un temps record qui n’a plus rien à voir avec la création de valeur, des encours de crédits à risque qui augmentent dans des proportions déraisonnables sont des indicateurs. Une offre immobilière qui s’étoffe rapidement, avec un prix qui augmente dans de telles proportions que les durées de crédits doivent s’allonger dans des proportions trop importantes en sont un autre (les salaires ne suivent pas). J’en oublie certainement. Les responsables en général, et Greenspan en particulier, ne peuvent pas s’abriter derrière un concept d’information incomplète. Cela est bien trop facile.

En conclusion, point de salut sans régulation indépendante. Les acteurs ne font pas le film sans le réalisateur. Et le producteur limitera les ambitions du réalisateur.

 


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès