Mon post étant trop long il paraîtra en deux ou trois morceaux !
- Combien d’entre vous étaient en âge de connaître cette affaire il y a 25 ans ?
- Lisez la presse de l’époque et regardez si Beau est tout blanc !
- Ca vous donnera aussi une idée de la mentalité pourrie de villach parce que le monde a même pris parti a l’epoque pour beau !
- L’HUMANITE
- LE PROCES D’UN COUP TORDU
- Le commandant Prouteau est dans le box mais il y manque le capitaine Barril. Montée de toutes pièces l’arrestation bidon de 1982 des Irlandais de Vincennes
L’affaire des « Irlandais de Vincennes » est bien mal nommée : « Le coup tordu des super-gendarmes », « Les mercenaires du château », « Tonton chez les terroristes »… autant d’intitulés dignes de John Le Carré.
L’origine du sac de noeuds, dont une partie va trouver une sorte d’épilogue devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris à partir d’aujourd’hui, date d’août 1982. La France est alors ensanglantée par une vague d’attentats terroristes : le massacre de la rue des Rosiers s’est produit le 9août et l’enquête n’avance pas malgré l’annonce présidentielle de la création d’une cellule antiterroriste confiée au patron du GIGN, le commandant Christian Prouteau.
Et puis, le samedi 28 août, l’Elysée publie un communiqué de victoire : deux terroristes viennent d’être arrêtés, des armes et des explosifs saisis. La France et le pouvoir respirent. L’effet d’annonce joue à plein mais l’information est bidon. La prise se résume à trois sympathisants de l’Armée irlandaise de libération nationale (INLA), Michael Plunkett, Stephen King et Mary Reid qui ont été arrêtés à Vincennes par le capitaine Paul Barril. On apprendra plus tard que l’arrestation était illégale et que les armes trouvées sur place y avaient été déposées par Barril, le bras droit de Prouteau. Tout dévoués à leurs nouveaux maîtres socialistes, qui les préfèrent à des policiers considérés comme acquis à la droite, les deux super-gendarmes ont agi comme ils en avaient l’habitude dans les républiques bananières, théâtre habituel de leurs opérations. Barril, par exemple, est l’auteur du nettoyage de La Mecque, investie par des intégristes en 1979. Un nettoyage musclé et sanglant.
Homme de terrain, Barril a donc monté un coup, avec l’accord de son chef Prouteau, les deux hommes étant sûrs d’être couverts par « le Château ». Ce coup, c’est un homme obscur qui le leur offrira, Bernard Jegat. Compagnon de route des Irlandais, au point d’accepter de cacher des armes chez lui, Jegat aura cru reconnaître Plunkett parmi les portraits-robots diffusés après l’attentat de la rue des Rosiers. Troublé, il aurait cherché à rencontrer Prouteau, mais c’est finalement à Barril qu’il offrira les Irlandais de Vincennes et les armes planquées chez lui. Des armes qui se retrouveront bientôt dans l’appartement de Plunkett car, « si on ne trouve rien à Vincennes, il faudra bien y mettre quelque chose », dixit Barril, cité par Jegat.
Et comme on n’a rien trouvé à Vincennes, Barril y déposera les armes données par Jegat. Quand la chose commencera à se savoir, Barril expliquera à ses hommes qu’il y va de « la raison d’Etat » et à Jegat qu’il vaut mieux vivre avec des états d’âmes que ne pas vivre du tout. Confié dans un premier temps au parquet de Créteil, le dossier judiciaire aboutira à Paris au cabinet du juge d’instruction Alain Verleene. Lequel finira bientôt par apprendre que les gendarmes qu’il a entendus ont menti sur ordre : le commandant de gendarmerie Jean-Michel Beau, notamment, qui se trouvait à Vincennes avec Barril. Beau, c’est la cheville ouvrière du coup tordu. Celui à qui Barril et Prouteau ont demandé de régulariser la descente de Vincennes ; celui aussi à qui on demandera de se sacrifier lorsque l’affaire tournera en eau de boudin
- Beau marchera un moment. Mais il aura de plus en plus de mal à accepter son rôle de fusible et finira par mouiller Prouteau et Barril. Il est vrai que entre-temps, le juge Verleene aura remis les « Irlandais » en liberté le 20 mai 1983. Et en 1985, Jegat ira tout expliquer de A à Z à la DST.
Au fil des mois, et malgré d’énormes pressions pour enterrer le dossier, le pouvoir sentira le vent du boulet. Les super-gendarmes n’ont plus la cote. Ils sont dessaisis. Hernu se voit obligé de lancer une enquête interne confiée au général Boyé, enquête dont les résultats les plus intéressants seront classés « Secret défense ». Mais pas question de toucher à Prouteau. Ce serait mettre en cause ceux qui l’ont nommé. Voilà donc Prouteau nommé préfet hors cadre, défendu par Me Kiejman, voire par le président lui-même, qui lui rend de vibrants hommages télévisés. La période de la cohabitation aidant, Prouteau sera tout de même inculpé par le juge Verleene, mais seulement de « complicité de surbornation de témoins ».
Beau, lui, est cassé. Il aura le temps d’écrire sa version dans un livre, « l’Honneur d’un gendarme ». Il reste officiellement le principal inculpé pour « subornation de témoin » en compagnie du brigadier José Windels.
Jégat sera lui aussi inculpé, mais de détention d’armes et de munitions. Reste Barril que Prouteau et l’Elysée n’ont cessé d’épauler en lui communiquant par exemple tous les procès-verbaux d’audition du juge d’instruction. Barril ne sera jamais inquiété malgré les déclarations de Beau et Jégat. Pourquoi ? Parce qu’il aurait été en mesure de faire chanter plusieurs ministres, voire le président lui même. Aujourd’hui à la tête d’une société ayant pignon sur rue dans le 16e arrondissement, Barril est en train de prendre la place d’un Bob Denard vieillissant, au centre de coups tordus en Afrique. Il aurait par exemple fourni des mercenaires à Denis Sassou Nguesso, le président du Congo.
Il faudra enfin que le juge Verleene crée un précédent de procédure pour que l’affaire aboutisse au procès d’aujourd’hui : le parquet, a qui le dossier avait été normalement transmis, l’avait probablement oublié au fond d’un tiroir.
Et, du coup, voici aujourd’hui la première affaire d’Etat du premier septennat devant un tribunal correctionnel avec sur les bancs de la partie civile… les « Irlandais de Vincennes ». Depuis le pouvoir a appris à mieux enterrer ses dossiers.
Christian Ferrand