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Commentaire de Henri Masson

sur Femmes sans frontières


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Henri Masson 24 mars 2008 07:05

Finalement, comme il faut parfois savoir tirer parti de la connerie humaine comme le jardinier sait tirer parti du fumier, je pense que cette crevure — qui en a tout l’aspect — fournit là une occasion à saisir pour rappeler où a mené la politique du gouvernement français dans les années qui ont suivi la Première Guerre mondiale.

D’abord, le vote des femmes en France fut bloqué par un veto du Sénat en mai 1919. Il fallut attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour qu’il leur soit permis de voter, pour la première fois aux municipales du 20 avril 1945.

Ensuite, le gouvernement français fit occuper la Ruhr à partir du 11 janvier 1923, fournissant ainsi un tremplin à Hitler, et il s’opposa, de 1921 à 1924, à ce que la question de l’espéranto soit traitée à la Société des Nations alors que la délégation britannique s’était montrée favorable. C’est en effet un noble britannique, Lord Edgar Robert Cecil (1864-1958), donc un anglophone, futur prix Nobel de la Paix (1937), qui, en 1922, avait exhorté la Commission de Coopération intellectuelle de la SDN à “se souvenir qu’une langue mondiale n’était pas nécessaire seulement pour les intellectuels mais avant tout pour les peuples eux-mêmes“.

Le rapport de force qui s’est établi à l’encontre des femmes était fondé au départ sur la force physique de l’homme, donc sur la loi du plus fort prioritaire sur celle de l’esprit, de l’intuition et du coeur. La politique est toujours dominée par l’homme, même dans ce que l’on nomme les démocraties, y compris sur le terrain linguistique. Bon nombre de femmes ont ressenti que la première injustice consiste à être contrainte de s’exprimer dans la langue du plus fort, dans la langue où lui seul est sûr de soi-même.

À propos du programme européen Comenius, il est généralement omis de signaler que Comenius (nom latin de l’humaniste tchèque Jan Amos Komensky, 1592-1670), père de la pédagogie moderne, qui plaida pour un enseignement non discriminatoire pour les pauvres comme pour les riches, pour les filles comme pour les garçons, consacra aussi beaucoup d’attention à l’idée de langue commune bien plus simple et accessible que le latin et les langues vivantes Il avait pressenti “le temps où l’humanité jouira de l’usage d’une langue auxiliaire universelle incomparablement plus facile que nos langues naturelles“. (Via Lucis, 1641).


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