Bon article, bien senti sur le personnage. un bilan assez complet. Effectivement, il joue le rôle de la victime, du moins, il essaie de le voler à le Pen. Encore et toujours, ça ne peut marcher que grâce aux médias qui répercutent instantanément ses moindres gémissements. A Parté : tant qu’on exigera pas des médias un code de bonne conduite, on pourra toujours niaisement rêver d’élections sans démagogie. je ne perdrai pas mon temps à exiger la pluie par beau temps. Néanmoins, on verra bien dans le dernier mois de campagne, qui rira le dernier quand Le Pen, de Villiers et Bayrou lui tireront dessus à boulets rouges ....si jamais ils ont droit de parole médiatique.
Cela dit, et même s’il a pris beaucoup d’avance, tu l’as noté, on peut se demander qu’est-ce qu’il peut promettre de plus. Il est dans une logique de surenchère de la promesse pour continuer à être en tête dans les sondages. 18 mois de promesses, c’est long. Déjà, Fillon promet des propositions fracassantes chaque semaine.
Enfin, au jour du vote, on verra bien s’il a réussi à convaincre malgré ce que j’appelle une campagne « schizophrénique ». il prône la rupture alors qu’il est au pouvoir depuis cinq ans, il tacle Chirac tout en s’en réclamant, il passe pour plus réaliste que Villepin alors que l’idée du CPE est de lui, il est pro-américain dans un pays très très réticent, il fait le beau sur la délinquance alors que son bilan est nul et non avenu, il sort des énormités comme la « tolérance double-zéro » pour les boîtes qui licencient alors qu’elle gagnent de l’argent (comment le croire, lui, l’enfant illégitime de la finance internationale ?), il fait la morale à tout le monde, il renie la « peoplisation » avant d’y adhérer de nouveau, il se coltine des fausses idoles has-been comme Doc Gynéco, il fait semblant d’être inflexible sur l’immigration tout en en régularisant assez pôur ménager chèvre et chou, il « pète un câble » en lançant les juges sur le gouvernement pour l’affaire clearstream, tout en refusant d’assumer le pouvoir si Villepin démissionne, en refusant de démissionner, en promettant de faire toute la lumière alors qu’il laissera cette affaire tranquillement se terminer par un non-lieu.....bref, ses reniements sont multiples.
Cet homme est le pur produit politique de la cinquième république, un concentré de reniements, dont le modèle politique est incontestablement Chirac. Il a un talent indéniable en plus, de se mettre les médias dans la poche, et d’utiliser la colère et la provocation comme mode d’expression populaire.
En fait, il est la garantie même d’une « rupture » exclusivement d’annonce.
néanmoins, il y a trois défauts majeurs dans sa cuirasse.
Le premier est cet empressement, cette précipitation qui peut le faire apparaîter sympathique incidemment, mais qui l’a fait partir en campagne peut-être beaucoup trop tôt pour tenir jusqu’au bout (c’est le pari de Le Pen) de la campagne, et qui l’obligera à démultiplier les propositions les plus foireuses à mesure que le temps avance. Alors, bien sûr, grâce aux médias, il peut continuer à secouer sa mayonnaise, mais la tiendra-t-il jusqu’en Mars 2007 ?
Le deuxième, est cette schizophrénie dont l’aspect principal est de critiquer le gouvernement (de moins en moins, néanmoins) tout en y étant, de revendiquer la rupture tout en assumant la continuité. Lui sera-t-il possible de se démarquer du bilan du gouvernement dans cette crise politique, alors qu’il continue à multiplier les contradictions ? C’est possible mais rien n’est moins sûr.
Enfin, le dernier, c’est que maintenant, toute la classe politique le déteste. On a beau dire que cela pourrait signifier qu’il représente le peuple contre l’élite politique classique, ça n’a jamais permis à Le Pen d’arriver au pouvoir, d’être haï par tout le monde. Les français commencent enfin à comperndre que leur réaction du 21 Avril 2002 conter le « péril fasciste » était sympathique mais totalement risible. Il n’y avait aucune chance alors que Le Pen soit élu ; il n’y en a pas beaucoup plus (peut-être un peu) qu’il le soit aujourd’hui. Tout le monde a bien compris qu’un second tour contre Le Pen est une quasi-garantie de réussite : la colère n’est pas encore assez forte pour que Le Pen puisse triompher de tous.
Cela dit, effectivement, la division de la gauche anti-libérale et la guérilla interne au PS sont des spectacles pathétiques servant Sarkozy. Soyons patients. Le PS finira, dans un mois, pour arriver à la synthèse. Si Ségolène triomphe, elle se démarquera certainement du programme pâlot du PS. La surenchère d’idées (ou de démagogie !) pourra avoir lieu avec Sarko.
Mais les mois à venir vont être difficiles pour Sarko : Dupont-Aignan, puis le candidat de la chiraquie vont venir dans la mêlée, et tout le monde lui tapera dessus.
Quand aux sondages, n’oubliez pas une chose : les grands institus de sondage sont aux mains des amis de Sarko et notamment l’IFOP de cette chère Laurence Parisot. Difficile que les sondages puissent échapper à la flagornerie : ils en sont à supprimer les résultats de Ségolène quand celle-ci dépasse Sarko, c’est dément ! (voir la controverse, à La Tribune). Je reste persuadé que Sarkozy peut bien continuer à caracoler en tête des sondages jusqu’en Février, il risque quand même de tout perdre. Les sondages sont ses faux amis.
Fishlord.