• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Kieser

sur Régimes totalitaires - Enjeux du corps social


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Kieser 27 mars 2008 09:10

Vous dites sous le titre : « Cette soumission du corps de la femme au social ne date pas d’hier.

La Vénus Grimaldi, sculpture paléolithique, représente une femme aux attributs maternels exacerbés : hanches très larges, ventre très rond, ce qui peut refléter la préoccupation de l’époque : se reproduire pour lutter contre l’extinction du groupe (système social de type clanique, petites communautés humaines dispersées dans de très vastes territoires, très faible densité de population) »

Il s’agit en fait de La Vénus de Willendorf – 30 000 ans av. J.C. Cette statuette est très connue et sert d’emblème à des organisations de femmes obèses.

Il n’existe pas de relation évidente et démontrées entre ces statuettes et une « lutte contre l’extinction du groupe ». Par contre, on pourrait émettre l’hypothèse qu’il s’agit de représentations d’un culte vouée à la Nature. De ce poit de vue, puisque vous citez les canons grecs, plus tardifs. Il eut été plus judicieux de parler des représentations de la déesse Artémis qui se prolongera probablement jusqu’au culte des vierges noires.

Artémis semble avoir constitué l’une des nombreuses variantes représentatives de « La Déesse Mère », comme par exemple Démeter, Diane, Isis, Astarté, ou d’autres déesses régionales, plus ou moins équivalentes, selon le principe de convertibilité des divinités antiques. On leur attribuait souvent cette simultanéité paradoxale d’être tout à la fois « vierge » et « mère ».
Il y a 2500 ans, la plus célèbre statue d’Artémis se trouvait dans le temple d’Éphèse. Le philosophe Héraclite y aurait déposé en offrande son livre consacré à la nature. De ce livre, réputé obscur et dépourvu de titre, il ne reste que des fragments. Il y est notamment dit que « La Nature aime à se cacher » – phusis kruptesthai philei –, ce qui conduit à établir un lien entre Artémis et Le voile d’Isis.
S’il existe une lignée, du culte de la Nature à celui de la Vierge Noire ou à Marie, les subtiles mutations des représentations, révèlent une transformation équivalente du tissu social et culturel des humains concernés par ces cultes. (Je me cite)

Vous trouverez quelques informations sur ce site : http://www.rupestre.fr/page2/page7/page7.html mais il existe d’autres excellent sites qui font le point sur nos connaissances sur l’art pariétal ou rupestre...

Lire également "Le langage de la déesse" de Marija Gimbutas.

Il n’existe pas de lien, a priori, entre l’être protéiforme - la femme, l’homme - et ces représentations. Plus modestement, nous devrions dire que nous ne savons rien.

Par contre l’anthropologie nous apprend que les représentations non réalistes - art pariétal ou rupestre, chimères du Moyen-Age, Sphinges, Gorgones,etc. - renvoient le plus souvent à des "forces" naturelles ou instinctives et non à l’être humain lui-même.

L’instrumentalisation du corps de la femme, oeuvre d’un pouvoir qui exclut le féminin, est un phénomène plutôt récent qui évoluera grandissant, en occupant tout l’espace figuratif, jusqu’à nous. Plus loin dans le temps, la culture des déesses mères - dont on retrouve des traces ça et là dans le monde - disparaîtra suite à l’invasion progressive par l’Asie, de peuplades qui institueront des cultes masculins, guerriers et prédateurs...
Voir l’article de Pierre bamony sur Hommes et Faits : Hédonisme féminin et sexualité animale, http://www.hommes-et-faits.com/Dial/spip.php?article12


Vous dites également : « Le vrai régime alimentaire, c’est l’équilibre, la variété, la satiété et le plaisir de manger, tout au long de la vie. » C’est une vérité de base mais insuffisante et qui ne pourrait se muer en une vérité universelle.

En la matière, il n’y a pas de vérité établie et votre avis manque d’argument. Tant du côté des nutritionnistes que des physiologistes ou des psychologues, on commence à comprendre que les choses sont bien plus complexes qu’il n’y paraît. Ce ne sont pas des règles hédonistes qui règleront un problème qui ne résume ni n’explique un dysfonctionnement glandulaires ou gustatif. En édictant un tel théorème, vous vous incrivez vous-même dans une ligne morale que vous condamnez, fort justement, par ailleurs. Que vaut une morale qui se substitue à une autre ? La science nous permet d’autres perspectives.

« Le déréglement du pondérostat serait une bonne variable explicative de l’accroissement des personnes en surpoids ou obèses. » Non ! C’est un paramètre d’enregistrement, pas une explication. Vous évoquez l’obésité mais que vaut votre démonstration pour les anorexies, souvent graves, qui s’incrivent, pour des filles, en grande majorité, dans ce désir obsédant de ressembler à un standard du corps féminin ? Vous évacuez trop vite des composantes psychologiques, ethniques et physiologiques, toutes très étroitement liées dans un enchevêtrement que les chercheurs abordent à peine.

Votre article a le mérite de relancer un débat, mais, compte tenu des enjeux : des filles qui lisent tout ce qui leur tombe sous la main, la prudence ma paraîtrait jusitifée.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès