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Commentaire de Khondor

sur Uribe, Correa et... Lipietz


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Khondor 27 mars 2008 11:24

Je réponds en une fois à plusieurs commentaires. 

Je suis hispanophone. Ma langue maternelle est l’espagnol de Colombie et il n’est pas indiscret de me poser la question. C’est curieux. Quand j’écris en espagnol, on me dit que la tournure de mes phrases est française. 

Ceri : « Mais dans l’histoire, c’est bien Uribe qui a enfreint le droit et a mené une incursion, et en + il accuse Chávez de financer les FARC dans la foulée. » 

Oui, c’est bien Uribe qui a enfreint le droit et c’est bien ce que je dis dans mon article, mais Correa aussi a enfreint la loi, notamment la résolution 1373 des Nations Unies. Quant au financement des Farc, n’oublions pas que c’est Ivan Márquez du secrétariat qui, dans une « note de service » à Marulanda et ses collègues, décrit avec précision la façon comme Chávez compte financer les Farc. C’est grave. Voir le document annexe « Reyes.pdf » mais c’est en espagnol.

Ceri : « Uribe, mouillé jusqu’au cou dans le scandale de la parapolitique, lié aux narcos autant qu’aux paras, est loin d’etre blanc comme neige... » 

Admettons-le, mais il ne faut pas croire au Père Noël en politique et surtout pas en politique internationale. Chávez et Correa ne sont pas blancs comme neige non plus. Faut-il attendre qu’il y ait un président immaculé pour combattre les Farc quand les autres et en particulier les Farc sont loin de l’être ? Ce chevalier blanc n’existe pas, sauf dans la tête de ceux qui rêvent encore du « guérillero heroico », de l’homme nouveau qui ne viendra jamais. Les fautes d’Uribe justifient -elles les fautes des Farc, de Chávez et de Correa ?

Ceri : »Mon idée, c’est que Uribe sert la cause des Etats Unis, qui veulent absolument "flinguer" Chavez, et un petit conflit dans le coin leur plairait beaucoup. » 

Mon idée est que Chávez, Correa, Ortega et Castro entre autres, veulent « flinguer » la Colombie en se servant des Farc,  dans ce cas la Colombie est obligée de se défendre. Le projet « bolivarien » de Chávez est bien connu. La Colombie a assez des problèmes avec les paramilitaires, les narcotrafiquants et les Farc pour se créer d’autres avec le Venezuela. 

Ceux qui prennent parti pour la Colombie dans le conflit avec l’Équateur et le Venezuela ne sont pas tous pour Uribe. C’est le cas du Polo Democrático Alternativo parti de la gauche non violente, dans l’opposition, antiuribiste, antiBush et ennemi déclaré de « el Imperio » et de tous les « chiens capitalistes » ou « caniches de mister Danger » pour utiliser le langage de Chávez.

Ceux qui sont contre Uribe ne sont pas tous pour les Farc.

Ceux qui sont contre les Farc ne sont pas tous pour Uribe.

Mais ceux qui sont pour les Farc sont tous contre les Colombiens. Les Farc ne sont pas des terroristes parce que je l’ai décidé, mais parce qu’elles commettent des actes terroristes. Quels sont ces actes terroristes  ? Prise d’otages (économiques et politiques), extorsion, trafic de drogue, massacres des civils, attentats, cadavres-bombes, colliers-bombes, mines interpersonnelles (minas quiebra-patas), prise et destruction des villages sous prétexte que les villageois collaborent avec l’armée, demande des rançons malgré que les otages sont déjà morts, esclavage sexuel pour des filles entre 9 et 16 ans pour le plaisir des « bons révolutionnaires ». 15 mil garçons et filles sont combattants des FARC, du ELN et des groupes paramilitaires selon l’Unicef.

Voir http://www.criterios.com/modules.php?name=Noticias&file=article&sid=13516

Je peux vous inonder avec centaines d’exemples sur les atrocités commises par les Farc. Rien de plus facile que le copier-coller et une liste de liens sur internet. 

Maugis : « Las FARCS sont une réponse militaire à un terrorisme d´extrême droite qui gouverne encore la Colombie. » Et alors, faut-il répondre au terrorisme d’extrême droite avec le terrorisme d’extrême gauche ? Les crimes des uns justifient les crimes des autres surtout quand les Farc prétendent avoir un projet politique sérieux pour le bonheur des Colombiens ? Bien sûr que non. Il faut condamner les paramilitaires et les Farc. Jusqu’à présent aucun de mes contradicteurs a réfuté mes arguments contre les Farc. Pour quoi ? Justifient-ils leurs crimes ? Quelles sont ces justifications ? 

Maugis :  « La dénomination "terroriste" est rejetée par la communauté internationale, dont de nombreux pays de l´UE. Et si vous l´acceptez, alors oui c´est du terrorisme, mais alors comme l´est la politique des USA et de bien d´autres pays à travers le monde. » Donc, le terrorisme de Farc est du terrorisme à l’américaine mais terrorisme quand même, d’autant plus que pour ce commentateur le terrorisme « bushien » est le pire. Je ne m‘attendais pas cet aveu dès le premier commentaire. 

La preuve des ordinateurs est apparue, en effet, après l’incursion des militaires colombiens en territoire équatorien. Mais le gouvernement colombien était au courant des complicités de Chávez et Correa avec les Farc. On peut être sûr d’une complicité sans pouvoir le prouver vis-à-vis des tiers. L’absence des preuves, à un moment donné, ne prouve pas l’absence des complicités. Il suffit de patienter un peu et les preuves arrivent parfois. Chávez est devenu très calme du jour au lendemain parce qu’il est le mieux placé pour savoir que le contenu des  ordinateurs n’est pas une invention d’Uribe. Ces ordinateurs sont une bombe à retardement pour lui et pour Correa. 

Les États-Unis méritent certaines critiques dont il est l’objet ? Mais bien entendu. Voyons ! Mais ce n’est pas une raison pour que la Colombie s’abstienne de combattre, avec leur aide, les paramilitaires, les narcotrafiquants et les Farc quand celles-ci sont aidées par les pétrodollars de Chávez et la complicité de Correa. L’incursion en territoire équatorien avait pour seul objectif d’abattre un terroriste. Si Uribe a commis une faute avec cette incursion, celle-ci  n’excuse pas les fautes de Chávez et de Correa. 

La Colombie est trop dépendante des États-Unis et ce n’est pas souhaitable, mais il faut admettre que sans l’appui des Américains, les Farc avec l’appui de Chávez et Correa seraient devenues très puissantes. Ils auraient déjà « flingué » la Colombie. Cela explique l’appui massif des Colombiens à la politique d’Uribe. Les Colombiens ne voudront jamais le « secretariado » des Farc avec Marulanda à la tête de l’État. Les Colombiens ne voudront jamais faire partie de « La Gran Colombia » sous l’égide du Teniente Coronel. Si les Colombiens ont une certitude, c’est bien celle-là. 

Le parlement colombien est contaminé par les paramilitaires à 30 %. Une cinquantaine des parlementaires sont mise en examen et 22 sont en prison. Beaucoup sont du parti d’Uribe. Ces faits je les admets. Donc, il est inutile de m’accuser de vouloir défendre Uribe. En Colombie, il y une séparation des pouvoirs. Beaucoup des militaires, chefs paramilitaires et narcotrafiquants sont en prison ou abattus. Il faut lire les journaux colombiens. 

Les revues et journeaux colombiens le plus influents comme El Tiempo, El Espectador, Semana, Cambio permettent a toutes les tendances de s’exprimer : Antonio Caballero, Daniel Coronel , Daniel Samper Pizano, Claudia López, Reinaldo Spitaletta, Felipe Zuleta, María Jimena Duzán et d’autres encore, sont parmis les plus critiques contre Uribe. Bien sûr, Uribe a ses défenseurs : Fernando Londoño, Rafael Nieto, Plinio Apuleyo Mendoza… 

Il va de soi que je ne répondrai pas aux insultes. Dans certains cas, le meilleur refuge de la dignité est le silence.

Je répondrai plus tard à A. Lipietz.


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