Concernant l’immobilisme et sachant que nous en sommes revenus à la IVème République, François Mauriac l’avait déjà expliqué en son temps :
La sinistre partie se poursuit par la faute de ceux qui tiennent les cartes ? Mais qui donc les leur a mises entre les mains, sinon la nation
elle-même condamnée à suivre une politique : celle dont précisément elle
avait cru se garer par les choix qu’elle a fait ?
La nation sait aujourd’hui qu’il ne sert de rien de voter à gauche.
Je vois clairement la raison de cette duperie : un politicien de droite
et un politicien de gauche, s’ils sont dépourvus de la qualité
essentielle d’un homme d’Etat : l’imagination créatrice, sont amenés à
faire la même politique, parce qu’ils sont, l’un et l’autre, le jouet du
même événement qu’ils ne dominent pas et qui les domine.
Bloc-notes, 27 juillet 1956
Et encore :
[La politique de la France] n[e] [..] changera pas : notre malheur,
c’est cette pérennité, à Paris, d’une équipe du malheur. Le constater,
ce n’est pas céder à la passion politique. La chute de [M. Guy Mollet]
ne sauvera rien, puisqu’il s’effacera devant un autre lui-même :
quelqu’un de l’équipe.
Les noms changent, sans que s’interrompe l’enchaînement des
« coups », comme on dit [..]. Sont-ils l’expression d’une politique ?
Pas même. Une mauvaise politique se redresse ; au pire elle mène quelque
part. Nos malheurs ne naissent pas d’une politique définie, mais du
heurt de velléités contradictoires que l’événement départage.
Bloc-notes, 7 décembre 1956.