Philippe,
Le problème est à la base culturel, et Aeschlimann ou tartempion ne représentent que le sommet de l’iceberg, la forme excessive. Les pratiques énumérées dans mon précédent post sont très fréquentes, ne faites pas semblant de l’ignorer. Et nombre d’entre elles ne choquent même plus personne, tant certaines sont culturellement – donc collectivement – admises. Problème culturel qui se remarque lorsqu’on voyage à l’Etranger, parce que ces pratiques ne sont pas partagées par tous les peuples, dans leur fréquence et leur intensité. Je sais, ça ne va pas plaire de comparer la France à une République bananière et d’épingler le comportement d’un grand nombre de Français, mais nous n’avons pas la réputation de compter parmi les personnes les plus honnêtes. C’est un fait.
La pression sociale, l’exemplarité, la culture du résultat conduisent l’homme à laisser souvent la probité de côté car elle est plus un frein qu’un moteur. C’est ainsi que certains employés se servent du matériel et de l’infrastructure de leur entreprise à des fins personnelles. Ils ont vu leurs collègues le faire, ils ne trouvent pas que cela soit très grave, ça ne se verra pas, de toutes les façons, l’entreprise, ce n’est personne, et puis, ce qu’ils font est tellement peu de choses par rapport à ce que d’autres ont fait. Le raisonnement est le même pour tous les cas de figure, pour toutes les catégories sociales : j’ai vu autrui le faire, je m’interroge d’abord sur la licéité et la moralité de l’acte, je pèse les risques par rapport aux gains. Et seule une solide culture morale pourra m’empêcher de passer à l’acte. Pour le moment, vous l’avez dit avec raison, celle-ci emporte la majorité de nos concitoyens. Mais j’ai le sentiment que cette majorité s’effrite devant la culture du résultat.
Culture du résultat parce qu’on glorifie le résultat, peu importent les moyens. Parce qu’on habitue les Français à aduler ceux qui réussissent sans s’interroger sur leur manière d’agir.
Je crois enfin que vous m’avez mal lu. Il n’y avait aucune justification par l’exemple – Si Aschlimann est reconnu coupable par la justice, il doit être puni comme il convient -, et rien ne permettait d’affirmer que l’inné dominait. J’ai au contraire démontré que le problème était culturel, relevait donc de l’acquis. L’Homme ne naît ni bon ni mauvais, l’humaniste que vous êtes connaît la source historique de ce débat.
Aschlimann n’est qu’un nom, un produit du système. Nous avons le devoir de nous interroger sur le fonctionnement de notre société, sur les valeurs qu’elle véhicule. C’était la portée de mon intervention.
Bien cordialement aussi