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Commentaire de Tristan Valmour

sur La casse du Service public d'Éducation est bien programmée depuis 1996 par l'OCDE


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Tristan Valmour 29 mars 2008 00:09

 

Mon cher Paul,

 

Effectivement, il y a bien une volonté politique des organisations internationales de soumettre l’enseignement aux lois du marché. Ce qu’il faut savoir, c’est que la majorité des employés de ces organisations agissent de bonne foi, mais que d’autres, souvent les plus influents, sont soumis à des fidélités et des appartenances externes.

 

Parmi celles-ci, certains poursuivent un objectif politique de longue date, soit régner sur une population qui acceptera sa servitude en échange d’un confort relatif. D’autres poursuivent un objectif purement économique, soit augmenter leur fortune et celle de leurs amis. Pour cela, il faut des consommateurs. L’innovation technologique, le crédit et l’entrée dans le secteur marchand des services assurés par l’Etat sont un moyen d’assurer la rentabilité des capitaux. Le capital qui n’est pas investi ne vaut rien. Le meilleur moyen de parvenir à privatiser est de décrédibiliser le secteur public.

 

Qui pouvait croire qu’une fois le village planétaire établi, la France demeurerait un îlot singulier ? Je n’y ai jamais cru, et la privatisation de l’Education était dans l’ordre des choses, cela fait plus de 10 ans que je l’avais pressenti. C’est pourquoi, après avoir enseigné dans un établissement privé d’enseignement supérieur, j’ai créé assez récemment des entreprises dans le secteur de l’enseignement et de la formation, en France, mais aussi à l’Etranger.

 

Le marché est véritablement colossal. Comme le disait mon maître en pédagogie – Antoine de la Garanderie - , « il faut imaginer que penser sera le seul travail accompli par l’Homme, tout le reste sera dévolu aux machines ». Les rapports que je reçois, les contacts avec les administrations françaises et étrangères, tout indique qu’effectivement il y a un mouvement global de privatisation. Et – je l’ai déjà écrit plusieurs fois sur Agoravox – il faut observer Singapour à la loupe. Singapour est en passe de devenir "a trusted international education hub", “a Global Schoolhouse" comme ce pays se plait à le rappeler. Même Harvard pourrait pâtir de cette concurrence ! C’est là bas que se déroulent donc de nombreux événements dans le domaine qui vous intéresse.

 

Avec la mondialisation, ce ne sont pas seulement des entreprises qui sont en concurrence, mais aussi des philosophies politiques, des systèmes sociaux, fiscaux…

 

Il y aura toujours un secteur public d’éducation, mais il assurera un service minimum. Il faut savoir qu’aux Etats-Unis, presque tous les enfants favorisés reçoivent des cours particuliers de culture générale (Histoire, littérature, philosophie, etc.), cela permet entre autre d’exclure les classes défavorisées de moyens d’accomplissement de soi. Il faut des maîtres et des serfs, même si la réalité n’est pas aussi violente que ces vocables.

 

La France est une cible privilégiée des attaques et on veut la faire passer pour archaïque. Je crois que Chirac a tout fait pour temporiser, pour éviter que notre pays n’adopte trop rapidement le modèle dominant, l’anglo-saxon. La France, ce « pays communiste qui a réussi » a baissé les armes, et son modèle social, son système économique ne peuvent plus résister en raison de sa mise en concurrence.

 

Certains voudraient résister, mais je crois que c’est trop tard, les jeux sont faits. Je ne vois pas quelle action classique – pétition, grève, manifestation – pourrait avoir raison de ce qui s’annonce. Comment voulez-vous que les décideurs de premier plan laissent un marché de plusieurs milliers de milliards d’euros ? Quel poids peuvent avoir ces actions classiques ? Alors que la société est si divisée, que l’individualisme a poussé les hommes les uns contre les autres ?

 

Cela ne signifie pas qu’il ne faille pas résister, mais par d’autres voies. Et je les ai déjà suggérées :

 

- Un mouvement général de grève de la consommation. Cela ferait réagir très vite les décideurs qui à leur tour feraient pression sur les gouvernements.

- Créer un service privé « public » via la constitution d’associations. Il existe déjà des écoles privées associatives qui n’ont de « privé » que le nom.

 

Bonne soirée

 

 

 


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