Je considère en effet que les relations de Madame Sébire avec sa famille et ses proches n’étaient pas de l’ordre social, mais privé : dès lors que sa famille était en accord avec sa volonté, il n’ y a pas lieu de distinguer sa volonté de celle de sa famille et si conflit il y avait eu, le seule volonté qui devait être prise en compte est celle de madame Sébire. Un exemple de cette liberté individuelle nous est fournie par le droit qui ne sanctionne pas une fugue privée ou un suicide, bien que ceux-ci puissent être préjudiciables à la famille (ainsi celle-ci ne peut même pas faire faire une recherche qui lui fournirait le lieu où se cache la personne en fugue) ; par contre une fugue pour ne pas payer des dettes ou qui porterait préjudice à une relation commerciale ou contractuelle (escroquerie etc...) est sanctionnable. etc..
Quant à l’aide au suicide elle est (encore) interdite en France, bien que le suicide ne soit pas un délit ; or l’aide au suicide n’est pas un délit en Allemagne qui pourtant interdit l’euthanasie en fin de vie en vue réduire la souffrance !! On voit là que le droit est incohérent...Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il est encore flottant sur tous ces points, pris entre deux LOGIQUES CONTRADICTOIRES : celle des droits de l’individu et celle des droits divins et/ou des droits collectifs d’une société qui prétend imposer une morale particulière comme morale commune, qui refuse donc le pluralisme éthique dans la relation de soi à soi et aux proches en tant que relation privée.
En ce sens, la conclusion juridique de l’histoire du nain n’est pas satisfaisante en droit libéral. Elle invoque une clause de dignité dans la relation à soi qui n’est en rien objectivement déterminable.