@ Sylvian,
vous savez tout comme moi qu’aujourd’hui personne n’est condamné pour un acte assimilé à une euthanasie dans des cas aussi dramatiques que ceux-là ! Et c’est très bien ainsi. Mais il reste normal que la société ait à se prononcer sur ces évènements : les actions juridiques -qui aboutissent systématiquement à un non-lieu - sont normales, doivent être, et leur verdict prouve à chaque fois qu’il y a dans une société digne de ce nom la Loi et l’esprit de la Loi.
Ces débats judiciaires découlant une fois encore systématiquement sur des non-lieux sont une catharsis nécessaire car l’acte de donner la mort ne saurait être considéré comme anodin ou comme un simple acte médical.
Pour ma part, je m’imagine sans hésiter capable d’aider une personne qui m’est chère et incapable de le faire par elle-même à abréger ses souffrances. Mais je ne demanderais pas à la société de considérer mon acte comme "légal"... Simplement comme humain, bénéficiant de circonstances très atténuantes (ce qui est, je le répète systématiquement le cas).
Mais si cette incapacité était bien réelle dans le cas de Vincent Imbert, elle ne l’était déjà plus pour Chantal Sébire... D’ailleurs, il semble bien qu’elle ait elle-même mit fin à ses jours. Une Loi n’était donc pas nécessaire pour que cette femme puisse choisir l’heure de son départ.
Enfin, méfiez-vous des boîtes de Pandore... Si vous ouvrez cette porte-là, où s’arrêter ? Comme juger du bien fonder de telle ou telle limitation ? Puisque vous évoquez la décision "personnelle", quid du prisonnier condamné à de très longues peines, quid du dépressif profond, quid du malheureux, malade de vivre -cela existe- qui parce que cette vie leur est difficilement supportable (vous mettez en avant la douleur morale, elle existe sans maladie incurable) demanderaient qu’on les fasse mourir ? Leur malheur, leur douleur parfois tout aussi destructeurs qu’une maladie douloureuse et incurable justifieraient-ils la même compassion ?
Je persiste : la Loi ne saurait apporter toutes les réponses, formatées, simplificatrices et réductrices, à tous les drames humains. Lui demander de tout régler, même l’intime et l’indicible est illusoire, vain, et même potentiellement totalitaire.
Salutations