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Commentaire de mike57

sur Il faut sauver le soldat critique


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mike57 31 mars 2008 22:16

Dans une émission sur la violence des supporteurs dans les stades, Eric Zémour s’est montré d’une très grande perspicacité.

Il a rappellé que le hooliganisme était apparu en Angleterre lorsque les clubs des villes avaient été cotés en bourses et qu’ils avaient commencé à constituer des équipes avec des joueurs mercenaires.

Des enquêtes faites auprès du public des matchs, essentiellement un public de jeunes issus des milieux ouvriers qui pratiquent ces sports en amateur, ont fait apparaître qu’ils ressentaient la frustration de ne plus se sentir représentés par les équipes de leurs villes depuis qu’elles étaient recrutées un peu partout.

Cette analyse a été confirmée un peu après par un autre intervenant qui a expliqué que ces bagarres entre les supporters des équipes adverses étaient une manière de faire, en dehors du match, la rencontre permettant aux habitants des deux villes de se défier et de se mesurer.

Le commissaire de police, chargé auprès du ministre de l’intérieur de la police des stades a ensuite évoqué une proposition faite sérieusement par des associations de supporteurs, d’organiser sur le terrain, avant ou après chaque rencontre, une vaste baston entre les deux groupes de supporters.

Eric Zémour a insisté sur la frustration que pouvaient ressentir les amateurs de foot de deux villes lorsque ces équipes ne comportent plus aucun joueur qui en soient issus. C’est vrai qu’il est difficile pour un habitant de Martinique ou de Toulouse de s’identifier à une équipe où il n’y a visiblement aucun joueur de Martinique ou de Toulouse, que c’est même insultant de leur renvoyer une image qui affirme qu’aucun d’entre eux n’était assez bon pour les représenter. C’est un fait qu’il n’y a pas de holliganisme dans les sports qui sont toujours pratiqués en amateur.

On sait que pour l’Équipe de france, la règle qui exige qu’elle soit composée avec des joueurs français est éludée par le gouvernement qui prend des décrets de naturalisation pour "régulariser" le recrutement de joueurs étrangers.

Le rôle du sport est de favoriser des activités et le développement des peformances physiques de tous les habitants d’une ville sur le mode du jeu.
Ce qui apparaît à l’éclairage des remarques de Zémour, c’est que le rôle des compétitions sportives est aussi de permettre de vivre, sur le mode du simulacre d’une compétition réglée, les rivalités et les hostilités qui existent entre différentes communautés, en l’occurence ici des villes ou des pays.

Un intervenant a objecté que tout ce qui comptait était de gagner les matchs, et qu’il vallait mieux une équipe de mercenaires qui gagne qu’une équipe recrutée localement et qui risque de perdre. Autrement dit, peu importe les moyens, la seule chose qui compte est la victoire.
Or, c’est exactement le contraire de l’esprit sportif. C’est ce qui justifie toutes les fraudes, tous les coups bas, tous les dopages. C’est ce qui justifie que la violence s’exerce d’abord par une insupportable pression sur les joueurs, avant d’apparaître dans les tribunes.

Avec la professionalisation du sport, et son organisation comme entreprises capitalistes, le rôle d’émulation de tous les habitants à pratiquer le sport qui était assigné aux clubs sportifs par les villes lorsqu’elle les ont fondés, s’est trouvé déplacé dans le domaine de la compétion économique et publicitaire. Il ne s’agit plus d’organiser des jeux dans un esprit héroïque entre les champions des villes ou des villages, comme cela existe toujours entre les clans en Écosse ou avec les jeux Interville, il s’agit d’une entreprise d’exploitation négrière qui cherche à générer du cah-flow et des dividendes en attirant des contrats publicitaires.

Ou plutôt il s’agit d’esclavagisme, de barabarie, si on considère la violence à laquelle sont soumis tous ces athlètes et ces innombrables candidats athlètes avec un entrainement incessant, un dopage obligatoire, de multiples blessures et réparations chirurgicales, et le bannissement à la première faiblesse.

Il faudrait re-nationaliser et re-régionaliser le sport, en refaire un service public.

Une équipe de France dont les retransmissions appartiennent aux chaînes publiques, qui ne fait la promotion d’aucune marque commerciale, qui est rémunérée selon la grille de la fonction publique (traitement à l’échelle d’un ministre), et reclassée dans le corps des profs d’EPS de l’Éducation nationale. Est-ce possible ?


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