@ Philou
vous m’écrivez : "Vous oubliez de dire que la loi interdit pratiquement l’euthanasie".
Je l’oublie d’autant moins que je dis qu’en pratique, dans les faits jugés, la relaxe ou le non-lieu sont systématiques et que donc, il y a bien la Loi et l’esprit de la Loi.
vous écrivez aussi : "Beaucoup ont lieu discrètement dans les chambres d’hopital".
Je suis d’accord, et le mot discrètement me semble celui qui doit en effet présider à cela. Je n’y décèle pas -contrairement à vous- une quelconque hypocrisie... Ce qui est discret n’est pas forcément hypocrite. J’y vois moi une salutaire retenue qui relève plus de la pudeur légitime pour accompagner une fin de vie, fin de vie plus à sa place dans la sphère intime, privée, qu’étalée en place publique.
vous continuez "elle (la Loi) peut encadrer au mieux les pratiques de ce genre"
Une Loi pour "encadrer" les pratiques -sic- de ce genre... Cela justement me fait froid dans le dos ! Légiférer sur une mise à mort… Jusqu’où irait-on ? Où doit commencer ce cadre, et où doit-il s’arrêter ? Vous le savez, vous ? pouvez-vous sérieusement croire que rien ne dépasserait -dans un sens ou l’autre- du cadre d’une telle Loi ?
Vous écrivez que cette Loi permettrait : "d’éviter à des proches ou des médecins ayant pris leurs responsabilité(s) de passer systématiquement en procès"
Personnellement, j’estime que lorsque l’on prend comme vous dites ses responsabilités, on les assume, justement, et on ne doit pas demander à la Loi de nous en dédouaner. J’ai dit que moi-même placé dans cette situation, je prendrais certainement ce type de responsabilités. La société doit-elle à priori valider une démarche aussi terrible et aussi radicale ?
Qu’il y ait jugement ne veut absolument pas dire condamnation (ce n’est jamais le cas), ni même jugement moral : qui condamne aujourd’hui et à l’époque des faits madame Imbert par exemple ? Personne ! En quoi son passage devant la justice, comme le médecin d’ailleurs, a-t-il été en quoi que ce soit infâmant pour elle ? elle est même aujourd’hui devenue une sorte d’icône morale !
Enfin pour terminer, vous écrivez ceci : "Si cet article cherche à décrédibiliser Mme Sébire, ce n’est pas par hasard. Ceci me parait malvenu, à cause des idées sous-jacentes que l’on devine."
De quelles idées "sous-jacentes" parlez-vous ??? Je ne les devine pas moi. Quand à votre affirmation présentant cet article comme voulant décrédibiliser madame Sébire, je suis totalement en désaccord avec vous.
Icks Pey s’en prend et à mon sens à juste titre au barnum médiatique écoeurant qui s’est étalé avec un voyeurisme larmoyant d’une rare indécence sur tous les médias. On s’est roulé dans le patos le plus simpliste qui soit pour traiter par l’émotion -réelle- et non la réflexion un sujet grave nécessitant rigueur et mesure. On a passé en boucle sur tous les écrans, en gros plan, tous les jours, jusqu’à l’overdose, le visage affreusement déformé de cette malheureuse... Pour la bonne cause ? Vous l’avez vu comme cela vous ?
Madame Sébire n’est aucunement décrédibilisée par cet article. Personne ne met en cause la souffrance et la sincérité de cette femme, et certainement pas Icks Pey. Mais les informations orientées, parfois même fausses qu’il révèle sont honteuses, trompeuses, abjectes. Ainsi on a dit partout que la médecine ne pouvait atténuer la souffrance de cette malheureuse. C’était donc faux : Chantal Sébire refusait la morphine -ce qui est évidemment son droit le plus absolu !- pour des raisons qui lui étaient personnelles. Ce n’est pas la médecine qui était impuissante mais bien la malade qui ne désirait pas ce traitement. C’est déjà totalement différent.
Elle avait -déjà- fait un choix fort, difficile, respectable, qui relevait de son libre arbitre. Ce choix avait une conséquence -sa douleur- que l’on ne pouvait donc pas imputer à une quelconque impuissance médicale face à cette douleur.
Enfin sa mort prouve bien qu’une Loi n’était pas nécessaire pour permettre à cette femme horriblement frappée par la maladie de choisir d’en finir. Elle voulait mourir, elle l’a fait. Personne n’a à la juger. La justice fera une enquête, et c’est tout à fait normal. Le dossier sera fermé, comme toujours, et il ne restera que le souvenir regrettable d’un emballement médiatique –un de plus- biaisé, voyeur, simplificateur, présentant les gentils pro euthanasie « légale » et les méchants anti euthanasie « légale », hypocrites, insensibles, cathos intégristes, etc… Libre à vous d’acquiescer éventuellement à ces fadaises binaires, simplistes...Pour ma part, je pense que les choses sont beaucoup plus complexes que cela.
Pour moi, et dans tous les cas, l’euthanasie ne saurait se justifier vraiment que lorsqu’un malade ne peux lui-même mettre fin à ses jours, même assisté par les conseils d’un médecin. C’était évidemment le cas du fils Imbert, ce n’était pas le cas de Chantal Sébire.
Si un malade désire mourir sans vouloir pour autant se suicider… Quel sens donner à ce paradoxe ? Peut-être que, en vérité, le désir de vie est encore plus fort que le désir de mort ? Et dans ce cas, doit-on provoquer l’acte alors même que le malade n’est au fond pas en véritable accord avec sa propre demande ?
Je persiste : une Loi serait à mon sens une réponse dangereuse, simpliste et très contestable.
salutations