• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de manusan

sur Le point de vue d'un étudiant chinois sur le Tibet, les JO de Beijing...


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

manusan 1er avril 2008 12:56

merci à l’article et au réponses de l’auteur.

J’habite dans la province du Yunnan depuis 2002, marié avec un beau frère officier dans la police anti émeute.

Vous jouez il me semble sur le tableau classique : vous, les étrangers vous ne comprennez pas les chinois.

Mais vous, qui étudiez en France, comprennez vous les français ? Le peuple français par son histoire reste trés sensible au question des droit de l’homme dans le monde. D’ailleurs la constitution du CIO (oui il y ’en a une) déclare que les JO doivent servir à promouvoir les droit de l’homme dans le monde, la réaction occidentale est donc justifié. On entend aussi l’argument : le sport n’a pas a s’occuper de politique. Dans ce cas à quoi sert un ministre des sports ? C’est aussi la première fois qu’un prix nobel de la paix est insulté de la sorte par un pays membre du conseil de sécurité et prétendant être devenu un puissance responsable : "Le dalaï est un chacal en robe de moine bouddhiste, un esprit malfaisant au visage humain et au coeur bestial" propos tenu quotidiennement par CCTV (CNN chinois)

 

Est ce que les français comprennent les chinois ? vaste question, à cela je me permet de copier un article (écrit par un chinois en France) et son commentaire trés intéressant (écrit par un français en Chine) sur la question. tiré de Marianne (c’est long je sais, mais trés instructif) :

19 février 2008 Marianne

Trois cultures chinoises

( c’est article a été publié sur le site mariane2. Je l’ai modifié un peu.
La plupart de sinologues que je connais sont très respectables, il serait injuste de leur accuser. Au pointe de vu de Français, le travaille de F. Julien ( je n’ai pas lu tous ses livres ) sur la pensée chinoise ancienne est originale et intéressant. Mais dès qu’il parle de Chine contemporaine, c’est le désastre. C’est presque normal, car quand on se prolongeait dans la pensée de Lao ZI et Zhuang Zi, il serait difficile de s’intéresser encore de travaille de l’historien, de sociologue de l’économiste et de l’anthropologue . Sans parler de l’ attirance du Pouvoir sur les intellectuels dont Pierre Bourdieu a insisté,i je me souviens bien.
Il faut savoir que depuis plus un siècle, des intellectuels chinois et japonais font « le voyage intellectuel » entre Europe et la Chine et cherchent « impensée » de Chinois. Des années 80, le débat sur ce sujet était à la mode en Chine dont j‘ai participé et ai organisé des nombreux conférences.
J’ai lu Chieng sur Sras, c’est pire que j’avais pensé)
La culture chinoise dont on parle fréquemment en France est en fait la culture classique. Autrement dit, une culture née et développée avant le 19è siècle, au moment où la science, la technologie et l’industrie modernes, le capitalisme, la classe ouvrière, la notion de nation et la crise de la nation n’existaient pas. La langue moderne (le bai hua) n’était même pas pratiquée à l’époque comme aujourdui. En réalité, peu de sinologues connaissent le travail des linguistes et philosophes chinois, qui ont montré que la plupart des mots, concepts ainsi qu’un bon nombre des règles de grammaire ne sont nés qu’au cours du 20è siècle.
Ainsi, il existe deux autres cultures chinoises, la culture moderne et la culture contemporaine ( à partir 1949 qui pourrait illustre, sous le « marxisme » et maoïsme, dès leur enfance, comment des hommes chinois se forment depuis presque 60 ans ), celles qui sont essentielles pour connaître la Chine et les Chinois aujourd’hui. Elles se situent bien évidemment dans une continuité historique, mais les ruptures entre ces trois cultures sont profondes et radicales.
Pécher par excès d’admiration
Or, François Julien et ses amis, connaissent peu ou s’intéressent peu à la culture moderne chinoise. La crise de valeurs en Europe les conduisent à chercher, à idéaliser et mythifier la culture classique chinoise. Ils ont souvent davantage besoin de se conforter ou de faire se conforter que de connaître. Ils citent souvent une ou deux phrases de quelque penseur chinois vieux d’un ou deux millénaires en affirmant que la Chine et les Chinois sont comme ça. Ils défendent parfois le gouvernement, sans éloquence mais avec une redoutable élégance.
Par exemple, ils soutiennent que si, en 2003, le gouvernement chinois n’a pas dit la vérité sur l’épidémie de Sras, qui avait menacé la vie de millions de chinois, cela renvoit à la notion philosophique confucéenne de la vérité, différente de celle des Européens ! Le gouvernement chinois aurait donc menti par excès de culture.
La Chine démocratique ? un souci récent…
Pour des Chinois, toute cette mythification de leur culture est le fruit d’une ignorance totale. Mais cette ignorance traduit l’amour de leur pays. Elle est gentille, drôle, amicale, respectable. C’est une ignorance élégante et cultivée. Bref, une ignorance à la française.
Elle illustre en cela la finesse des Français : ils connaissent mal les Chinois parce qu’ils sont trop cultivés ! Ainsi la polémique devient délicate. Il est difficile de critiquer des Français qui aiment apparemment notre culture. Cet amour console notre ego. Pourtant, si on les laisse faire, ils fabriqueront des malentendus considérables…
« Une Chine forte et démocratique », ce désir, ce rêve, cette passion généralisée, est certes imprégnée d’une bonne dose de la tradition de « se préoccuper du sort du pays ». Mais ce désir est pourtant une nouveauté, une rupture, apparue au 20è siècle. Plus de cent ans d’histoire moderne ont forgé la nouvelle identité nationale, collective et individuelle en Chine.
Elle produit des nouvelles personnalités, des nouvelles valeurs, de nouveaux soucis et de nouveaux rêves. Ce n’est pas seulement la culture classique qui créée les Chinois du 21è siècle, ce sont les Chinois eux-mêmes qui ont fait l’histoire de leur pays, qui renouvellent leur culture. En même temps, ils s’évaluent, avec et par leur histoire et leur culture qui se modernise et se mondialise sans cesse. Même si votre maîtrise du Confucianisme et de Sun Zu (l’auteur de l’Art de la guerre) est parfaite, si vous ne comprenez pas cela, vous ne comprendrez jamais la Chine et les Chinois.
La réalité est toujours moins élégante que la philosophie. C’est pourquoi il y a tant de malentendus entre les Chinois et les Français.

commentaire :

Ah ! « La Réalité » serait-elle un gros mot en Chine ?
Tout d’abord, il faut remercier Cai Chongguo d’avoir pointé, fort justement, que la vision française sur la culture chinoise via la seule connaissance de la « culture classique » ne permet toujours pas de comprendre la Chine et les Chinois.
Encore une vision digne de nos meilleures « Images d’Epinal ».
Mais cette vision n’est-elle que française ?…Ne serait-elle pas aussi occidentale ?
Qu’importe ! Mais, comment donc parvenir à cette compréhension ?
En fin d’article, nous restons sur notre fin, car l’auteur n’explique toujours pas comment comprendre la Chine et les Chinois, ou du moins, n’esquisse même pas la moindre piste pour y parvenir.
Toutefois, l’auteur, tel « le Petit Poucet » nous fournirait-il une pièce du puzzle en terminant l’article par : « La réalité est toujours moins élégante que la philosophie ».
Ah ! « La Réalité » serait-elle un gros mot en Chine ?
Alors, allons découvrir la Chine ; à travers les circuits touristiques classiques ?
Cela ne nous confortera-t-il pas dans cette vision irréelle des chinois et de leur culture ?
En effet, nos « images d’Epinal » persisteront.
Alors, que faire ?
Vivre « La Réalité » chinoise ?
Oui, il n’y a plus de temps à perdre puisque l’auteur nous y invite.
Et comment ? En prenant son bâton de pélerin ?
C’est ce que je fais depuis trois ans.
Je vis donc la Chine, pas celle des livres d’histoire, des philosophes, des journalistes, des commentateurs et des décideurs, mais celle du peuple chinois.
Je n’ai rien d’un intellectuel, ni d’un découvreur, mais la curiosité est mon moteur.
Vous devenez ethnologue malgré vous.
Vous découvrez « une autre facette du genre humain ».
Une facette qui vous déprimerait s’il n’y avait pas, comme partout, « de rares exceptions qui confirment la règle ».
A les observer, on frémit à l’idée qu’ils sont plus d’un milliard trois cents millions à se comporter de la même manière.
Soulagement, ils ne peuvent pas, pour le moment, s’expatrier facilement.
Qui peut imaginer à quel point l’Ego d’un Chinois est exacerbé ?
Il n’y a pas d’autre pareil que son nationalisme forcené (les jeux olympiques ne vont rien arranger, bien au contraire, j’en ai déjà eu un aperçu aux derniers jeux de Doha).
Leur égoïsme et leur individualisme sont stupéfiants :
L’autre, pour le mieux, n’existe pas, au pire, c’est un ennemi.
Aucune notion du respect d’autrui.
Si d’aventures, vous êtes dans l’ascenseur et si, dès l’ouverture de la porte, vous ne forcez pas votre descente en bousculant, vous risquez de passer la journée prisonnier à l’intérieur.
Aucune notion de politesse.
Aucune excuse.
Aucune place au bon sens, et là …ce n’est plus un problème de culture !
La circulation routière est tout à l’avenant ; il ne fait pas bon d’être piéton en Chine.
On ne respecte rien en Chine, sauf le supérieur hiérarchique.
Les notions de citoyenneté et de démocratie sont donc hors de portée, à des années lumière.
Ne vous égarez pas à essayer de parler de ces sujets.
Vous perdriez votre temps.
Les Chinois sont bruyants, crient, s’apostrophent, éructent, crachent.
Quant à l’état des toilettes, n’en parlons pas, c’est une catastrophe !
Les Chinois salissent tout et détériorent tout ce qui n’est pas à eux..
Exemple : En quittant le bus, un vieux monsieur laisse ces détritus dans un sac plastique.
La vendeuse de tickets l’interpelle et lui fait la remarque que l’on ne laisse par ses ordures dans le bus.
Très bien… Et que fait elle ?
Elle jette le sac plastique par la fenêtre sur la chaussée…
Parions alors … sur la nouvelle génération.
Malheureusement, de l’aveu même des autorités officielles, la politique de l’enfant unique est néfaste sur le plan social, les tout jeunes se haïssent déjà entre’eux. En plus, les enfants sont chouchoutés par leurs parents et grands parents qui leur passent les moindres caprices.
Et pourquoi donc ? Parce qu’il est malgré tout leur meilleure caisse de retraite.
Ce qui est déroutant chez eux, la notion de vérité n’a aucun sens pour eux.
Vous pouvez mentir allègrement, l’objectif unique étant de ne pas perdre la face.
L’authenticité n’est pas de ce monde.
Comment peut on échanger avec autrui avec de telles mentalités ?
C’est quasiment impossible.
Mais que font-ils donc ?
Le moindre temps libre se passe à jouer à l’argent au majong, ou à regarder la TV.
La visite des cybercafés est consternante : les jeunes sont accros aux jeux de guerre violents.
Ce monde chinois est globalement refermé sur lui-même, satisfait de sa condition.
Seul issue pour une chinoise ou un chinois « éclairé », … la fuite !
Quel parti pris, direz-vous ?
Alors, je vous livre en prime la « Seule Confidence spontanée d’une Chinoise » à propos de ses compatriotes, ancienne professeur d’anglais et qui a, de surplus, jamais quitté la Chine :
« Chinese are noisy, lazy, dirty and careless ».
Mais où est donc le confusianisme et le communisme dans tout cela ?
Je vous le demande, et là, l’auteur connaît bien son monde, cette dure « Réalité », il la connaît.
Mais comment en parler ? Il est déjà en autocensure.
Il s’en sort par une jolie pirouette en qualifiant la philosohie de bien plus élégante que la réalité.
Les Chinois, c’est une caricature humaine réduite à sa partie congrue.
Certains recherchent le maillon manquant : ne cherchez plus, je l’ai trouvé.
Le Rat de Chine
Rédigé par : Le Rat de Chine | le 20 février 2008 à 07:15|

pour ma part, je précise que cette impression est partagée, hélas, par la quasi-totalité des étrangers résident en Chine. J’espère que vous êtes un de ces chinois "éclairés" mais à lire votre article, j’en doute encore.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès