L’opinion de Domenach , ce matin :
"...Les spécialistes sur cette question restent pour le moins sceptiques. Sur nos capacités à nous imposer en cette terre rebelle, partagée entre factions querelleuses, trafiquants de drogue, terroristes islamistes, populations rétives à l’étranger. Les légionnaires français interrogés dans les reportages télévisés avaient des regards et des mots terribles, ceux qu’emploient les soldats qui ne marchent pas vers la victoire : « En Afrique, nous sommes accueillis comme des libérateurs. Ici, nous sommes des envahisseurs ». Quelle est la place du commandement français dans le dispositif ? Sommes-nous de simples supplétifs des Anglais et des Américains à qui nous voudrions faire plaisir dans notre prurit atlantiste que démentent par moments les danses de séduction de notre président devant les dirigeants russes et chinois. On peut difficilement être de Gaulle et Lecanuet à la fois. Embrasser Gordon Brown et papouiller Angela Merkel qui déteste ça ; les intermittences du cœur et des stratégies, les inconséquences qui nous interdisent même d’espérer entraîner l’Europe dans une aventure militaire qui pourrait peut-être se justifier mais dont on ne comprend plus ni les justifications, ni la stratégie.
On va s’enfoncer encore davantage dans ce piège en saluant le drapeau de la France et de la paix. Avec des Français de plus en plus hostiles à cet engagement. Ils étaient majoritaires pour le soutenir en 2001 au début des hostilités, aujourd’hui, selon le sondage BVA-Sud Ouest, deux Français sur trois le désapprouvent. La bataille de l’opinion est déjà perdue alors que l’on parle très peu des morts (14) que nous déplorons là-bas. Qui peut un instant penser gagner la guerre dans ces conditions ?"