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Commentaire de Voltaire

sur Goodbye MoDem ?


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Voltaire Voltaire 4 avril 2008 11:52

L’avenir du MoDem est une question intéressante, tout d’ailleurs comme celle de l’ensemble des autres partis politiques français qui sont tous confrontés à des problèmes sérieux.

L’auteur présente une courte analyse qui, bien qu’évidemment subjective, n’est pas dénuée de justesse. Le problème commence quand on lit le "manifeste" de Mr Cornillet auquel renvoie son texte. Ce manifeste-là comporte lui trop d’inexactitudes, et surtout d’erreurs d’interprétations, pour présenter une quelconque alternative.

Bien que les problèmes présentés soient sans doute réels, l’auteur et Mr Cornillet me semblent omettre deux éléments fondamentaux :

- la société a changé. Quoique que l’on puisse en penser, vouloir revenir en arrière est toujours voué à l’échec. Le projet de société sur lequel était conçu l’’ancienne UDF est périmé. C’est, en partie, ce qui explique le succès électoral de Nicolas Sarkozy, basé sur un projet différent de celui de l’ancien RPR, c’est aussi ce qui explique les difficultés profondes du parti socialiste. C’est aussi ce qui explique le succès de François Bayrou en 2007, porteur d’un projet de société plus en phase avec l’électorat et la société actuelle.

- la lente chute d’influence de l’UDF est due à son positionnement automatique, comme l’est la chute d’influence des autres partis Verts, PC, PRG, MPF etc... Tant que l’UDF représentait une alternative de pouvoir, elle avait une influence réelle et un attrait électoral, c’est à dire jusqu’en 1988 et l’échec de Raymond Barre. Par la suite, son alignement automatique sur l’autre parti de droite l’a condamnée à un rôle de supplétif, lentement érodé par l’appétit de son puissant allié, jusqu’à la tentative d’absorption par l’UMP. Pour l’électeur en effet, quel intérêt de voter pour un parti systématiquement aligné sur un autre, et sans pouvoir réel... ?

Quelles alternatives ?

- L’auteur pointe les problèmes internes du MoDem actuel. Jeune parti politique, le MoDem a certainement besoin de se structurer, de trouver un juste équilibre, et surtout de bâtit un projet cohérant. En cela, l’auteur a raison de souligner les difficultés actuelles, et il ne tient qu’à lui et aux adhérents de son parti de susciter de la part de ses responsables le travail nécessaire.

- l’auteur souhaite ensuite une politique d’alliance claire. Il a sans doute raison. Mais son raisonnement est irrémédiablement rendu inefficace par son souhait d’alliance automatique à droite ; Non pas que cette alliance à droite n’ait pas un sens s’il pense que le projet et les idéaux du MoDem sont plus proches de ceux de l’UMP que du PS (ce qui se discute), mais simplement par ce souhait d’automaticité. Indiquer qu’à un moment donné, un projet commun est plus logique avec la droite qu’avec la gauche, et que donc les accords électoraux doivent être passés avec la droite a un sens. Mais indiquer que ce projet commun et donc ses accords ne peuvent se faire qu’avec la droite est un non-sens, et mène tout droit à l’érosion décrite précédemment.

- l’auteur souhaite enfin un rassemblement avec les autres partis et groupuscules de la galaxie centriste. Là encore, cette démarche n’a de sens que si elle s’effectue selon un préalable : l’autonomie politique du centre, c’est à dire l’absence d’automatisme de ses alliances. En corollaire, cela signifie bien sûr que ce rapprochement doit être tenté de façon équilibrée avec le centre-droit et le centre-gauche, et inclure le PRG... Que ce centre, dont le MoDem représente toujours l’élément principal en terme électoral (et non d’élus), décide ensuite qu’une alliance avec l’UMP a plus de sens actuellement qu’avec le PS, soit. Mais en aucun cas cela ne peut être un préalable, faute de mener à la disparition de ce centre.

Pour conclure, il me semble que l’auteur devrait sans doute s’extirper de sa vision "tête dans le guidon", qui est celle normale du militant politique, et prendre un peu de hauteur pour examiner le paysage politique actuel dans son ensemble, son évolution en relation avec la société, et les options futures. Plusieurs éléments plaident en effet, à mon avis, pour un status quo actuel du positionnement politique du MoDem (ce qui ne signifie pas status quo dans son organisation ou son projet...) :

- l’évolution du PS. Celui-ci tiendra un congrès assez déterminant à la fin de l’année. Suivant le projet, l’orientation politique, et la désignation de son leader, cet évènement décidera largement des possibilités futures d’alliances entre MoDem et PS.

- l’évolution de l’UMP. Bien que traditionnellement mené d’une main de fer, ce parti maintenant très hétérogène est agité par de sourdes luttes d’influences entre sarkozystes et neo-gaullistes, sans compter la marginalisation des anciens chrétiens-démocrates. De plus, il faut aussi prendre en compte la fin de l’état de grâce du président de la république. Suivant l’évolution de ce parti et de sa politique, l’opportunité d’une alliance entre UMP et MoDem apparaitra plus ou moins positivement.

- enfin, et surtout, l’évolution de notre société. Celle-ci est à la recherche, demande, et exigera sans doute bientôt, un autre modèle de développement, basé sur d’autres valeurs. Penser qu’un parti politique, quel qu’il soit, puisse imposer son modèle à la société est une erreur fondamentale. Un parti politique doit proposer un projet de société, qui réponde à ses aspirations. De cela dépendra sans doute le succès du MoDem et des autres partis politiques français.

 


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