Professeur Graham Farquhar (Université Nationale d’Australie) : C’est appelé le taux d’évaporation de la casserole parce que c’est le taux d’évaporation dans une casserole. Chaque jour à travers le monde des gens sortent le matin et regardent combien d’eau ils doivent ajouter dans une casserole pour atteindre le niveau auquel elle était au même moment le matin précédent. C’est aussi simple.
Narrateur : À certains endroits, des scientifiques agricoles ont effectué cette tâche plutôt ennuyeuse pendant plus de 100 ans.
Professeur Graham Farquhar : Les mesures à long terme de l’évaporation de la casserole sont ce qui leur donnent leurs vraies valeurs.
Docteur Michael Roderick (Université Nationale d’Australie) : Et le fait qu’ils font la même chose jour après jour avec le même instrument.
Professeur Graham Farquhar : Oui, ils méritent une médaille. Chacun d’entre eux.
Docteur Michael Roderick : Oui.
Narrateur : Pendant des décennies personne n’a prêté attention aux mesures du taux d’évaporation de la casserole. Mais dans les années 90 les scientifiques ont vu quelque chose de très étrange, le taux d’évaporation chutait.
Professeur Graham Farquhar : Il y a quelque chose de paradoxal ici sur le fait que le taux d’évaporation de la casserole diminue, un paradoxe apparent, alors que la température augmente.
Narrateur : C’était un mystère. La plupart des scientifiques pensaient que, comme une casserole sur un réchaud, augmenter la température globale devrait augmenter le taux à laquelle l’eau s’évapore. Mais Roderick et Farquhar firent quelques calculs et trouvèrent que la température n’était pas le facteur le plus important dans l’évaporation dans la casserole.
Docteur Michael Roderick : En fait il s’avère que les facteurs clés pour l’évaporation dans la casserole sont le rayonnement solaire, l’humidité et le vent. Mais le rayonnement solaire est vraiment le facteur dominant.
Narrateur : Ils découvrirent que c’était l’énergie des photons frappant la surface, la lumière solaire, qui éjectent les molécules de la casserole dans l’atmosphère. Ils sont donc arrivés à une conclusion extraordinaire.
Docteur Michael Roderick : Vous savez, si le taux diminue, peut être est ce l’ensoleillement qui diminue.
Narrateur : Est ce que la chute de l’évaporation était en fait la preuve de l’affaiblissement global ? Ils sentaient que quelque part dans les journaux devaient se trouver les chiffres bruts qui pourraient lier les deux choses ensemble.
Docteur Michael Roderick : Et puis un jour, juste par accident, je devais aller à la bibliothèque chercher un article dans Nature. Je n’arrivais pas à le trouver. J’ai juste jeté un oeil dans le journal et il y avait un article intitulé l’évaporation perd de sa force qui rapportait un déclin dans le taux d’évaporation de la casserole en Russie, aux États-Unis et en Europe de l’est. Et la, dans les mesures, ils disaient que l’eau dans les casseroles s’était évaporée en moyenne 100 mm de moins que pendant les 30 dernières années.