Narrateur : Une chute de 10% de l’ensoleillement signifiait que la pollution par les particules avait un effet bien plus grand que ce que tout le monde avait cru possible.
Professeur Veerabhadran Ramanathan : Nos modèles nous avaient amenés à croire que l’impact humain sur l’affaiblissement était proche de 0.5 à 1%. Ce que nous avons découvert est donc 10 fois supérieur.
Narrateur : Indoex montra que les particules de pollution bloquaient elles-mêmes la lumière solaire ; mais ce qu’elles faisaient aux nuages était beaucoup plus significatif. Elles les transformaient en miroirs géants. Les nuages sont faits de gouttelettes d’eau. Ils se forment seulement quand la vapeur d’eau dans l’atmosphère commence à se condenser à la surface de particules présentes naturellement, typiquement du pollen ou du sel marin. Quand elles grandissent, les gouttelettes d’eau deviennent finalement si lourdes qu’elles tombent en pluie. Mais Ramanathan trouva que l’air pollué contenait beaucoup plus de particules que l’air non pollué, particules de cendres, de suie et de dioxyde de souffre.
Professeur Veerabhadran Ramanathan : Nous avons vu 10 fois plus de particules dans la masse d’air polluée au nord des Maldives par comparaison à ce que nous avons vu au sud, qui était de l’air immaculé.
Narrateur : Dans l’air pollué, des milliards de particules générées par l’homme fournissent 10 fois plus de sites autour desquels les gouttelettes d’eau peuvent se former. Les nuages pollués contiennent donc beaucoup plus de gouttelettes d’eau, chacune beaucoup plus petite qu’elle serait naturellement. Beaucoup de petites gouttelettes reflètent plus de lumière que peu de grosses. Les nuages pollués reflètent donc plus de lumière dans l’espace, empêchant la chaleur du soleil de passer au travers. C’était la cause de l’affaiblissement global.
Professeur Veerabhadran Ramanathan : Fondamentalement, l’affaiblissement global que nous avons observé dans le nord de l’océan indien était le résultat d’un côté des particules elles-mêmes faisant bouclier à la lumière solaire, et d’un autre côté des nuages rendus plus réfléchissants. Donc cette soupe insidieuse, consistant en de la suie, des sulphates, des nitrates, de la cendre et autres, avait un effet double sur l’affaiblissement global.
Narrateur : Et quand il a regardé les images satellite, Ramanathan a trouvé que la même chose se passait dans le monde entier. Au-dessus de l’Inde, de la Chine, et s’étendant dans le pacifique. Au-dessus de l’Europe de l’ouest, s’étendant vers l’Afrique. Au-dessus des îles britanniques. Mais c’est quand les scientifiques ont commencé à enquêter sur les effets de l’affaiblissement global qu’ils ont fait la découverte la plus inquiétante d’entre toutes. Ces nuages plus réfléchissants pouvaient altérer le comportement de la pluviomètrie mondiale. Avec de tragiques conséquences.
Narrateur : La famine éthiopienne de 1984 a choqué le monde. Elle fut en partie causée par une sécheresse ayant duré une décennie à travers le Sahara africain - une région connue comme le Sahel. Année après année les pluies d’été ont manqué. À ce moment les scientifiques ont blâmé les pratiques agricoles et la mauvaise gestion des terres. Mais il y a maintenant des preuves que le vrai coupable est l’affaiblissement global. La force vitale du Sahel a toujours été la mousson saisonnière. Pendant la plupart de l’année il est complètement sec. Mais chaque été, la chaleur du soleil réchauffe les océans au nord de l’équateur. Ceci aspire la ceinture pluvieuse qui se forme au-dessus de l’équateur vers le nord, amenant la pluie sur le Sahel. Mais pendant 20 ans dans les années 70 et 80 la ceinture pluvieuse tropicale a constamment échoué à se décaler vers le nord - et la mousson africaine a disparu. Pour les scientifiques du climat comme Leon Rotstayn, la disparition des pluies a longtemps été une énigme. Il pouvait voir que la pollution de l’Europe et de l’Amérique du nord se déplaçait à travers l’Atlantique, mais tous les modèles climatologiques suggéraient qu’elle ne devrait avoir que peu d’effet sur la mousson. Mais Rotstayn décida alors de découvrir ce qui arriverait s’il prenait en compte les données des Maldives.
Docteur Leon Rotstayn (Recherche atmosphérique Csiro) : ce que nous avons trouvé dans notre modèle était que quand nous avons permis à la pollution de l’Europe et de l’Amérique du nord d’affecter les propriétés des nuages de l’hémisphère nord, les nuages ont reflété plus de lumière solaire dans l’espace et ceci a refroidit les océans de l’hémisphère nord. Et à notre surprise le résultat fut que les bandes de pluie tropicales se sont déplacées vers le sud, s’écartant de l’hémisphère nord plus pollué vers l’hémisphère sud.
Narrateur : Les nuages pollués ont empêché la chaleur du soleil de passer au travers. Cette chaleur était nécessaire pour entraîner les pluies tropicales vers le nord. La ceinture pluvieuse vitale n’a donc jamais atteint le Sahel.