’C’est toujours facile de critiquer les autres. Mais un pays avec une croissance annuelle soutenu de 2 chiffres, surtout avec une stabilité interne pendant au moins 20 ans ne mérite pas l’organisation des JO ? Vous hurlez partout le droit de l’homme, mais qui a fait nourrir 1.6 milliards des hommes, sans faire la guerre ni aller cambrioler les autres ? C’est vrai qu’on a encore beaucoup de progrès à faire, mais la Chine n’est sûrement pas le pire élève sur le droit de l’homme ! Mais maintenant, en profitant des JO, vous crieez comme si c’est un enfer en Chine avec que de répression et torture, c’est idiot et pas du tout acceptable !’

C’est encore plus difficile de se critiquer soi-même et c’est un exercice dans lequel vous êtes particulièrement mauvaise, à en juger par vos propos.

Permettez-moi de ne pas me pâmer d’admiration devant les doubles chiffres de la croissance chinoise. Je songe d’abord au fait, élémentaire, qu’il n’est pas difficile à un pays qui part de très bas de réaliser une croissance forte. Ensuite, il y a les doutes très sérieux que j’entretiens sur la crédibilité des statistiques chinoises, qui comme la presse, sont entièrement soumises à des impératifs politiques. Puis, et c’est là le plus important, je ne peux m’empêcher de songer aux malheureux ouvriers chinois qui travaillent dans des conditions épouvantables, qui sont mal payés (quand ils sont payés) et qui n’ont pas de droits (ou si peu et si peu respectés), à nos ouvriers à nous, qui n’ont plus de travail à cause du dumping pratiqué par la Chine, à l’environnement en Chine et dans le monde, victime de cette folie productiviste. Bref, je suis triste de cette croissance et je pense que la Chine et le monde se porteraient mieux si ce pays se développait bien plutôt que vite.

La Chine ne cambriole pas ? Est-ce une plaisanterie ? Que dire du pillage des ressources au Thibet et au Turkestan ? De toutes ces entreprises chinoises qui prennent le relais des colons blancs en Afrique ?

Vous parlez aussi de "stabilité". Là aussi je me refuse à pousser des cris d’admiration. La stabilité n’est pas difficile à réaliser quand on a une armée et une police qui tirent sur tout ce qui bouge et qu’on a gravé dans la mémoire de son peuple des atrocités comme celles commises sous les différentes campagnes et purges de Mao et plus récemment les massacres de la place Tian’anmen. Pas difficile non plus quand on a aucun Etat providence et que les gens crèvent de peur de n’avoir pas de travail et de se retrouver dans la rue. Un peuple qui ne pense qu’à survivre et qui est encadré par des mitraillettes est, par définition, plutôt stable.

Enfin, il y a l’argument tarte à la crème : les 1,6 milliards de petits Chinois nourris GRACE AU PCC. Je relève les 300 millions de ventres supplémentaires et passe ensuite aux choses sérieuses :

C’est comme si, parce que Pinochet ou Pol Pot (grand ami de la Chine à l’époque) se seraient faits moine ou bonze et livrés à des oeuvres de bienfaisance à la fin de leur vie, on me demandait d’oublier leurs crimes. Le fait est que le PCC a affamé la Chine pendant 30 ans. Quand c’était pas la disette, c’était la famine, et des millions de Chinois ont payé de leur vie la folie, l’incompétence et la corruption des gouvernants maoïstes. Puis Deng, sans s’excuser ni dédommager, a redressé la barre et enfin respecté les droits des agriculteurs. La Chine a alors réalisé ce qu’elle aurait pu réaliser bien plus tôt si Mao n’était pas arrivé au pouvoir (voir l’état de Taïwan). En attendant, ce sont toujours les mêmes qui sont au pouvoir, et le pire, c’est qu’aucun contrepouvoi n’est là pour crier au fou en cas d’erreur grave.

Aujourd’hui la Chine est bien nourrie et même suralimentée dans certaines couches de sa population. Mais le fait est que l’agriculture est mal partie et que la situation actuelle est le résultat d’importations massives de l’étranger. Le PCC, qui est toujours aussi incompétent et corrompu, a décidé de sacrifier l’agriculture sur l’autel de l’industrialisation à tout casser. Les terres agricoles disparaissent à une vitesse effrayante, et les droits des paysans sont bafoués plus que jamais. Par conséquent, non, je me refuse à mettre au crédit du gouvernement communiste la moindre réussite sur le plan alimentaire. Cet argument est une imposture.

Montesquieu a dit quelque chose de très juste : "Tous les hommes sont des bêtes, mais les princes sont des bêtes qui ne sont pas attachées."

Dans le cas de la Chine, les bêtes dirigeantes sont vraiment libres de toute entrave. Gare aux dégâts !