Merci, Ceri pour ce magnifique travail de documentation
Pour que le capital se développe toujours plus aux dépens du salariat....
"...Justifiées pour les intéressés, ces augmentations salariales constitueraient un scénario noir pour la Banque centrale européenne (BCE). Fin mars, devant le Parlement européen, Jean-Claude Trichet, président de la BCE, a estimé que, "pour préserver la stabilité des prix à moyen terme et le pouvoir d’achat de tous les citoyens de la zone euro", il faut absolument éviter "les schémas selon lesquels les salaires nominaux seraient indexés sur les prix à la consommation". (...)
Depuis une quinzaine d’années, l’intégration de nouveaux pays dans l’économie de marché - Europe centrale relayée par la Chine et l’Inde - s’est traduite par l’arrivée de centaines de millions de travailleurs supplémentaires. Cette main-d’oeuvre bon marché a logiquement tiré les salaires vers le bas. Même si les délocalisations ont été relativement marginales, elles ont constitué une épée de Damoclès suffisante pour calmer les revendications salariales en Occident (...)
Depuis 1995, affirme la CES, chiffres à l’appui, les rémunérations progressent moins que la productivité et que le produit intérieur brut par tête.
Encore et toujours.
L’équation salaire = inflation = le diable, masque une autre réalité. Celle du partage de la valeur ajoutée, de moins en moins favorable aux salariés, et qui constitue la variable cachée du système économique.
Les salaires sont systématiquement jugés inflationniste et uniquement inflationnistes, uniquement parce que cette dimension n’est jamais mise sur la table.
Leur dimension redistributrice est ainsi évacuée.
De plus, leur tassement relativement à la part de rémunération du capital favorise l’apparition de ces montagnes de capitaux en quête de placement, qui sont l’une des raisons majeures des bulles spéculatives.
D’un coté une demande exsangue, des familles aux budgets contraints par la rigueur salariale et grignotés par l’inflation, de l’autre un système financier devenu fou qui menace d’entrainer l’économie réelle dans son effondrement.
Le tout sur fond d’émeutes mondiales de la faim.
(Le Monde)