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Commentaire de Henri Masson

sur Syndicalisme sans frontière


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Henri Masson (---.---.210.227) 27 septembre 2006 10:15

Curieuse « formation scientifique » de la part de celui qui va chercher son inspiration là où vous savez ! Et il s’appuie, sur son site personnel, sur un site bidonnesque créé par un individu de son genre, qui n’en sait guère plus que lui, pour pallier son manque d’arguments.

Buffon avait écrit : « La seule vraie science est la connaissance des faits. » Et là, nous voyons quelqu’un qui n’a aucune connaissance des faits, dont le raisonnement est faux depuis le début de ses attaques et insinuations, s’avancer à affirmer qu’une réalité, pourtant vérifiable, n’est que « propagande ».

Si « propagande » il y a, que l’on regarde d’abord du côté de l’anglais. Là, c’est du matraquage systématique et du conditionnement. Et pour cause ! Lire à ce sujet l’objectif visé par l’Anglo-American Conference Report de 1961 dans le livre « Linguistic Imperialism » (Oxford University Press, 1992 ; présentation sur : http://www.oup.com/elt/catalogue/isbn/0-19-437146-8?cc=gb ).

Toute la facilité de l’espéranto, par rapport aux autres langues, est scientifiquement démontrée. La comparaison des temps d’étude a été réalisée par l’Institut de Cybernétique de l’Université de Paderborn au temps de la RFA. Un tableau comparatif peut être vu sur : http://www.esperanto-sat.info/article190.html avec les références. Il n’y a pas de « propagande » en cela, mais des faits vérifiables. L’Institut de Cybernétique de Paderborn travaille beaucoup en espéranto (exemple : http://wwwcs.uni-paderborn.de/extern/fb/2/Kyb.Paed/kkkk.htm ), et son directeur, le prof. Helmar Frank, est à l’origine de l’Académie Internationale des Sciences de Saint Marin dont la langue principale est l’espéranto : http://www.ais-sanmarino.org/

Curieuse « formation scientifique », celle qui rend incapable d’imaginer qu’une langue puisse, sans perte de richesse d’expression, être plus simple et nettement plus facile à apprendre que les autres ! Et quand on n’a pas d’argument sérieux, le mot « secte » est vite trouvé. Plus-que-minable confirme ainsi, une fois de plus, le niveau de son argumentation qu’il va chercher là où vous savez.

Une simple étude des bases de l’espéranto ne demande pourtant pas des facultés intellectuelles surhumaines. Comme la plupart des visiteurs sont mentalement et intellectuellement plus évolués, plus honnêtes aussi, voici quelques précisions qui leur seront utiles.

En espéranto :

1. L’alphabet est phonétique : une lettre = un son. L’habitude de prononciation est acquise en quelques dizaines de minutes, ou au plus quelques heures, suivant les personnes, et on n’y revient plus. En anglais, du fait que la prononciation de beaucoup de lettres est très variable, il arrive que, pour certains mots nouveaux, des natifs anglophones adultes, avec une longue pratique de la langue, ne connaissent pas la bonne prononciation, s’ils ne l’ont jamais entendue auparavant. Une telle chose est inimaginable en espéranto. A propos de la prononciation de l’anglais, le professeur Bruce Sherwood (Carnegy Mellon University) a écrit : “L’anglais est difficile à traduire, et à cause de la prononciation qui est difficile, et à cause du système de sons même de l’anglais, qui est difficile. Tout le monde sait que la prononciation de la langue anglaise a beaucoup d’exceptions et d’irrégularités. Mais tout le monde n’a pas conscience - et je n’étais pas conscient avant d’explorer ces questions - que le système de sons même de l’anglais est très malaisé à traiter par ordinateur du fait qu’il y a de nombreuses voyelles - il y en a douze -, et des consommes difficiles. L’accentuation dans un mot et une phrase en anglais est extrêmement importante pour la compréhensibilité.”

Pour sa part, René Pinhas, adhérent de l’Association Internationale des Interprètes de Conférences (AIIC), a un tout autre avis sur l’anglais comme langue internationale : “J’ai écrit, ailleurs, qu’au cours de congrès médicaux internationaux, l’anglais parlé par des orateurs français était souvent totalement inintelligible pour les participants australiens, néo-zélandais ou pakistanais, parce qu’il n’y avait pas un seul, je dis bien un seul, accent tonique qui fût correctement placé. Alors, que dire des malheureux Japonais, Suédois et autres Mexicains dont la langue maternelle n’est pas l’anglais ! Les seuls membres de l’auditoire qui le comprenaient étaient les autres Français dans la salle. (« Bref plaidoyer en faveur d’un pessimisme bien tempéré sur l’actuelle suprématie de la langue anglaise » : http://www.aiic.net/ViewPage.cfm/article253.htm ).

Donc il ne s’agit pas de « propagande » de Masson, mais de l’avis de professionnels des langues. Les lecteurs peuvent aussi consulter le livre « Langues sans frontières » de Georges Kersaudy (éd. Autrement) dans lequel l’auteur décrit 29 langues de l’Europe. Durant sa carrière de fonctionnaire international, il a été amené à parler, écrire et traduire pas moins de 50 langues dont l’espéranto. Et c’est à l’espéranto, appris dans sa jeunesse, qu’il doit d’avoir acquis une passion des langues.

2. L’accent tonique est toujours sur l’avant-dernière syllabe (pénultième). En anglais, il est impossible d’établir une règle. Le professeur John Wells http://www.phon.ucl.ac.uk/home/wells/ avait dit avec humour, lors d’une conférence en espéranto au Centre Pompidou “Chomsky et des amis ont réussi à fournir un ensemble de règles extrêmement compliquées qui, avec cinq règles principales et quarante classes d’exceptions et 120 classes d’exceptions aux exceptions, vous permettent de déterminer avec justesse la position de l’accent pour 90% des mots. Un autre problème de l’anglais, c’est la règle de l’accent, ou plus exactement l’absence de règle pour l’accent. Il y a maintenant une discussion académique à propos de l’existence ou de la non existence d’une règle pour l’accent en langue anglaise. L’opinion traditionnelle est qu’elle n’existe pas, et que l’on doit apprendre pour chaque mot particulier où se trouve l’accent.“

3. Un seul article défini : « la », pour exprimer « le », la« , »les« (à comparer avec le »the" anglais, mot fréquent et si couramment mal prononcé !). L’article indéfini n’est d’aucune utilité pour une langue internationale.

4. Tout mot porte en quelque sorte sa « carte d’identité ». Même un débutant sait distinguer en quelques minutes un nom, un adjectif, un adverbe, et, en quelques heures, un verbe à l’infinitif et à tous les temps, un mot au pluriel ou un complément d’objet direct. En quelle autre langue peut-on parvenir à un tel résultat ?

5. Conjugaison : aucun verbe irrégulier (12 terminaisons). L’espéranto se passe de dictionnaire de conjugaison. En français, il en existe pour 12 000 verbes (éd. Hattier) et les erreurs sont très fréquentes, même pour des personnes instruites.

6. Un seul genre pour les objets : neutre. Là aussi, le genre, que beaucoup d’étrangers ont du mal à maîtriser en français, est totalement inutile dans une langue internationale.

7. La formation des mots se fait par agglutination de radicaux et d’affixes : chaque radical appris permet la formation de plusieurs mots dérivés. Il en résulte que l’effort de mémoire nécessité par les complications inutiles des autres langues vivantes est disponible et utilisable pour l’acquisition du vocabulaire. Le vocabulaire nécessaire à la compréhension d’un texte ordinaire à 80-90% est de 2000 mots en anglais, et de 500 radicaux et d’une cinquantaine d’éléments en espéranto. Pour la compréhension d’un texte à 99%, il est de 7000 mots en anglais (fréquence de consultation du dictionnaire : un mot inconnu pour cent mots) contre 2000 en espéranto. Il faut en outre savoir que les 850 mots de base de l’anglais ont 21 120 significations, ce qui est inimaginable en espéranto où les polysémies sont quasi inexistantes.

8. L’invariabilité des éléments de base (caractérisque de la langue chinoise) est aussi un avantage considérable. Par exemple, combien de francophones auraient pu trouver l’adjectif « aviaire » pour « grippe des oiseaux » avant qu’il n’en soit question ? En espéranto, sachant que le nom « oiseau » se forme en ajoutant un « o » au radical d’origine anglaise « bird », et qu’il suffit de remplacer le « o » par un « a » pour obtenir l’adjectif, même un débutant obtient instantanément l’équivalent de « aviaire » : birda. Il n’y a pas longtemps à réfléchir pour trouver le mot juste. À noter qu’en français, aucune lettre du mot « oiseaux » n’a sa prononciation normale : on a un « o » qui ne se prononce pas « o », un « i » qui ne se pronce pas « i », et ainsi de suite jusqu’à « x » qui ne se prononce pas du tout ! En français, j’aimerais savoir quel est le pourcentage de natifs francophones adultes qui connaissent le féminin de « lièvre », « porc » ou « sanglier », et aussi le petit des ces mêmes animaux. On aurait certainement des surprises ! En espéranto, un débutant le sait dès les premières leçons.

9. La formation des contraires se fait avec le préfixe “mal”, d’où l’inutilité de dictionnaires des antonymes (contraires).

10. Du fait que la langue est phonétique, il n’y a pas de liaisons (parfois dangereuses...). Un navion, des zoiseaux, ça n’existe pas.

11. La syntaxe est d’une très grande souplesse, d’où une grande liberté dans l’ordre des mots. Le poète n’est pas coincé dans le carcan rigide de l’ordre sujet-verbe-complément d’objet direct.

12. La conception de la langue est telle qu’un dictionnaire suffit pour déchiffrer un texte sans un long apprentissage de la grammaire de base dont les règles esentielles sont au nombre de seize. C’est totalement inimaginable en anglais et en français sans un très long apprentissage du fait que les mots changent de « physionomie ». Par exemple pour le verbe voir (vidi à l’infinitif de l’espéranto) on a les formes telles que : vois, voit, voyons, voyez, voient, voyais, voyait, voyaient vis, vit, vîmes, vîtes, virent, verrons, verrez, verront, vu... alors qu’en espéranto le radical « vid » est facile à trouver dans un dictionnaire quel que soit le temps (simple ou composé).

Il n’y a rien de Masson, aucune propagande, en tout ça : il suffit de faire usage de son cerveau et de juger sur pièce. Les références sont nombreuses dans mes articles, totalement absentes dans le discours des contradicteurs. Même sans démontration scientifique, toute personne qui dispose d’un cerveau et sait en faire usage en arrive à la conclusion que l’on peut faire beaucoup mieux avec l’espéranto, et en moins de temps, qu’avec l’anglais. Son seul désavantage est d’être encore beaucoup moins utilisé, mais l’information circule et ne dépend plus totalement des médias, comme c’était le cas auparavant, et ce désavantage peut être contrebalancé.

Mais les raisons qui entravent son essor sont, comme l’a dit le prof. Umberto Eco sur France Culture, d’ordre politique, et non linguistique. On peut ajouter aussi la bêtise épaisse qui se manifeste ici de temps à autre.

Il faut savoir en premier lieu à qui rapporte la dictature de l’anglais : « Il y va de l’intérêt économique et politique des États-Unis de veiller à ce que, si le monde adopte une langue commune, ce soit l’anglais ; que, s’il s’oriente vers des normes communes en matière de télécommunications, de sécurité et de qualité, ces normes soient américaines ; que, si ses différentes parties sont reliées par la télévision, la radio et la musique, les programmes soient américains ; et que, si s’élaborent des valeurs communes, ce soient des valeurs dans lesquelles les Américains se reconnaissent. » (David Rothkopf, directeur général du cabinet de consultants Kissinger Associates,« In Praise of Cultural Imperialism ? » 1997). Donc il s’agit bien de l’intérêt des EUA « über alles » et non du celui de l’humanité tout entière.

Un rapport interne du British Council posait cette interrogation dès 1968-69 : « Il y a un élément de commercialité dissimulé dans chaque professeur, livre, revue, film, programme télévisé, de langue anglaise envoyés au delà des mers. Si alors nous sommes en train de tirer un avantage politique, commercial et culturel de l’usage mondial de l’anglais, que faisons-nous pour maintenir cette position ? ». Nos élus et nos décideurs n’y ont pas prêté attention.

Un directeur général du British Council avait déjà pu écrire, dans son rapport annuel de 1987/88 : « Le véritable or noir de la Grande-Bretagne n’est pas le pétrole de la Mer du Nord, mais la langue anglaise ». Il existe une inconscience totale dans les institutions européennes, et en premier lieu à la Commission, quant à la menace de déséquilibre vers laquelle mène cette politique linguistique qui contraint un très grand nombre d’Européens, essentiellement des jeunes, à se rendre en Angleterre pour y apprendre une langue qui, de par ses dirigeants élus ou occultes, est celle du pays le moins européen de l’Union, à s’imprégner de ses us et coutumes, de ses habitudes, à tomber sous l’influence de ses choix économiques, politiques et sociaux, tout ceci, et même encore plus, au détriment des échanges avec tous les autres pays. Donc, que dire de la situation des associations et organisations qui, elles ne disposent pas de l’argent des contribuables pour s’offrir des services de traduction et d’interprétation ? Il y a donc lieu d’enquêter et de comparer, comme l’a fait le professeur François Grin : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/054000678/index.shtml


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