@ Claude, bonsoir
Dans ce débat assez circonstanciel et non dénué parfois de manipulation, j’aime lire le point de vue nuancé du journaliste israëlien suivant. Cela relativise..Qu’en pensez-vous ?
Deux poids , deux mesures... ?
Pourquoi Le Tibet ? seulement le Tibet ? et aujourd’hui ?
Le point de vue d’un Israëlien :
Uri Avnery : géométries variables du droit à l’indépendance
"Comme tout un chacun, je soutiens le droit du peuple tibétain à l’indépendance, ou au moins à l’autonomie. Comme tout le monde, je condamne les exactions que le gouvernement chinois y commet. Mais contrairement aux autres, je ne suis pas prêt à me joindre aux manifestations. Pourquoi ? Parce que j’ai le sentiment désagréable qu’on me soumet à un lavage de cerveau, que tout cela est de l’hypocrisie..
...Je proposerais un principe moral pragmatique : chaque population qui habite un territoire défini et a des spécificités nationales claires a le droit à son indépendance. Un Etat qui veut garder une telle population en son sein doit faire en sorte qu’elle s’y sente bien, qu’elle bénéficie de ses pleins droits, qu’elle jouisse de traitements égalitaires et qu’elle ait une autonomie qui satisfasse ses aspirations. En bref : qu’elle n’ait pas de raisons de désirer la séparation.Cela s’applique aux Français du Canada, aux Ecossais de Grande Bretagne, aux Kurdes de Turquie et d’ailleurs, aux différents groupes ethniques d’Afrique, aux peuples indigènes d’Amérique Latine, aux Tamouls du Sri Lanka et à beaucoup d’autres. Chacun a le droit de choisir entre la pleine égalité,l’autonomie et l’indépendance..."
Chine et occident : la comédie des apparences
"Réduisant la Chine à son appareil de pouvoir, nous faisons abstraction de cette réalité, et ignorons du même coup ce peuple et ses sentiments, en lui attribuant évidemment les nôtres, comment pourrait-il en être autrement, puisque nous agissons au nom d’un bien supérieur ?
Nous oublions ainsi que cette nation, qui compte parmi les plus anciennes du monde, fière de ses traditions de haute culture et de son histoire immémoriale, n’a perdu son autonomie que durant une centaine d’années lorsque ce sont singulièrement l’occident et les puissances rivales régionales qui l’ont envahie, dépecée, humiliée... croyant peser sur le régime, ce sont les chinois dans leur ensemble que nous humilions, et ceci d’autant plus quand on sait le rôle que jouent dans cette culture, le respect des formes, l’obligation de ne pas « perdre la face. » Au lieu de fêter des retrouvailles, de voir là l’occasion d’entamer le dialogue, d’installer la confiance qui permettrait sans doute de critiquer et d’influer sur le cours des choses - au Tibet et au-delà - notre attitude de diabolisation sans nuance ne peut que susciter méfiance et repli nationaliste dans une population désarçonnée par ces volées de bois vert qu’elle estime imméritées..."