Cet article complète largement celui aussi paru aujourd’hui sur l’avenir du centre.
Soyons clairs ; François Bayrou a sans doute commis une première erreur entre les deux-tours de l’élection présidentielle. Non pas celle de ne pas voter Nicolas Sarkozy : l’actualité lui a donné raison plus tôt qu’il ne l’espérait. Mais celle de ne pas fixer de conditions à un éventuel accord. Celles-ci lui aurait permis de justifier son vote de non-confiance, ou de rompre rapidement.
Comme vous l’indiquez parfaitement, sa seconde erreur a été de ne pas organiser son nouveau parti, dont la création se justifiait pleinnement, en une machine à propositions alternatives. Faute de travailler sur le fond des dossiers, il a été cantoné dans un rôle d’opposant, certes crédible mais insuffisant pour émerger comme une amternative. Et c’est, en parti, ce que lui reprochent à juste titre un certain nombre de personnalités ex-UDF. Quand on veut incarner une alternative, il faut s’en donner les moyens. Faute de quoi, ses troupes sont bien entendu plus sensibles aux sirènes du pouvoir, que Nicolas Sarkozy utilise fort à propos.
La critique sur le flou de ses alliances est aussi légitime, mais la problématique est plus complexe. Pour le MoDem, ces élections de mars 2008 se tenaient au plus mauvais moment. Des candidats peu implantés, avec un temps limité pour faire campagne, lui donnaient une faible marge de manoeuvre. Tiraillé entre les demandes de ses élus ex-UDF, la nécessité de conserver des élus pour rebondir, et le piège des alliances, François Bayrou a tenté la voix médiane, logique mais floue. Il eût sans doute fallu tenter le coup de bluff, refuser toutte alliance avec le PS et avec l’UMP, pour conserver une crédibilité intacte. Mais à quel prix ?
François Bayrou peut-il rebondir ? Cela ne dépend pas que que de lui, mais il est servi par les circonstances : à droite, le président est affaiblit par la crise, et sa majorité se divise. A gauche, le PS est déchiré, et si la tendance sociale-démocrate est vaincue, le MoDem représentera logiquement un recours pour ses électeurs. Si F. Bayrou parvient à organiser et structurer son mouvement, à faire émerger quelques personalités autour de lui pour crédibiliser son message, et à passer les prochaines élections avec un score décent, il sera de nouveau en position de recours en 2012. Mais pour cela, il doit impérativement travailler sur le fond de son message, et proposer plus que critiquer.