J’en ai rêvé, François Bayrou ne l’a pas fait !
Il y a un an, François Bayrou était au faîte de sa gloire. Candidat aux élections présidentielles, il avait su, d’un capital de confiance de 6 % en 2002, atteindre les 18,55 %. Les sondages évoquaient même la possibilité qu’il soit l’homme du second tour.

Ses 18,55 % étaient un accident de l’Histoire ou une véritable attente de la vie politique française ?
Les Français avaient été séduits par le personnage François Bayrou : homme de lettres, professoral, délaissant les petites phrases assassines pour tenir un langage de « réalité politique ». Il n’hésitait pas à calmer les ardeurs bassement politiciennes : il rappelait, comme un leitmotiv, que les caisses de l’Etat étaient vides, mais envisageait la gestion de la crise dans la solidarité nationale. Il était un des rares à proposer des mesures concrètes applicables dans un laps de temps très court.
La tonalité de sa campagne avait un goût d’orange(ade), sa campagne avait une certaine tenue, voire inspirait d’une certaine idée de la France.
Face à cette approche sociale-démocrate moderne, le bulldozer Sarkozy et l’incertaine voire l’improbable Ségolène l’ont conforté en son rôle de présidentiable. Las de l’apathie chiraquienne et inquiets par le sarkozisme tonitruant, les Français avaient l’espoir d’un monde politique plus apaisé, plus apaisant : un monde où les problèmes quotidiens auraient pris le pas sur les luttes partisanes et le baromètre assourdissant des sondages. Un avenir construit avec le concours de tous les gens de bonne volonté, quelle que soit leur appartenance politique. Créer une espèce de gouvernement de salut public pour redresser la France. Une « bulle politique » où les Mendès-France, Rocard, Delors, DSK, Barre auraient été de la partie.
François Bayrou avait de plus une expérience en politique qui rassurait 18,55 % des Français.
J’étais de ceux-là. Serein et confiant même si certains des supporters de François Bayrou me lassaient par leur enthousiasme béat et leurs contributions de fan-club !
Il y avait une réelle attente des Français notamment des classes moyennes et des bobos. Ces électeurs qui croient en la vie politique, mais qui détestent la vie politicienne et les petites phrases, ceux qui pensent que le savoir-faire est préférable au faire-savoir. Les anti-bling-bling avant l’heure.
De l’art et la manière de retomber à 6 % :
Le second tour des présidentielles a déjà obscurci la lisibilité du personnage François Bayrou, « je dis pour qui je ne voterai pas, je ne dirai pas pour qui je voterai ». Ses courtes fiançailles avec Ségolène Royal ont rendu opaque sa ligne politique : en ne prenant pas position au second tour, ce dandinement a laissé certains de ses partisans au milieu du guet et les premières déceptions sont nées.
Les électeurs comprenaient mal sa démarche, ses élus voyaient leurs légitimes espoirs de carrière, ou de carriérisme pour certains, fondre au soleil.
François Bayrou - homme d’idées - apparaissait comme celui qui était loin des préoccupations électorales de terrain. C’est dans ce climat que les élections législatives ont été menées sans grande conviction, sans parti structuré : de l’improvisation nocive !
Les politiques antithétiques de Bayrou ont mis en place la machine à broyer avec la douce complicité de Nicolas Sarkozy : appels du pied, distribution de maroquins - les fuites des cerveaux ont suivi et François Bayrou devait passer plus de temps à expliquer ces départs que son programme. Après les législatives, le virtuel MoDem était retombé au score historique de l’UDF à savoir 6 %.
Ce score est de fait celui des municipales. La désorganisation du parti, les militants de terrain malmenés, les retournements d’alliances, les coalitions de complaisance (soutenir Darcos !!), la défaite paloise, ont largement contribué au mécompte des électeurs.
François Bayrou est-il encore présidentiable ?
François Bayrou a-t-il un avenir en politique ? En l’état, il est en grand désarroi : pertes des derniers « bédouins », attaques du MoDem pour lui faire expier « ses fautes » et lui capter son financement. La situation est préoccupante.
François Bayrou doit reprendre son rôle d’improbateur et d’agitateur d’idées. Il doit mettre en « location-gérance » le MoDem en mettant en place une équipe dirigeante solide et structurée et retrouver le chemin de la réflexion, de la prospective et il renouera avec son avenir de présidentiable comme en 2007.
J’en ai rêvé de cette sociale-démocratie moderne, François Bayrou ne l’a pas faite, je souhaite qu’il la fasse !!
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