Burg est un homme courageux et lucide , qui vient de donner son appui à un contre-lobby juif aux USA :
Bonne nouvelle aux Etats-Unis : un lobby juif de gauche ! | Mediapart
"En France, il est toujours délicat d’accoler les mots « lobby » et « israélien ». Les Américains n’ont pas ces pudeurs, et l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) est la première à revendiquer son titre de « lobby pro-Israël ». Qu’on s’en félicite ou qu’on le déplore, le lobbying est une activité normale de la vie politique aux Etats-Unis, et l’AIPAC s’est hissé au premier rang des groupes d’influence, avec plus de 100.000 membres, 18 bureaux régionaux et une cagnotte de plus de 100 millions de dollars. Mais, depuis une dizaine d’années, l’AIPAC fait grincer de plus en plus de dents, en particulier au sein de la communauté juive américaine de gauche.
Aux yeux de ses critiques, dont les plus récents et les plus incisifs sont les universitaires Stephen Walt et John Mearsheimer, l’AIPAC s’est transformé au cours des années en officine de pression visant à aligner la politique des Etats-Unis sur celles des « likoudniks » israéliens. L’AIPAC ainsi que d’autres organisations juives américaines, comme l’Anti Defamation League (ADL) et l’American Jewish Comittee (AJC), ont tendance à vouloir museler toutes les voix qui contestent le bien-fondé de la politique du gouvernement israélien à l’égard des Palestiniens. L’historien (juif) Tony Judt en a fait l’expérience en 2006 quand ces associations ont fait en sorte qu’il soit « désinvité » d’une manifestation en raison de ses positions critiques à l’égard d’Israël. Le commentateur politique de gauche (juif) Eric Alterman a coutume de répéter qu’« il y a plus de débat contradictoire en Israël qu’aux Etats-Unis sur les activités et le devenir de l’Etat juif ».
C’est donc en réaction à cette attitude obtuse, de plus en plus mal vécue par les juifs américains progressistes, que vient de se créer à Washington J Street. L’association, qui est également un Political Action Comittee (PAC), habilité à distribuer de l’argent aux candidats pour leur élection, se veut « le bras du mouvement pro-Israël et pro-paix ». Autrement dit, l’anti-AIPAC. Jeremy Ben-Ami, un ancien de l’administration Clinton et l’un des fondateurs de J Street, a expliqué ses motivations au Washington Post : « La genèse de ce projet réside dans la frustration d’une partie substantielle de la communauté juive américaine qui soutient une politique de paix au Proche-Orient, mais qui constate l’absence de volonté politique de la mettre en œuvre. » Son collègue Alan Solomont poursuit, toujours dans le Post : « Nous entendons toujours les voix des néo-conservateurs, des dirigeants juifs de droite et des évangélistes chrétiens, mais la voix modérée de l’essentiel de la communauté juive américaine n’est jamais écoutée. »
Bien entendu, la plupart des commentateurs de gauche aux Etats-Unis se sont réjouis de la naissance de J Street (un jeu de mots sur K Street, la rue des lobbyistes à Washington, et la lettre J pour Jew, juif). Sans se faire d’illusion toutefois sur les difficultés qu’il y a à tenter de contrer l’AIPAC, considéré comme le plus important lobby américain avec la National Rifle Association, l’association pro-armes à feu. Pour démarrer, J Street aura un budget de fonctionnement de 1,5 million de dollars, soit 70 fois moins que l’AIPAC. Ensuite, sept années d’une politique bushiste dans la roue de celle d’Ariel Sharon, alliée à une critique permanente des dernières tentatives de paix avortées à Camp David en 2000, ont tout de même conditionné les Américains à associer toute négociation israélo-palestinienne avec une forme de capitulation. Il n’en demeure pas moins que la création de J Street est une bonne nouvelle pour le pluralisme des voix aux Etats-Unis. Au moins en matière de lobbying...
-Jewish Liberals to Launch A Counterpoint to AIPAC American Israel Public Affairs Committee
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USA : un nouveau lobby "pro-israélien"...libéral !
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La communauté juive américaine organisée est connue pour son engagement envers Israël, et le "lobby juif", représenté notamment par l’AIPAC, est extrêmement actif et influent dans les hautes sphères du pouvoir de décision. L’AIPAC est elle aussi la cible de critiques de la part des mouvements juifs libéraux, et c’est pour contrebalancer son influence qu’un nouveau lobby a été fondé mardi soir aux Etats-Unis, qui portera l’appellation de J-Street (La rue juive).Il est formé essentiellement de membres juifs du Parti Démocrate, d’intellectuels et de personnalités "bien en vue", dont l’un des points communs est l’appartenance au courant libéral du Judaïsme.
Parmi ses responsables, Jeremy Ben Ami, ancien conseiller politique du Président Bill Clinton, explique que "depuis trop longtemps, ce sont les idées de droite qui ont dominé dans le débat sur la solution au conflit israélo-palestinien. Il est temps de présenter une alternative pacifique, qui inclut même des négociations avec l’Iran". Alan Solomont, ex-trésorier du Parti Démocrate souhaite "que l’Administration américaine sente qu’il y a d’autres voix juives pro-israéliennes, qui considèrent que le seul moyen d’arriver à la paix est la négociation."
Parmi les "ténors" de ce nouveau mouvement, Samuel Lewis, ancien ambassadeur des Etats-Unis en Israël, et qui compte user de son influence et de sa connaissance de l’administration US pour contrer l’AIPAC.
Pour comprendre de quelle sphère proviennent les membres de J-Street, il faut regarder quelles sont les personnalités israéliennes qui ont signé une lettre de soutien en leur faveur. L’ancien Président de la Knesset et contempteur de l’Etat d’Israël, Avrom Burg, l’ancien chef d’état major, Amon Lipkin-Shah’ak, l’ex-ministre des Affaires étrangères, Shlomo Ben Ami, négociateur effréné avec Barak à Camp David, Ouri Savir, proche de Yossi Beilin et parmi les artisans des accord d’Oslo, Amram Mitzna ex-chef du Parti Travailliste et colombe notoire, le général Amos Lapidot, membre du Conseil pour la Paix et la Sécurité, situé nettement à gauche, Dr. Alon Liel, ancien conseiller d’Ehoud Barak et partisan d’un Etat palestinien etc. Ce sont en tout 23 personnalités israéliennes qui ont exprimé leur soutien à ce nouveau lobby juif américain, spécifiant dans leur lettre "leur volonté de s’ingérer dans le débat sur l’issue du conflit, et de le dire tout haut lorsque l’on n’est pas d’accord avec la politique israélienne ou américaine".