À l’auteur,
Vous avez sorti votre lampe d’Aladin pour cette fois essayer d’éclairer ce qui n’est pas voulu être clair, « La gauche ». Alors, vous restez perplexe. Inévitable, puisqu’il me semble que vous mélangez deux choses bien distinctes : un philosophie politique sortie de l’imagination de penseurs, et une action politique pragmatique.
Les penseurs « de gauche » se plaignent de la société, ils veulent la changer afin de faire prévaloir « la liberté », « l’équité », l’ « égalité », la « tolérance », la « protection des faibles contre les puissants », l’ « intérêt général » etc., en somme la générosité en place des égoïsmes. Ils observent toutefois que le changement désiré ne peut qu’être le fait du pouvoir d’état seul capable de l’imposer, en forçant le cours naturel de la vie. Ne peut-on pas définir cette gauche comme étant une sorte d’église prêchant une religion sans Dieu, celle de l’amour du prochain, de la générosité, de la promotion des « derniers » devenant les « premiers » ?
Les « partisans » de gauche d’aujourd’hui engagés dans l’action politique ou s’en faisant les missionnaires ne se tordent pas les méninges à ce propos. Leur préoccupation est la conquête du pourvoir pour le pouvoir, pour parvenir à modifier le partage marchand du produit du travail des gens à leur profit et au détriment des autres. Les « profits », assimilés au « capitalisme », ne sont pas vus comme étant le produit d’un travail, mais comme étant le produit de l’exploitation du travail des autres.
Vous imputez la faiblesse politique de « la gauche » d’aujourd’hui à sa perte d’identité. Ce n’est pas faux, mais ce n’est pas le fond de l’affaire. L’impossible gauche le doit à sa propre contradiction. Elle se prévaut des valeurs humaines, tout en déniant aux humains la capacité de déterminer eux-mêmes leur sort, puisque ce sont eux qui façonnent cette société repoussée par elle. D’où cet amour éperdu de l’état dépositaire de la force légale, qu’il suffit de conquérir pour imposer de force aux humains une société « de gauche », tout en se présentant en protecteur des libertés ; la gauche n’a ainsi d’issue que dans l’exercice de la force pour imposer aux humains son type de société, le paradis sur terre. Cette contradiction s’est manifestée dans l’aboutissement des états ayant mis vigoureusement en pratique ces idées, une violence extrême.