Un article qui traite d’un sujet intéressant, et en laisse ouvert le questionnement.
Cette question m’a souvent entraîné dans des reflexions passionnantes.
Finalement, j’en arrive inmanquablement à considérer que la gauche doit choisir quelques idées forces pour se définir clairement, et se libérer de son héritage, c’est à dire en retenir librement ce qu’elle y voit de pertinent.
Pour moi, il est ridicule de partir du socialisme pour chercher à définir se que doit être la gauche, ou même ce qui la constitue. Le socialisme, et les idées qui y sont rattachées, ne sont qu’un épisode de la pensée dite de gauche, un épisode certes important.
Il me semble plus pertinent de partir de choses très simples.
- L"Etre de gauche" a-t-il un sens, si ce n’est comme catégorie de principe d’action ?
Je veux dire, qu’est-ce qu’on en a à battre que telle ou telle personne se dise de gauche ? On s’en tape. Ce qui compte, c’est son action, et les pricnipes de son action.
Aussi, il faut se demander quels peuvent bien être les principes d’actions de gauche, ou plutôt tenter d’en distinguer certains, car, j’y reviendrai plus tard, fermer un système de principes d’actions de gauche n’a strictement aucun sens.
- Peut-on convenir que la gauche doit oeuvrer pour le bien commun ?
Sans doute, et il n’y a pas vraiment matière à en discuter.
- Peut-on convenir que la gauche doit promouvoir toujours plus de liberté pour le plus grand nombre ?
Je répond oui, sans hésitation. Pourtant, une prodigieuse imposture qui a réussit dans un premier temps à opposer liberté à progrès social, a réussit par le même coup, à faire oublier que la liberté du plus grand nombre...c’est ce qu’il y a de plus progressiste socialement parlant. Car, et je vous prie de m’excuser si j’emploie des formules simples, la liberté des uns doit s’arrêter là où commence celle des autres, dans l’optique de "plus de libertés pour le plus grand nombre".
- Peut-on convenir que la gauche doit promouvoir toujours plus de liberté pour le marché ?
Je répond oui, et toujours sans hésitation ! Et oui, car la liberté en économie, n’a stricteent aucun sens si on considère l’économie comme un bloc indépendant des autres systèmes et des autres composantes de la réalité humaine et sociale. Aussi, l’économie doit être totalement libre, dans la mesure où elle n’entrave pas la liberté des autres champs de la réalité humaine. Car, et c’est un grand drame, l’économie est trop respectée par ceux qui posent les termes du débat contemporain. L’economie de marché s’est vu attribuer le rôle d’outil/finalité. Le marché est un outil au service de l’homme, oui, mais qui aurait la particularité d’être optimisé quand on lui laisse faire tout ce qui lui passe par la tête à un instant T.
De nombreux travaux d’économistes (notemment J. Stiglitz) ont montré clairement, et depuis bien des années, que cette croyance qui voudrait le marché optimisé lorsque ses acteurs ne subissent aucune contrainte, n’était qu’une croyance. En effet, le monde est si complexe, et l’information si partielle (et partiale), que l’absence même de contraintes, de contrôle et d’orientations stratégiques n’a aucun sens.
Donc oui, le marché doit être libre, mais il doit rester à sa place, et rester un outil au service de l’humanité.
Par exemple, le marché des logiciels n’est pas assez libre actuellement, car microsoft y tient une position ultra dominante, et en abuse. Les utilisateurs de vista devraient se demander si microsoft, par sa position dominante ne fait pas perdre un peu trop d’énergie ou de temps au monde entier, quand on voit à quel point travailler sous mac ou linux pose moins de tracas (ça marche quoi...).
Autre exemple : il est évident qu’une PME est mieux placée que l’état pour analyser une situation microéconomique connexe à son domaine d’activité, et que l’ensemble des PME constitue une intelligence extrêment pointue de certaines problématique, de beaucoup de problématique microéconomique, et parfois macroéconomiques. Libérer l’économie, c’est aussi permettre une meilleure circulation de l’information, et une meilleure coopération entre les différents acteurs, et les décideurs. Et ceci se tient d’autant plus que plus l’information est transparente, plus la confiance est accrue entre les acteurs, et donc la coopération, et donc plus l’ensemble est performant.
Dernier exemple : le niveau d’information plus élevé des gens permet de libérer un peu plus le marché. Le librérer de la pub. Si les gens sont critiques vis à vis des pubs, l’information indépendante sur les produits aura plus d’impact que la promotion des produits par ceux qui les vendent. Ainsi, le marché (composé de l’offre, mais aussi, ne l’oublions pas, de la demande), sera libéré des conneries martelées dans la plupart des pubs (ce qui se répercutera d’ailleurs sur la liberté de ceux qui vivent des pubs, et devront trouver des sources de financement qui posent moins de problèmes de dépendance, et de conflit d’intérêts). Une information moins opaque, moins partiale, et plus juste, sera la base du choix des acteurs, et permettra d’ailleurs d’améliorer la qualité de l’offre. Attention cependant, je ne considère pas que l’amélioration effective de la qualité des dentifrices soit à la hauteur de la masse publicitaire qui a accompagné leur déversement sur les étalages des marchés. Quand je parle d’amélioration de la qualité de l’offre, je parle de vrais améliorations, comme par exemple les améliorations extraoridaires et intenses dans le domaine de l’électronique par exemple.
Ce sujet de l’information va selon moi s’avérer central dans les années à venir, et les potentialités dans ce domaine, me rendent vraiment très optimiste.
C’est ce thème de l’information, qui devrait conditionner l’approche politique de l’action de gauche moderne.
- L’information hyper circulante ne rend-elle pas caduque les attitudes des politiciens qui généralement sont intellectuellement malhonnêtes ? Par exemple, la malhonnêteté intellectuelle de François Hollande, ou de Jack Lang est criante. Leur attitude n’est-elle pas contre productive en termes de la captation de l’électorat, ce qui revient, dans un contexte de transparence, à parler d’adhésion de l’électorat à des valeurs et des idées incarnées et affirmés par des politiciens de gauche ?
Pour moi oui, les attitudes d’un Hollande sont profondément archaïques, politiquement parlant.
Exemple. Julien Drey, affirme, pendant la campagne, que les Français, lors des débats participatifs, se sont comportés "comme des experts". C’est minable de dire une telle connerie. Mais il l’a dit, parcequ’il raisonne en terme de flatterie. Il raisonne à courte vue. Je vais dire un truc exagéré pour flatter et marquer des points dans la bataille violente que je livre à mon adversaire.
Résultat des courses, le thème de la démocratie participative a été sérieusement critiqué, et le coup n’a pas porté.
En fait, l’erreur commise par les acteurs politiques, c’est de considérer qu’ils doivent répondre à chaque coup d’1 adversaire, qui serait l’autre grand parti démocratique.
Mais non. aujourd’hui, les politiques ne doivent pas tant répondre à untel ou untel, en orientant leur discours selon les circonstances, qu’il ne doivent répondre de tel ou tel sujet devant l’ensemble des acteurs. L’ensemble des acteurs, ce sont les citoyens en tant que citoyens, en tant que travailleurs, en tant qu’experts, en tant que patrons, ce sont les organismes internationaux, ce sont les citoyens des autres pays, etc. bref, l’ensemble des acteurs politiques susceptibles d’interagir dans le débat démocratique, c’est le monde entier.
C’est à dire que le discours politique aujourd’hui, doit être porté par une cohérence forte, et globale, et surtout, ouverte sur le monde, et la diversité de la société, ou plutôt l’incroyable richesse que constitue la diversité des points de vue parmi les agents de la société.
En conclusion de tout ceci, et en ouverture sur l’avenir, il me semble qu’être de gauche, c’est d’abord écouter l’ensemble du prisme des points de vue, et promouvoir la libération de l’information, et sa libre circulation.
Car la conscience collective ne naît-elle pas entre autres de la conscience de l’autre ? Et qu’est-ce que la conscience de l’autre sans la connaissance de la condition de l’autre ?
Et à quoi sert la conscience collective sans les moyens de mise en oeuvre de la concertation, et de l’action stratégique ? Et comment celles-ci sont possibles sans une information riche et partagée ?
Enfin, être de gauche, c’est avoir conscience que l’intimité est une composante essentielle de ce qui fait de nous des hommes libres. La réalité existe entre deux faits :
- la liberté individuelle croît avec la libération de l’information, parce que cette libération permet la coopération, et donc une meilleure utilisation de la richesse de chacun : l’union fait la force, et la force permet de dépasser plus de contraintes.
- la liberté individuelle n’a de sens que si la libération de l’information a des limites. Sinon, je devrais livrer absolument toute mon intimité. Or qu’est-ce qu’un homme qui s’oblige à dire tout ce qu’il sait, tout ce qu’il pense, ou tous les sentiments qui le traversent ? C’est à ce niveau de la réalité, à cette échelle, que le princpe de libération de l’information n’est plus applicable, car il serait vide de sens : il ne serait plus au service de l’humain, mais c’est l’humain qui se placerait au service de la libération de l’information.
Etre de gauche, donc, finalement, c’est pour moi, se donner les moyens de choisir démocratiquement les contraintes auxquelles on se soumet collectivement, afin de garantir la liberté la plus grande pour le plus grand nombre, tout en essayant de garantir la dignité de chacun.
C’est mettre l’humanité au service des hommes.
Or pour choisir ces contraintes démocratiquement, quoi de plus idiot que de se conformer à la ligne d’un parti ? quoi de plus intelligent qe d’écouter l’autre, et de respecter son intégrité ?
Je vote toujours socialiste, et j’ai du mal à imaginer pouvoir être séduit un jour par un projet émanent de la droite. Mais je dis que le parti socialiste doit devenir le premier parti au monde qui n’a pas de ligne de parti. Le premier parti politique important, qui a pour but et pour seule ligne de conduite, de rendre les quasi pleins pouvoirs aux citoyens, et de mettre l’état à leur service.
Que l’on cesse d’élaborer des projets en petits comités. C’est d’une connerie abyssale, monumentale, incroyable ! Pour élaborer un projet solide, il faut que ce projet soit ouvert, soit le résultat d’une concertation la plus large possible, et la plus décomplexée qui soit vis à vis de l’héritage du parti.
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