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Commentaire de LilianeBourdin

sur A quoi bon ?


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LilianeBourdin 22 avril 2008 21:09

Pour répondre à Zenoit, la question du malheur de vivre, du sens de la vie, est inhérente à l’humanité. Cela donne nos meilleurs livres et nos plus belles oeuvres d’art. Mais ce que j’ai essayé de décrire est différent : il s’agit d’une souffrance induite par une déshumanisation généralisée des relations humaines, ce dont parle Annie dans son commentaire. Cette déshumanisation se développe rapidement, et pervertit un grand nombre de nos relations humaines. Je ne dis pas que c’est nouveau : c’est la généralisation du phénomène qui est inquiétante et qui a des effets visibles.

La souffrance dont il est question n’a rien de romantique, elle se traduit en termes de stress au travail, troubles musculo-squelettiques, dépressions réactionnelles à du harcèlemnt, ou suicide. Par exemple, le premier traitement de la dépression induite par des conduites harcelantes au travail, c’est l’arrêt maladie. S’il s’agissait d’une neurasthénie d’origine interne à la persone, la sortie du milieu professionnel ne changerait rien.

Il ne s’agit pas, pour moi, de la recherche du sens de la vie, et de la constatation de l’inanité de celle-ci puisqu’elle conduit à la mort. Et le pervertissement que l’on constate, ne concerne pas seulement le fait de quelques nantis oisifs qui s’amusent comme ils le souhaitent, ce qui a, effectivement, et particulièrement dans les sociétés décadentes, toujours existé. Non, il s’agit de l’application à tout le groupe humain de nouveaux codes remplaçant l’ancienne morale liée à la religion, et les principes humanistes issus du siècle des lumières. Ces codes annihilent aussi les usages habituels entre individus destinés à vivre ensemble.

Les présupposés de ces codes tiennent à ce qui est dit ici dans les commentaires : "le plus important c’est d’être un gagnant", "le perdant a tort, de même que l’individu non-conforme"," celui qui ne respecte pas l’obéïssance aux diktats du groupe mérite d’être mis à l’écart" (idéologie très en vogue dans les collèges, et qui aboutit à des horreurs, mettant en jeu la santé psychique et physique de nombreux collégiens), "l’important, c’est de s’adapter, pas d’avoir une pensée libre", "ce qui est ancien est dépassé", "ce qui est nouveau est bien", "l’important, c’est d’être en mouvement", etc... N’avez-vous pas entendu "il faut savoir s’adapter" ? Et partout on retrouve les stratégies managériales par projets, chacun remplaçant le précédent, sans bilan rétroactif, et sans égards pour les efforts déjà fournis par les salariés pour s’adapter, justement.

Ce qui est exclu du discours et de la pensée, c’est ce qu’il advient au niveau affectif des personnes ainsi instrumentalisées.

 

 

 


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