Bonjour Berger,
... et encore, vous ne savez pas ce qu’est la "péréquation tarifaire".
La "péréquation tarifaire", c’est le principe qui fait que dans un pays unifié et vu comme un tout cohérent comme la France, par exemple, le prix du timbre pour affranchir une lettre est le même partout, à Paris comme en Corrèze, par exemple. C’est la base d’un service considéré comme "public".
Or vous vous figurez bien que du point de vue de la marge bénéficiaire, cad d’une société soumise au profit, c’est une véritable hérésie : acheminez une lettre de Paris à Paris, ou de Paris à Lyon, et vous aurez bien moins de frais que pour le trajet Corse-Corrèze, par exemple...
Comme celà est arrivé pour la SNCF, vous aurez donc intérêt à surinvestir sur les grands axes, avec, par exemple le développement d’un CGV (Courrier de luxe à Grande Vitesse, hé hé !), pour augmenter la valeur ajoutée, et à vous désengager des zones moins rentables, sauf si elles sont subventionnées par les régions (avec vos impôts).
Ou alors facturer un courrier "zone rurales et déserte" dix fois plus qu’un courrier "urbain".
Car si, au nom des nouveau règlements européens, vous êtes soumis à concurrence, vous pensez bien que celle-ci ne viendra s’installer que sur les tronçons les plus rentables, les plus juteux, et non pas dans les montagnes ; en temps qu’entreprise, vous serez alors obligé d’aligner vos prix sur ses tarifs "urbains" et vous ne pourrez plus envisager d’amortir vos pertes "rurales" sur les profits que vous faîtes sur les traffics les plus rentables.
Le phénomène des petits bureaux qui disparaissent est de même nature : une entreprise de logique privée ne peut pas se permettre de travailler à perte ; si les bureaux de poste dont vous parlez ne sont pas directement rentables par manque d’activité, seriez-vous prêt à payer vous-même un impôt local spécial (lourd) pour les conserver ?
Si vous payez suffisamment, on peut vous fournir ce que vous voulez, et même un bureau avec vingt guichets en rase campagne !
Alors bon, je vous rassure tout de suite, la remise en cause de la péréquation tarifaire n’est pas encore à l’ordre du jour de La Poste.
Mais elle ne peut à la longue qu’être dans la logique de ce système, et celà est valable en tous domaines de services, bien au delà du seul domaine postal.
Ce que ne comprennent pas les imbéciles qui prônent les beautés du libéralisme, (Je parle des "Monsieur-tout-le-monde, comme par exemple certains commentateurs d’Agoravox, et non pas des escrocs qui en tirent profit), c’est que cette dictature du marché représente et produit très exactement le diamétral contraire de tout ce qui fait les structures homogènes d’un Etat et d’un pays, et que nous assistons aujourd’hui littéralement au sabordage et à la liquidation de notre propre pays, opéré par ceux mêmes dont la mission était normalement de le défendre et le protéger, et qui ont réussi à se faire élire par des tours de passe-passe médiatiques, sans que les français n’aient compris les réels enjeux de leur choix.
Et personne n’a les moyens de bouger ni de réagir efficacement !
C’est désespérant.
Cordialement Thierry