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Commentaire de Krokodilo

sur La France a encore une guerre de retard !


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Krokodilo Krokodilo 24 avril 2008 00:42

krikri,

 

« On enseigne plein de matieres a l’ecole, mais apres les gens choisissent de les utiliser ou pas. »

 

Incroyable cette obstination à nier les faits, mais il est vrai que le silence des médias y est pour beaucoup... Renseignez-vous, vous verrez que l’anglais est imposé à l’école primaire, sans choix proposé aux parents. Seule la présence parfois de la langue régionale ou de l’allemand permet de le cacher, de ne pas se retrouver dans la même situation d’anglais officiellement obligatoire qu’en Grèce, Espagne, Portugal et la plupart des pays nordiques.
De même, en 6e, le choix se rétrécit d’année en année, jusqu’à ne plus exister du tout, avec angais seul en 6e. Et naturellement, on prétend que c’est à cause de la volonté des parents... foutaises. Est-ce que près de la frontière italienne, on ne trouverait pas une classe de 6e qui prendrait italien LV1, ou près del’Espagne, espagnol (castillan) ou catalan ?

 

« Apres, les gens choisissent ce qui leur plait. J’ai rarement les memes gouts que "les gens", mais il faut voir le monde comme il est. »

 

Je voulais dire que le succès de Potter que vous donnez comme exemple ne prouve que l’injustice du système : une pile de 50 Harry Potter à la Fnac ne prouve pas que ce bouquin soit 50 fois meilleur qu’un livre coréen, russe ou tout autre qui ne serait présent qu’à un seul exemplaire. Il y a tout un système commercial, revues, pub, critiques, le « buzz » largement plus favorable à tout ce qui est anglophone, ou traduit de l’anglais. effectivement, ce système sait donner envie d’acheter, comme vois dites, c’est là un des nombreux aspects de l’injustice engendrée par l’usage de l’anglais comme lingua franca.
Et pour ce qui est de plaire à l’étranger, assez de masochisme bien français : selon un hebdo, le récent dessin animé français « Chasseurs de dragons » fait un tabac en Russie, et les graphistes formés en france sont très demandés aux USA.

 

« On a 60 ans de stats dans les regions frontalieres. Et dans les annees 90, en Lorraine, region frontaliere, pres de l’Allemagne, deja la part de l’allemand en LV1 passait en dessous de 20%. Et l’italien (langues de nombreux migrants des annees 60) a disparu en LV1 puis en LV2 puis en LV3 parce qu’il n’etait plus choisi par aucune famille. C’est dommage que l’educ nat n’ai jamais propose l’arabe car il y aurait eu des gens pour le choisir. »

 

Vous semblez croire que l’offre répond à la demande ! Or, l’Education nationale ne fonctionne pas du tout comme ça, pour des raisons très diverses (je vous renvoie à mes précédents articles), par exemple, le regain relatif de l’allemand provient simplement d’un accord bilatéral entre les deux pays pour se soutenir mutuellement, et certaines demandes de classes dont les élèves seraient en nombre suffisant se voient refuser un poste de langue (espagnol ,italien, russe, etc.). Il serait très facile de sortir de ces difficultés structurelles, cf. ma proposition de réforme de l’enseignement des langues, mais la volonté politique d’imposer l’anglais à tous au primaire est trop forte. Elle est revendiquée ouvertement par de nombreux décideurs, cf. le rapport Thélot, le rapport Attali, certaines déclarations de B. Kouchner, de Claude Allègre, Lagarde, Xavier Darcos, j’en oublie.

 

« Pour les pays nordiques, je ne suis pas sure que le probleme soit semblable a celui de la France. Je comprends que l’anglais ait des effets negatifs (il y a toujours un revers de la medaille), mais le positif me semble l’emporter. Est-ce que les langues nordiques se porteraient mieux sans l’anglais ? »

 

C’est justement ce que j’ai écrit, que cela peut être un avantage pour des langues de faible diffusion comme le norvégien ou le suédois, mais la France et l’’Allemagne, langues de grande diffusion et pays naturellement très attractifs, ont tout à perdre à développer un enseignement universitaire en anglais.

 

« *mais pour attirer des cerveaux et les inciter à travailler des années chez nous, mieux vaudrait leur offrir des facilités de logement, une garantie d’aide administrative pour leurs démarches d’insertion,
Les "cerveaux" ne sont pas des mendiants qui cherchent a se loger et s’inserer, mais des gens qui choississent les meilleurs possibilites d’emploi, de postes de recherche, de qualification. »

 

Dans le canard enchaîné d’aujourd’hui, justement, des maîtres de conférence ont calculé qu’en net après impôt, ils gagnaient moins que les bénéficiaires de bourses Mundus à qui ils faisaient cours ! Il ne s’agit pas de leur faire » l’aumône », mais de bien accueillir et de faciliter les démarches administratives et de logement d’étudiants qui viendraient quasiment pour dix ans étudier et travailler en franc. Avec Mundus, ils faut leur faire des cours en anglais (le plus souvent) , ce qui implique que leurs profs se perfectionnent en anglais, ou faire venir des natifs (proposition du rapport Attali), ce qui au passage fait de la concurrence à nos propres universitaires et en doit pas les enchanter !

 

« Maintenant, on ne refera pas le monde non plus. On ne fera plus apprendre le francais comme condition prealable a une formation en France, parce que la meme formation sera proposee de qualite equivalente en anglais ailleurs. L’ignorer ne fait qu’enfoncer la France. »
 

 

C’est là que nos avis divergent le plus : si la France occupe une place à part dans le monde de la culture, par exemple, c’est en partie grâce à la loi Toubon, parce qu’elle a su garder une certaine originalité, « l’exception culturelle ». Sinon, on deviendra simplement une zone commerciale de la production anglophone, une simple succursale aux ordres. Et, sans refaire le monde, l’améliorer est tout à fait possible, de même que dans le domaine de l’écologie et de l’exploitation des ressources naturelles, seule compte la volonté de le faire, et il n’est pas obligé de croire les bonimenteurs qui disent l’anglais facile et équitable.
 


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