C’est curieux. À l’aide du lien wikipedia que vous donnez, j’ai pu passer à sa version anglaise et de là à l’article de référence de Hardin.
Selon ma compréhension, ce monsieur a observé très finement que les individus isolés dans un milieu beaucoup plus vaste qu’eux peuvent y faire n’importe quoi. Le milieu va les supporter. Ces individus isolés ont tout intérêt à accroitre leurs biens de toutes leurs forces. Ceux qui se montrent le plus malin, le plus travailleur, le plus créatif ou toutes ces choses recevra les plus grandes récompenses. Ces récompenses seront sous la forme d’un accroissement de leurs troupeaux ou autres biens.
Le problème commence avec les limites de ce milieu. Les hommes arrivent toujours à lui en demander plus que ce qu’il peut donner. Chaque individu va isolément et parfaitement logiquement tenter de continuer à augmenter sa fortune ou ses biens. C’est ce qu’Hardin nomme la "logique des commons". Elle aboutit à un désastre. Faire pâturer deux bovins sur un hectare ne pose aucun problème. 10 000 bovins sur ce même hectare vous donnera un désert et un très gros paquet de cadavres de bovins.
Cette "logique des commons" ressemble furieusement à la logique du libéralilsme économique. La croissance y est le seul horizon. Chaque individu s’occupe de son cheptel et néglige tous les autres. C’est du libéralisme selon Smith et sa main invisible. C’est de l’égoïsme selon ce même personnage. Ce fameux égoïsme qui rend généreux. Hardin trouve que la tragédie des biens communs s’oppose au libéralisme.
Il examine ensuite quelques aspects de cette tragédie dans le monde moderne. Pour cela il voit la pollution, le taux de natalité, et j’en ai oublié.
Pour sortir de cette tragédie, il est très modeste. Il suppose qu’il faut sortir de la logique des biens communs, accepter une coercion réciproque négociée et que cela est la liberté. Il suppose que la moralité d’un acte dépend de l’état du système dans lequel il prend place. Je trouve qu’Hardin ne conclut pas vraiment.
Il introduit ou réintroduit la dimension politique dans les relations humaines. Négocier les coercions réciproques me semble être une activité très politique. Il prône la fin du libéralisme en parlant de mettre en place des règlements allant jusqu’à la restriction du nombre d’enfants, la consommation des biens comme l’eau, etc...
Le lien entre ces éléments et le marché du CO2, de l’eau et Dieu sait quoi d’autre m’échappe ici. Ce genre de marché me semble relever d’une toute autre logique que celle de Hardin. Elle me semble être liée à la vision de Smith sur l’égoïsme naturel des individus. Ces derniers n’agiront que par égoïsme sans chercher à voir au-delà de leurs intérêts directs.
J’admets que le marché du CO2 a un côté contraignant librement consenti. La preuve en est ce refus des USA d’entrer dans le jeu (si mes souvenirs sont exacts). La Chine et l’Inde ne font pas mieux. Ces gens sont dans la logique des biens communs. Ils ne jouent pas le jeu de Hardin. Le pré de sa parabole sera détruit et nous avec. Pas bon ça.
Le marché du CO2 et analogues veulent sauver la primauté de l’économique sur le politique. Selon ma compréhension, Hardin n’est pas de cet avis. J’associe cette primauté à cette fameuse logique des biens communs. Dans cette logique, plus du CO2 est libéré et plus la croissance, la richesse, le bien être est au rendez vous. Ce marché inciterait alors les acteurs économiques à trouver des solutions hors du carbone. Selon mes souvenirs, ce sont les USA qui ont coulé la première version de Kyoto en faisant remplacer des contraintes légales par ce genre de marché. Ils ont fait sortir ces discussions de la théorie de Hardin pour les remettre dans l’optique libérale. Est-ce un succès ?
J’ai un doute. Selon quelques souvenirs personnels, des gens ont parlé récemment d’un échec de Kyoto et même du marché du CO2. Ce serait à vérifier. Suivre rigoureusement le processus de Kyoto n’a guère de sens si d’autres bousillent tous nos efforts par leur propre développement économique. La Chine et l’Inde sont ici en tête de liste pour illustrer cette idée. C’est une forme d’échec.
La tragédie des biens communs est en route. Le marché du CO2 n’a jamais été appliqué. Il ne relève pas de la sortie de cette logique dramatique. Il la prolonge et tente d’y remédier sans la changer. Comme cette logique exige impérativement de la croissance économique et que cela est parfaitement contradictoire avec une croissance nulle du CO2 ou autres dans l’air, l’eau et la terre, je pense que ces marchés sont voués à l’échec.
Je me sens triste.
28/04 20:46 - S2ndreal
C’est curieux. À l’aide du lien wikipedia que vous donnez, j’ai pu passer à (...)
27/04 16:56 - italiasempre
27/04 16:44 - Weinstein
Très bon article et surtout il fait chier les cons d’agoravox et il y en a un paquet... (...)
27/04 16:30 - Fanfan1204
Bodi, comme je vous l’indique je vais avoir des difficultés à venir sur AV, cependant (...)
27/04 03:20 - lerma
27/04 02:07 - lerma
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