Certaines approximations et certains clichés me gênent quelques peu dans votre article. Votre style journaliste est excellent, mais ils manque malheureusement de chiffres pour étayer vos dires et passent sur beaucoup d’éléments, ce qui donne à votre surprise ou à votre raisonnement une fausse candeur.
Tout d’abord, la Chine n’est pas, loin de là, le premier pays asiatique qui nous pousse à nous interroger sur la relation entre démocratie et compétitivité économique. Singapour a depuis longtemps montré qu’une dictature pouvait être extrêmement performante d’un point de vue seulement économique. Cette confusion vient sans doute de la vision toute occidentale qui veut finalement que tout soit politique, ou plutôt cette confusion habituelle entre régime et système politique ; un régime pouvant être démocratique avec un système et une culture qui le sont beaucoup moins, comme nous le montre l’Inde.
En fait, prenez n’importe quel pays où la corruption est limitée et où le système garantit une certaine liberté en termes de création et de gestion d’entreprise, et vous aurait une économie florissante, peu importe le régime. Le fait est que la démocratie permet de limiter le phénomène de corruption et garantit la liberté d’entreprendre, d’où cette performance et d’où cet amalgamme que l’on fait souvent entre régime démiocratique et croissance. A ce titre, je tiens d’ailleurs à rappeler que, contrairement à ce que beaucoup pensent, la Chine ne se porte pas si bien d’un point de vue économique ; sa croissance n’est soutenue que par l’investissement et la consommation de l’étranger, et son économie reste extrêmement fragilisée par une corruption endémique et un équilibre social précaire.
Quoiqu’il en soit, l’école de SIngapour a depuis longtemps cherché à justifier l’idée reçue voulant que la démocratie (et non le capitalisme encore une fois) était incompatible avec les valeurs asiatiques. Ce raisonnement bancal a depuis été battu en brêche par tous les spécialistes. La Chine essaie encore une fois de le reprendre à son profit, sans plus de succès, voulant pour preuve sa croissance économique. Cette confusion entre régime à cause des amalgammes que je dénonçais avant.
J’ajouterais cependant, sans croire nécessaire comme Fukuyama à une fin de l’Histoire, que l’avenir donnera tort à tous ceux qui doutent que l’économie ne puisse pas servir de vecteur à une démocratisation de la Chine. La montée en puissance des mouvements de contestation et la progressive libéralisation des modes de vie dans des villes comme Shanghai amèneront inéluctablement une évolution de la société chinoise. Souvenons-nous que le communisme chinois a toujours été tourné vers la terre et l’agriculture (et n’a donc rien du communisme industriel soviétique, n’en déplaise à l’auteur) parce que les campagnes chinoises ont toujours été à l’origine de mouvements de jacqueries voire de révolutions capables de renverser des dynasties. Le grondement qui commencer à grandir dans de nombreuses provinces n’en est qu’une illustration. Il est donc plus que probable que le gouvernement chinois soit progressivement obligé de faire des concessions pour maintenir une certaine paix sociale (rappelons que le principe d’harmonie est à la base du taoisme, du confucianisme et du bouddhisme zen). La démocratie britannique n’a-t-elle pas pour origine de simples document sappelés Magna Carta et Habea Corpus.
Aussi, donnons le temps au temps. En revanche, n’ayant pas honte pas de notre propre mode de vie, de nos régimes et de nos systèmes politiques. N’ayons pas peur de défendre nos principes de liberté et de démocratie, qui reste malgré tous leurs défauts "le pire des régimes à l’exception de tous les autres". Il est donc inacceptable que la France courbe ainsi l’échine en espérant grapiller quelques miettes du marché chinois. Cette atitude d’apaisement ne rappelle que trop Munich et la phrase de Churchill : "ils avaient le choix entre le déshonneur et la guerre. Ils ont choisi le déshonneur, ils auront la guerre". Ce n’est pas le moment de montrer un signe de faiblesse face à une puissance militaire, démographique et bientôt économique telle que la Chine : c’est le meilleur moyen de se faire bouffer tout cru sans jamais parvenir à ses fins. Il faut rester ferme dans nos positions et montrer que la liberté et la démocratie ne souffre aucune exception : n’allons pas réduire le droit à la liberté d’expression dans notre pays pour ne pas froisser la fierté d’une grande dictature qui ne respecte pas ce même droit. Assumons-nous et assumons nos libertés comme une flamme qui, soyons-en certains connaîtra les mêmes remous que la flamme olympique. Mais cela fait partie des règles du jeu et les autres gouvernements ne font pas preuve du même embarras à notre égard.
06/05 14:18 - hans lefebvre
Le lien posté ci-dessus est un travail particuliérement pertinent, il va bien au-delà de votre (...)
06/05 13:55 - hans lefebvre
Un bon papier vos mieux qu’un grand discours : http://www.dachary.org/obses/memoire.html (...)
04/05 08:46 - L’enfoiré
Bonjour, En fait, il y a deux manières de vivre sur cette terre : dans la jungle ou en cage au (...)
04/05 00:23 - frédéric lyon
S’agit-il d’une menace fiston ? Tu as vu dans quel état se trouve (...)
03/05 20:44 - fouadraiden
une recette de cuisine occidentale appliquée à la civilisation chinoise....t’as (...)
03/05 19:11 - frédéric lyon
La Chine se démocratise lentement, mais sûrement. Pour quiconque ayant eu l’occasion (...)
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