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Commentaire de Sylvain Reboul

sur 1634-2008 : descendants des fondateurs du Québec, ils plaident pour leur retour en France


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Sylvain Reboul Sylvain Reboul 1er mai 2008 08:31

Il est en effet difficile de dialoguer à 3 et je répondais plutôt à un de vos soutien sur ce fil  ( Gary Gaignon (IP:xxx.x5.32.148) le 30 avril 2008 à 16H26) qui écrit :

"Sans vouloir insulter mes compatriotes et alliés les Amérindiens de langue et de culture française, baptisés dans notre Foi catholique fondatrice de la Nouvelle-France, et par conséquent, donc, tout autant sujets que nous alors de sa Majesté Très chrétienne, j’ajouterais que la Cour suprême du Canada a toujours reconnus valides les anciens traités de l’époque qui les liaient tant à la Couronne d’Angleterre qu’au Roi de France."

Or ces traités n’ont pas de sens du point de vue républicain, que ce soit canadien car le Canada n’existait pas ou français puisque la monarchie a été abolie et tous les traités antérieurs passés au nom d’un roi jugé usurpateur et despote, c’est à dire du point de vue républicain tyrannique, l’ont été aussi. Il n’ y avait plus pour les canadiens francophones à faire allégeance à une couronne de France dès lors que celle-ci n’existait plus ! C’est très exactement ce que fera le futur Canada qui ne reconnaîtra que la Couronne d’Angleterre. Du reste, à l’époque, cette question ne se posait pas en termes de nationalités mais du sujétion au roi ; ce qui n’est pas pareil. Je fais remarquer, en outre , que l’église catholique, québécoise à l’époque, ne reconnaissait pas la république laïque régicide !

Ainsi ces propos font ouvertement de la religion catholique le fondement de la "francité" québécoise ; qui parle aussi de "devoir sacré", "de loi naturelle" (c’est à dire invariante parce que divine) etc

 

La critique que je vous adresse est que vous croyez au mythe de l’origine et à la filiation biologiques pour revendiquer et fonder l’appartenance à une citoyenneté ou nationalité déterminée dans un territoire donné . Ce qui est contraire au droit républicain qui se fonde sur le droit du sol dont la filiation (droit de sang) n’est qu’un aspect tout à fait subordonné et limité dans le temps (50 ans hors du territoire) . Votre position sur la question de la nationalité est donc plus proche du droit traditionnel allemand (disons ethnique et biologique) que de celle du droit républicain français ; La France est une "nation" purement citoyenne, mais tout à fait composite et diverse sur le plan ethnique et religieux 

C’est votre droit de penser que la filiation biologique est au fondement de la nationalité, comme c’est le mien de vous signaler que vous revendiquez une citoyenneté française contraire à sa conception de la nationalité. Le débat est donc clair entre deux vision politiques, lequel débat existe aussi en France entre l’extrême droite et les partis républicains...

La tolérance , c’est le droit, non seulement accordé mais favorisé, au libre débat rationnel, car celui-là seul permet de savoir ce que l’on pense avec rigueur (et il n’y pas de pensée sans un minimum de rigueur, mais que des opinions contradictoires ) et doit penser soi-même. Je m’efforce à la rigueur dans mon argumentation, ce qui n’est pas faire preuve d’intolérance dans la mesure ou je n’interdis à personne d’en débattre, mais que l’on ne me demande pas d’accepter comme politiquement juste une vision ethnique de la politique : nous savons trop ce que cela a signifié aux heures les plus noires de notre histoire.

Je constate avec regret (pour vous) que vous cherchez à escamoter le débat sur le fond (la question de la nationalité), au nom d’une idée de la tolérance (a-critique) que vous prétendez bouddhiste (et qui a mon sens ne l’est pas), tout à fait contraire à la tradition des Lumières, fondatrice de notre conception rationnelle et républicaine du débat citoyen.

Le droit (voire le devoir) à la libre critique rationnelle est au fondement de notre conception de la tolérance. Cf Voltaire)


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