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Commentaire de madame_sans_gêne

sur Des courriers administratifs confidentiels affichés dans la salle des professeurs d'un collège


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madame_sans_gêne madame_sans_gêne 2 mai 2008 21:14

Renaud Delaporte.

Vous avez absolument raison. Si nous voulons une vraie réforme, pas du style "je vous asphyxie en coupant les crédits et je vous ressors les programmes de 1923", il est indispensable que ces dysfonctionnements soient portés à la connaissance du grand public.

Les enseignants sont aujourd’hui comme certaines femmes battues qui hésitent à porter plainte : dévalorisées, culpabilisées, et finalement victimes consentantes de leurs tortionnaires qu’elles considèrent aussi comme leurs protecteurs. Même relation perverse entre l’enseignant, sans cesse attaqué et dénigré par sa propre hiérarchie et son administration toute puissante.

C’est intenable car tout enseignant digne de ce nom, quel que soit son poste, sait bien que son engagement est tout sauf une sinécure : enseigner est un combat et suppose un engagement politique et idéologique de chaque instant. Un enseignant , en France, ne peut être que sincèrement et profondément républicain. Sinon, il est tout au plus un débiteur de savoir, et de nos jours, les logiciels font ça mieux que nous, avec des images et des bruits rigolos en plus.

Alors on peut essayer de rivaliser : ma fille revient d’un séjour en angleterre dans un collège "pilote" de Londres, très couru par la haute société, où les profs sont réduits au rôle de techniciens vidéo- projections DVD sur grand écran d’un rap sur la division euclidienne, tout le monde répète en rythme pendant 20 minutes-, puis distribution des polycopiés et 40 mômes qui bossent dessus en répétant les paroles du rap. Résultat : la moitié des élèves a fait l’opération présentée dans la vidéo sans même se rendre compte que les chiffres des copies étaient différents. Ce sont des élèves d’équivalent 3ème chez nous.

Ma fille, sollicitée en tant que "visiteuse" explique qu’elle a mis deux ans à apprendre la technique de la division- en CM1 et CM2- mais qu’elle savait déjà que quand on partage, on a moins qu’au départ, et ça, elle le savait déjà à 6 ans. Visiblement, ça ne choquait pas les petits anglais de se retrouver avec un résultat de division supérieur au nombre de départ. Tout un monde ! Qu’est ce qu’on ne ferait pas croire à des gens qui ne connaissent du calcul que des techniques et n’en saisissent pas le sens ?

Il est grand temps que les profs relèvent la tête, quitte à prendre des risques : ils regagneront ainsi leur dignité, l’estime de soi et celle de leurs concitoyens.

Ils ont une légiimité qui va au -delà de la simple transmission de savoirs. Ils ont une mission.

Que ceux qui ne s’y reconnaissent pas changent de métier et laissent les coudées franches à ceux qui savent pourquoi ils ont choisi d’enseigner.

Non, nous ne sommes pas là pour servir la soupe à un gouvernement, quel qu’il soit, ni pour "élever" des gosses en batterie, les uns pour diriger, les autres pour servir, ni pour se substituer à des éducateurs défaillants, ni pour servir de défouloir à des petits chefs : notre matière première, c’est ceux qui feront notre avenir, et à ce titre, nous devons nous battre pour qu’ils sachent , pensent à partir de ce qu’ils savent et l’expriment de façon socialement acceptable.

C’est une question de survie.

Et pour survivre, il faut prendre des risques.

Merci à l’auteur de nous le rappeler.

Et s’il y avait plus de profs en procès au pénal, il y en aurait sans doute moins en arrêt pour dépression.

 


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