Les syndicats, parlons-en. La Tunisie, je ne sais pas, je m’en tiens au Maroc, pays voisin un peu moins performant économiquement mais en gros sensiblement équivalent. 22 centrales répertoriées dont seulement 5 présentes sur le terrain représentatives principalement des grosses structures, les groupes étrangers et l’administration. On ne les voit que le 1er mai brandissant ou chantant des slogans périmés ou la veille pour ce qu’ils appellent « le dialogue social » qui a accouché cette année d’une rallonge de 5% du SMIG (1800dh – 160€) alors que concrètement un ménage moyen a besoin grand minimum de 4000dh pou survivre péniblement dans des conditions ‘dignes’ (voiture, voyages, réstos, école privée… faut pas rêver !).
Pour le travailleur dans l’immense majorité des PME voire dans quelques organismes étatiques, vouloir se syndiquer c’est se préparer à recevoir proprement son solde de tout compte. Alors imaginez les conditions de travail et de sécurité !
A ce propos, plusieurs affaires ont récemment secoué l’opinion publique ; j’en citerai la plus récente et la plus terrible :
Le 26 avril, un mégot mal éteint a provoqué un incendie dans une fabrique de matelas. 56 personnes périrent carbonisées, asphyxiées ou le corps disloqué après une chute de 3 étages. Les locaux étaient verrouillés de l’extérieur et les fenêtres grillagées afin de, dixit le propriétaire, « empêcher le vol de la matière première ». Le bâtiment voué au départ à la confection a subi des modifications sans l’aval des autorités (moi je dirais que si, sous la table) et sans la plus élémentaire norme de sécurité. Et le personnel n’est pas formé au maniement du matériel anti-incendie, par ailleurs insuffisant en la circonstance. L’usine emploie 130 personnes dont 9 seulement sont déclarés, les autres étant engagés via 2 sociétés d’intérim. Je pense qu’il est inutile de préciser que les salaires pratiqués sont scandaleux (entre 300dh -9 jours de clopes pour un fumeur moyen- et 600dh/semaine) et la couverture inexistante. Alors les syndicats ?
L’auteur évoque les droits humains en Tunisie, dont le fonctionnement n’est pas fondamentalement différent du notre ! On reparlera peut-être dans 2 ou 3 décennies.