• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de morice

sur Il fait beau, tout le monde dehors !


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

morice morice 14 mai 2008 11:23

 Un bombardier pas assez résistant 

Le nouveau Dash 8, commandé par la France, déçoit face aux gros chocs. 

Par Hervé VAUDOIT 

mercredi 06 juillet 2005 (Liberation - 06:00) 

Marseille correspondance 

Les pilotes de la Sécurité civile font grise mine. Présenté comme « le bombardier d’eau le plus moderne au monde », leur nouvel appareil serait en effet incapable d’encaisser les contraintes mécaniques habituellement subies par les avions engagés sur les feux de forêt. Dans l’appel d’offres lancé fin 2003 par le ministère de l’Intérieur, les facteurs de charge du futur avion figuraient pourtant dans la liste des exigences « primordiales », comme sa capacité d’emport (10 tonnes d’eau ou de retardant) et son autonomie en vol (au moins 3 heures à pleine charge). Si le Dash 8 Q-400 MR, retenu au printemps 2004, possède bien ces deux dernières caractéristiques, il serait en revanche trop juste pour supporter des facteurs de charge de 3,25 G c’est-à-dire des contraintes égales à 3,25 fois son poids , comme les autres avions de la flotte. Sur le certificat de navigabilité de l’appareil, délivré par les autorités canadiennes, la limite est sensiblement plus faible : 2 G, pas plus. « Sur les zones dont le relief n’est pas trop marqué, ça ne posera aucun problème, assure un ancien pilote de la base de Marignane (Bouches-du-Rhône), où sont stationnés les bombardiers d’eau. Mais, lorsqu’il faudra aller poser une ligne de retardant au fond d’un vallon, ça risque d’être plus délicat. Ils devront y aller doucement sur le manche, sous peine d’encaisser des chocs qui feront vieillir les structures de l’avion prématurément. » Sans renforts supplémentaires, le Dash 8 serait donc limité dans ses évolutions, « comme si, dans un Grand Prix de Formule 1, on demandait à Schumacher de prendre les virages à 150 km/h au lieu de 200, pour ne pas casser sa voiture », illustre un autre pilote. 

Le nouvel avion semble pourtant satisfaire les autorités, qui insistent sur sa maniabilité et la puissance de ses deux turbopropulseurs « du jamais vu sur un bombardier d’eau », assure Michel Razaire, le patron de la base de Marignane. Sur le plan technique, le colonel de pompiers Gérard Courtois, conseiller de Nicolas Sarkozy pour les questions de sécurité civile, convient néanmoins qu’il reste « deux ou trois points à vérifier en situation opérationnelle réelle » avant d’accepter ou de refuser la commande. 

La décision d’acheter deux nouveaux bombardiers d’eau gros-porteurs avait été prise par Sarkozy, à la suite des terribles incendies de l’été 2003. A l’époque, il s’agissait de remplacer les deux vieux Fokker qui passaient déjà plus de temps au garage qu’à éteindre les feux. Il s’agissait aussi de répondre aux pilotes, nombreux à prétendre qu’un gros porteur moderne aurait, cet été-là, permis d’éviter l’emballement de plusieurs incendies. Début 2004, deux avions restaient en lice : le Dash 8 et le Beriev Be 200, un jet russe capable d’emporter 12 tonnes d’eau et d’encaisser les 3,25 G requis, mais pas de voler plus de trois heures d’affilée. D’où le choix de l’avion canadien. Arrivé la semaine dernière en France, le premier exemplaire le second doit être livré en octobre n’a toujours pas été réceptionné par le Service des programmes aéronautiques de l’Etat. Selon Gérard Courtois, son acceptation n’est pas acquise d’avance. « S’il ne répond pas à nos attentes, promet-il, nous le renverrons à l’usine, comme nous l’avions fait avec les premiers Canadair, il y a trente ans. » Même si on imagine mal le ministre de l’Intérieur se priver de cet engin à l’aube d’une saison qui s’annonce difficile sur le front des incendies. A presque 60 millions d’euros la paire, il a néanmoins un devoir d’exigence vis-à-vis de ces bombardiers d’eau.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès