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Commentaire de Henri Masson

sur Syndicalisme sans frontière


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Henri Masson (---.---.241.155) 30 septembre 2006 08:12

Le 27 avril 1894, Tolstoï avait écrit au journaliste Vladimir Maïnov : « J’ai trouvé le Volapük très compliqué et, au contraire, l’espéranto très simple. Il est si facile qu’ayant reçu, il y a six ans, une grammaire, un dictionnaire et des articles de cet idiome, j’ai pu arriver, au bout de deux petites heures, sinon à l’écrire, du moins à lire couramment la langue. (...) Les sacrifices que fera tout homme de notre monde européen, en consacrant quelque temps à son étude, sont tellement petits, et les résultats qui peuvent en découler tellement immenses, qu’on ne peut se refuser à faire cet essai. »

Certes, tout le monde n’a pas les mêmes dons et facilités, et aussi le temps, la motivation, pour apprendre des langues. Chacun ressent des priorités selon sa situation et ses projets.

Quelle que soient ses facilités pour acquérir une langue étrangère, une personne mettra de huit à dix fois moins de temps pour apprendre l’espéranto. J’ai déjà cité le cas de Georges Kersaudy (l’auteur de « Langues sans frontières ») pour qui l’espéranto a été la première langue apprise dans sa jeunesse. Ailleurs, j’ai cité les cas à peu près semblables de l’orientaliste Maxime Rodinson et du linguiste et du professeur estonien Paul Ariste, tous deux très grands polyglottes. Je ne vais donc pas recommencer à chaque fois qu’un prétentieux arrive ici, la gueule enfarinée, en faisant croire qu’il sait déjà tout et a tout compris sans rien avoir appris, ni étudié, ni comparé, ni même tenu compte des réponses déjà données avec moulte références et possibilités de vérification.

Homme de science et membre de l’Académie Impériale du Japon, secrétaire général adjoint de la Société des Nations, auteur d’un livre en anglais encore fameux de nos jours — « Bushido - The Soul of Japan » — Inazô Nitobe avait écrit, dans un rapport de la SDN publié en 1922 sous le titre « Esperanto as an International Auxiliary Language » : « On peut affirmer avec une certitude absolue que l’espéranto est de huit à dix fois plus facile que n’importe quelle langue étrangère et qu’il est possible d’acquérir une parfaite élocution sans quitter son propre pays. Ceci est en soi un résultat très appréciable. »

Il est clair que nous avons affaire ici à des gens qui se disent impartiaux, mais qui ne tiennent aucun compte des réponses données à la suite de cet article et des précédents, surtout les deux avant-derniers, où celui qui extrait sa plume d’où tout le monde le sait maintenant, est venu ici pour ne rien faire d’autre que « pour emmerder » le monde, comme il l’a reconnu lui-même (c’est le seul point honnête de sa part !). Et qui a cherché son argumentation dans un site poubelle d’un individu aussi malade que lui, sinon plus.

A propos de l’anglais en 50 heures, les visiteurs qui ont des années d’étude apprécieront. Les rapports sur les forums sociaux, à commencer par celui de Porto Alegre, sont éloquents sur la communication linguistique entre les participants. Quel gâchis ! Parcourir des milliers de kilomètres pour être à chaque instant dans l’impossibilité de dialoguer directement, c’est ça la communication ? « Ne parlons pas des problèmes matériels les interprètes font très souvent défaut. » (Témoignage Chrétien, 7 février 2002). Et cette mésaventure de Dominique Voynet, qui avait dit de l’espéranto que c’était « de la connerie » (de la même façon que Pierre Bénichou avait dit que c’était « une merde »), à son retour du sommet de Kyoto : « Toutes les discussions techniques se sont déroulées en anglais, sans la moindre traduction, alors qu’il s’agissait d’une conférence des Nations unies. Trop de délégués ont été ainsi en situation d’infériorité, dans l’incapacité de répondre efficacement, de faire entendre leurs arguments. » ( Journal du Dimanche, 14 décembre 1997).

Le 3 septembre 1907, voici donc bientôt cent ans, dans un rapport adressé au ministre de l’Instruction publique, le professeur Théophile Cart avait écrit : “Il n’y a aucune témérité à prédire que la solution par l’étude de langues étrangères, toujours plus nombreuses et mieux apprises, aboutira à la faillite. Vainement on s’efforce de la retarder par de fréquents remaniements de méthodes. Elle est fatale, parce que la mémoire a ses limites. Le nombre de personnes capables d’apprendre « pratiquement » deux ou trois langues étrangères, avec tant d’autres choses, en outre est infime ; or c’est à un nombre d’hommes continuellement croissant qu’il importe de pouvoir communiquer avec des nations de langues différentes, de plus en plus nombreuses.”

Le professeur Théopohile Cart avait été envoyé par le gouvernement pour enseigner les Lettres à l’Université d’Uppsala (Suède) en 1891-92, puis nommé président de la Société de Linguistique de Paris. Polyglotte (7 langues), professeur au Lycée Henri IV (1892-1921) et à l’Ecole des Sciences Politiques à partir de 1893, il avait découvert l’espéranto en 1894 mais ne l’apprit qu’en 1901. Il en devint dès lors l’un des plus fermes et brillants défenseurs. Donc pas vraiment du genre demeuré, pas plus que d’autres pionniers du début du siècle dernier tels que Carlo Bourlet (déjà présenté plus haut), le général Sebert, le mathématicien Paul Appell, le recteur Emile Boirac de l’Académie de Dijon et bien d’autres encore.

Et si l’on regarde le Rapport Bertaux (1982) : “Nos élèves sont, à 99%, incapables de faire une phrase de leur cru, incapables de lire un article de journal, incapables de s’entretenir avec un camarade de leur âge dans sa langue.”

Et le rapport de l’Inspection générale de l’enseignement (1992) : “l’hégémonie de l’anglais pose problème”. Il apparaît que les résultats ne sont pas à la mesure de l’effort fourni : “Toujours heureux de pouvoir répondre à des questions par des bribes d’énoncés ou des mots isolés, les enfants sont plus rarement capables de faire des phrases complètes. En définitive, le gain le plus net et le plus durable semble être d’ordre psychologique plutôt que linguistique.”

Et le Rapport n° 73 de la commission du Sénat sur l’enseignement des langues 1995 : “situation alarmante”.

Il y a aussi les rapports Legendre (n° 73 du Sénat, 1995-1996 et n° 63, 2003-2004), Herbillon (n° 502, Assemblée nationale, 2003), tous déjà cités précédemment. Tout ceci montre combien farfelues sont les pseudo solutions adoptées jusqu’à maintenant pour améliorer la communication entre les peuples. Voici plus d’un siècle que l’Éducation nationale tourne en rond. En fait, les pouvoirs ne veulent pas que les peuples, et surtout les travailleurs, les couches les plus modestes de la population, aient accès à une bonne compréhension : diviser pour régner. Et cette question concerne plus particulièrement le syndicalisme et les travailleurs. D’où cet article.

Enfin, ceux qui aiment en savoir plus peuvent trouver un document fort intéressant sur http://www.2-2.se/fr/index.html Son auteur est Hans Malv, un médecin suédois, donc d’un des pays les plus fortement anglicisés d’Europe.

Alors, les trolls « impatiaux » de plus-que-minable : un peu de sérieux, SVP.


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