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Commentaire de Khaldoun

sur « Funny Games US » : foutage de gueule ou exercice de style nécessaire ?


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Khaldoun 18 mai 2008 16:45

Ni l’un ni l’autre. Je dirais plutôt…

 Jusqu’à quel point peut-on détester le schéma bourgeois ? "Funny games U.S" lance un appel aux misanthropes, aux âmes solitaires, aux nihilistes, aux non-conformistes, aux déçus de la famille, à ceux qui vomissent le schéma petit-bourgeois « Femme+enfants+chien+voiture+maison ». Ils ne doivent le rater sous aucun prétexte.

Comme son compatriote écrivain, Thomas Bernhard, le cinéaste autrichien Haneke exècre le modèle bourgeois. Il nous l’avait déjà montré dans "Caché", avec Daniel Auteuil et Juliette Binoche. Il récidive à travers un film qui nous décrit avec une incroyable minutie la descente aux enfers d’un joli couple bien lavé, bien habillé, avec un joli garçon, un joli chien, une jolie voiture, fraîchement arrivé dans sa jolie maison de vacances. Haneke ne leur laisse même pas le temps de s’installer. D’impatience, il les confronte immédiatement à deux jeunes bourreaux d’un cynisme, d’un sadisme, d’une méthode proprement hallucinants. Ce faisant, il applique à l’égoïsme et à l’hypocrisie petit-bourgeois un châtiment d’une heure trente digne des pires supplices chinois, à ceci près que le psychique fait jeu égal avec le physique. Même le spectateur scotché ne sait plus à quel saint se vouer : tout cela a-t-il un sens, ces deux jeunes hommes souriants et aux manières BCBG sont-ils déjantés ou participent-ils à un jeu qu’ils vont arrêter à un moment en s’excusant, Zorro va-t-il arriver… ?

Mais on n’est pas à Hollywood, et le regard d’Haneke sur la violence est perçant, sans complaisance, terriblement lucide… Et il dirige de main de maître ses acteurs. Michael Pitt, Naomi Watts et Tim Roth sont époustouflants.
 
Khaldoun

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