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Commentaire de Bulgroz

sur Soyons modernes, détruisons les 35 heures !


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Bulgroz 2 juin 2008 17:04

Temps de travail,revenu et emploi rapport du Conseil d’Analyse Économique.

Commentaire de Michel Godet dans le document

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/074000502/index.shtml

http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/074000502/0000.pdf

Les 35 heures : un enterrement sans fleurs ni couronnes !

Saluons l’événement, ce rapport marque un tournant pour le CAE qui enterre définitivement, semble-t-il, ce que l’histoire mettra sur le compte des fausses bonnes idées de l’exception française : la RTT et les 35 heures.

Les auteurs ont la pudeur de ne pas revenir sur le coût des dispositifs Robien puis Aubry I et II. On croyait jusqu’à présent aux estimations anciennes de la DARES selon lesquelles les 20 milliards d’euros dépensés chaque année pour subventionner la RTT avaient au moins permis de créer 300 000 à 400 000 emplois !

Qu’importe si avec la même somme on aurait, sur le papier, pu créer trois fois plus d’emplois marchands !

En 1997, peu d’économistes dénonçaient l’illusion malthusienne du partage du travail comme d’un gâteau fini et se levaient pour rappeler que c’est l’activité qui crée la richesse et donc l’emploi. Bref, qu’il fallait travailler plus et non pas moins pour travailler tous.

Ceux qui montraient au contraire, modèles keynésiens l’appui, que l’on allait créer des centaines de milliers d’emplois et retrouver la joie collective d’une population libérée des chaînes du travail n se mettant au pas des 35 heures. Elle allait enfin se consacrer à la vie familiale (les familles avec enfants ne représentent pourtant qu’un tiers des ménages) et citoyenne : l’on sait maintenant que les deux tiers du temps libre supplémentaire ont profité à la télévision (jeux et autres feuilletons de téléréalité).

Hélas, Joffre Dumazedier n’est plus là pour dénoncer l’aliénation du temps libre par le loisir passif !

L’on sait aussi que les effets collatéraux ont été catastrophiques sur la place du travail et de l’effort dans la société, sans oublier l’augmentation du stress, des accidents de travail et l’appauvrissement du lien social au travail.

On a tué les temps morts indispensables pour vivre le lien social. Or, la production de biens qui n’est pas porteuse de liens n’a pas de sens. Sur ce plan, la conclusion du rapport fera date : « les études menées depuis plus de dix ans dans plusieurs pays et fondées sur des dizaines de milliers d’observations montrent que l’idée selon laquelle la réduction de la durée du travail crée des emplois n’a aucune validité empirique.

Soyons clairs : à l’heure actuelle, aucune étude sérieuse n’a pu montrer qu’une réduction de la durée du travail se traduisait par des créations d’emplois. Les études empiriques indiquent que les lois Aubry, qui ont institué le passage aux 35 heures, ont vraisemblablement créé des emplois. Mais elles suggèrent aussi que ces créations sont dues aux réductions de cotisations sociales sur les bas salaires et à l’introduction d’une flexibilité accrue de l’organisation du travail. La réduction de la durée légale hebdomadaire du ravail n’a joué, au mieux, qu’un rôle marginal ». Au passage, relevons qu’il ne faudra surtout pas diminuer les exonérations de charges accordées aux entreprises, pour les salaires jusqu’à 1,3 SMIC, cela risquerait d’engendrer des dizaines de milliers de suppressions d’emplois. C’est la baisse de charges sur les bas salaires (décidée en 1993 sous le gouvernement d’Édouard Balladur et maintenue ensuite par la gauche en contrepartie des 35 heures) qui a permis à l’emploi peu qualifié d’augmenter à nouveau.

Les auteurs montrent clairement que les effets positifs pour l’emploi annoncés par les modèles keynésiens n’ont pas été au rendez-vous.

Sans doute en raison de la non-compensation salariale de la RTT : « La réduction du travail peut aboutir à une baisse de l’emploi si les salariés sont fortement opposés à une réduction de leur pouvoir d’achat ». Après ce rapport, la gauche, finira bien par reconnaître qu’elle s’est trompée, de bonne foi sans doute, sur les 35 heures.

Une preuve parmi d’autres s’appuyant sur des analyses éclairantes de De Coninck : les entreprises de moins de 20 personnes non concernées par les 35 heures ont créé beaucoup plus d’emplois que celles situées légèrement au-dessus de ce seuil qui ont vu leur rentabilité se réduire et ont cherché des gains de productivité susceptibles de compenser l’augmentation des coûts salariaux.


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