A mon tour de vous remercier pour votre réponse. Le problème avec la classe politique actuelle vient de sa médiocrité. Peu d’hommes politiques arrivent à sauver l’ensemble d’un naufrage annoncé. Ce qui m’inquiète, car lorsque la classe politique se déconsidère à ce point, le populisme n’est pas loin. La réaction de Rachida Dati est d’ailleurs symptomatique : elle a essayé de se rattraper … en chargeant les autres. Le politique est aujourd’hui limité à la com et aux sondages…
En ce qui concerne l’intégration, je ne suis pas inquiet dans la mesure où les problèmes apparents viennent de secteurs divers. Les incidents qui se sont produits dans les "banlieues" sont pour moi avant tout sociaux : misère, chômage, déconsidération, isolement, racisme. La question identitaire n’est que le refuge, le dernier élément auquel se raccrocher. C’est souvent le cas dans les pays musulmans, et on oublie de le dire. Face à un Occident arrogant et omniprésent, surtout US, mais aussi, paradoxalement asiatique, les populations déshéritées de ces pays se réfugient dans ce qu’ils estiment être leur identité, leur dignité. Il y a d’autres problèmes en France : je n’accepte pas, contrairement à certain député du XIIIe que j’avais entendu il y a quelques années, que la communauté chinoise règle "ses" problèmes elle-même. C’est contraire à l’idée que je me fais de ce que doit être "mon" pays. L’apport des étrangers est un enrichissement, à condition de rejeter ce qui ne convient pas à l’idée que nous avons de la France. Pas de polygamie, pas de mariage forcé, de mineures ou non, pas d’excision, pas de droit d’aînesse, égalité de droits entre l’homme et la femme, etc… Ceux qui pensent que les "Arabes" ne pourront jamais s’intégrer feraient mieux de réfléchir à plusieurs point : la plupart desdits "Arabes" sont déjà intégrés, tout "Arabe" n’est pas forcément musulman, il y a aussi des chrétiens et des juifs. Et surtout il y en a beaucoup qui en ont marre du carcan religieux et qui profitent de cette liberté que leur offre le pays d’accueil pour affirmer leur indépendance intellectuelle. Par contre je note chez certains politiques un refus de tourner la page de la guerre d’Algérie -mais le pouvoir algérien nous renvoie périodiquement une image encore pire- et chez certains, surtout des ultras catholiques du type Boutin, la peur viscérale de l’Islam. Lorsque Sarkozy , ministre des cultes, crée le conseil pour le culte musulman, il croit régler la question en laissant le soin à la communauté musulmane des régler ses propres problèmes. Il pense pouvoir mieux contrôler. C’est une ignorance insigne de la question. Dans les grands pays musulmans, tous sous régimes de dictatures militaires ou de royautés archaïques, le pouvoir a toujours joué la surenchère et la fuite en avant face aux intégristes, sans jamais pouvoir rien contrôler (Pakistan, Egypte, Maroc… ) L’Islam est depuis longtemps en crise du fait de ses intégristes, au moins depuis près d’un siècle. Ce peut être un lent mouvement de réforme. Nous ne le voyons pas car nous sommes impliqués. Mais cette crise aurait lieu même sans nous, nous ne sommes qu’un éléments de plus de cette crise. Sur quoi va-t-elle déboucher ?? Je crains que ce ne soit pas sur une solution compatible avec l’idée de démocratie.