Bonsoir Quentin,
Votre papier appelle bien sûr quelques remarques. Vous donnez d’entrée le ton : "Il existe principalement trois types d’arguments pour critiquer le jugement qui a eu lieu. Pour la plupart ils sont irrecevables." Si la "plupart" des "trois" arguments sont décrétés dès l’abord "irrecevables", cela ne laisse guère de place à une discussion. Malgré cela…
Un premier point. Vous dites : "Seulement la justice ne doit pas se baser sur l’émotion, mais sur la raison". Et non, malheureusement ! la justice dit avant tout le droit. Et dans ce cas, très médiatisé, elle met en évidence un article de loi dont le bien fondé est tout à fait discutable, et dont l’existence même fait appel à des pratiques depuis longtemps révolues. Mais dans la jungle des lois et des décrets accumulés depuis des décennies ou même des siècles, il est difficile de repérer a priori les éléments à changer… C’est donc à l’épreuve de la réalité qu’on peut mesurer l’adéquation d’une loi. Et le cas échéant la changer ou la supprimer.
La justice doit être indépendante certes, mais elle n’est pas autonome. C’est le parlement qui vote les lois, la justice les applique. Ce qui ce passe actuellement ressemble il est vrai à une ébullition médiatique, mais peut contribuer à attirer l’attention du législateur sur une loi obsolète. Et sans qu’on ait à dire qu’on légifère sous le coup de l’émotion.
Je maintiens que la procédure d’annulation devrait être réservée à des cas très particuliers, et donc très limités. Pour le reste, dont ce cas, il existe la procédure du divorce. Je maintiens également que la procédure d’annulation est un héritage qui nous vient d’un passé où le divorce n’existait pas, pas plus que le mariage civil.
Que ce problème concerne un couple de musulmans ne devrait pas induire que la question débattue est propre à l’ Islam. Quel "Islam" d’ailleurs ? Il peut être révélateur du zèle du néophyte (s’il s’agit bien d’un converti) privilégiant la forme sur le fond. Mais il faut se souvenir qu’en France, ce thème de la virginité est resté longtemps lié au mariage "en blanc" et à la chasteté prénuptiale. Avec l’évolution des mentalités et des moeurs, de telles exigences nous semblent aujourd’hui dérisoires, abusives, voire ridicules.