Installations nucléaires : une frappe contre l’Iran revient sur le tapis
Une frappe d’Israël ou des États-Unis contre les installations nucléaires de l’Iran est à nouveau dans l’air. Les spéculations fusent dans la foulée de la réunion de l’AIPAC, le puissant lobby israélien, à Washington.
Le vice-premier ministre israélien Shaul Mofaz les a renforcées vendredi. « Si l’Iran poursuit son programme nucléaire, nous l’attaquerons », a-t-il dit au journal Yediot Ahronot.
Tout en notant qu’une telle opération nécessiterait le soutien des États-Unis, le ministre du Transport a ajouté : « Les autres options disparaissent. Les sanctions semblent inopérantes. Nous n’aurons pas d’autre choix que d’attaquer l’Iran ».
Les propos de Mofaz ont été désavoués par la classe politique.
« Propos irresponsables qui ne représentent pas la position du gouvernement », a déclaré une source du ministère de la Défense parlant sous couvert d’anonymat et cité par la radio publique.
Pétrole et guerre mondiale
Le vice-ministre (travailliste) de la Défense, Matan Vilnaï, a dénoncé « l’usage cynique que fait Shaul Mofaz des intérêts stratégiques israéliens à des fins de politique intérieure », dans une déclaration à la radio.
La presse israélienne est unanime à condamner les déclarations de l’ancien chef d’état-major et ex-ministre de la Défense (2002-2006), aujourd’hui en charge de la coopération stratégique avec Washington.
« Mofaz a provoqué une hausse sans précédent du prix du pétrole, alors que les primaires de son parti ne sont même pas commencées. C’est impressionnant, mais effrayant. Que prépare-t-il ? Une guerre mondiale ? » ironise Haaretz.
Le même jour, l’ancien ministre allemand des Affaires étrangères Joschka Fischer a sonné l’alarme. Dans un article mis en ligne par Project Syndicate, l’ancien chef des Verts allemands écrit qu’Israël se prépare à bombarder l’Iran avec l’approbation des États-Unis.
Fischer était en Israël pour les 60 ans de l’État juif. Il affirme qu’à cette occasion, le président George W. Bush a négligé le dossier palestinien pour se concentrer sur l’Iran. Il a ajoute que ses renseignements l’ont convaincu qu’il « il est minuit au Moyen-Orient ».
Obama s’engage
« Je ferai tout en mon pouvoir pour empêcher que l’Iran ait l’arme atomique », a affirmé le candidat démocrate Barack Obama, très applaudi par l’assemblée d’AIPAC à Washington. « Nous devons stopper la menace iranienne par tous les moyens possibles », a déclaré de son côté le premier ministre israélien Ehoud Olmert.
« Chaque jour qui passe nous approche de la fin du programme nucléaire de l’Iran », a renchéri Olmert après une rencontre avec Bush à la Maison-Blanche.
Rappelant que ni Bush ni Dick Cheney n’ont accepté le rapport conjoint de 16 agences de sécurité affirmant, en décembre, que l’Iran a abandonné son projet nucléaire militaire en 2003, Jim Lobe écrit sur Asiatimes Online que Liz Cheney, fille du vice-président, a démoli devant l’AIPAC la secrétaire d’État Condoleezza Rice et sa concentration sur le dossier palestinien.
Une frappe contre l’Iran, dit Lobe, pourrait avoir lieu entre le scrutin de novembre et l’inauguration présidentielle en janvier. Cela lierait les mains du nouveau chef de la Maison-Blanche, quel qu’il soit, ajoute-t-il. On sait qu’Obama a affiché sa volonté de parler aux dirigeants iraniens.